Publié le 8 Jan 2020 - 18:32
MBOUR - AFFRONTEMENTS ENTRE PECHEURS ET POLICIE

Les personnes interpellées risquent 2 ans de prison dont 1 ferme

 

Entre sermon et mises en garde, le parquet a eu la main magnanime, hier, au moment de requérir contre les manifestants contre l’élargissement du quai de pêche de Mbour. Il demande une peine de 2 ans dont 1 mois ferme contre les 14 prévenus.

 

Le tribunal de grande instance de Mbour a statué, hier, sur le dossier des manifestations contre l’élargissement du quai de pêche de Mbour, le 23 décembre dernier. Des pêcheurs s’étaient violemment opposés aux forces de l’ordre commises pour la circonstance. S’en était suivie une longue journée noire dans le quartier lébou de la capitale de la Petite Côte. Pour ces faits de violence, le procureur a requis 2 ans, dont 1 mois ferme, contre les quatorze prévenus dont seulement deux pêcheurs interpellés dans cette affaire. Ils seront fixés sur leur sort, mardi prochain.

Les prévenus sont des marchands ambulants et des commerçants. Il s’agit de Djiby Seck, Déthié Faye, Mama Diamanka, Abdoulaye Ndiaye, Moussa Dieng, Cheikh Seck, Souleymane Faye, Lamine Ndiaye, Ibrahima Ndiaye, Sidy Makhtar Dieng, Matar Guèye, El Hadj Dieng et Abdou Diop.

Répondant des délits de coups et blessures volontaires à agents dans l'exercice de leurs fonctions, dommage à la propriété immobilière d'autrui, trouble à l'ordre public, ils ont tous plaidé non coupable. Aucun d’eux n’a reconnu être mêlé d’une certaine manière ou d’une autre à cette manif.

‘’Je ne suis en rien impliqué dans ce qui s'est passé, ce jour-là. Je ne sais même pas où se tenait la manifestation. J'allais au marché pour acheter un téléphone. Je ne suis pas un pêcheur et je ne sais rien de la pêche. Je suis un mécanicien’’, a expliqué Djiby Seck. Alors que Déthié Faye a laissé entendre devant la barre : ‘’Je ne sais rien de cette affaire. Je suis un maçon. On m'a arrêté au niveau du marché. Jusqu'à présent, je ne sais rien de cette manifestation. Je n'ai même pas de parent pêcheur.’’

Les autres ont embouché la même trompette des dénégations. Mama Diamanka, en ce qui le concerne, déclare qu’il venait de déposer ses valises à Mbour, venant de Saint-Louis, la veille des émeutes, dans le but d’installer son ‘’tangana’’. Le jour des faits, ‘’je me rendais à la mosquée de Thierno Mansour Barro pour effectuer la prière’’, a-t-il confié. Abdou Diop de dire : ‘’Je suis un pêcheur et j'évolue à Joal. En sortant, ma mère m'a dit de faire attention aux policiers. Je lui ai répondu que je ne me préoccupais pas de la police. Je me suis rendu dans le resto où j'ai l'habitude de prendre mon déjeuner’’, s’est-il défendu. Même posture pour les autres ; chacun s’est présenté comme n’étant concerné ni de près ni de loin par cette manifestation.

Leur défense a été assurée par Mes Ndior, Kane et Tall. Selon Me Ndior, ce procès est celui de l'intimidation, de la honte. Il a demandé à la cour où se trouvait Badou Ndoye qui, selon le commissaire, serait l'instigateur de cette manifestation. L'avocat a ensuite fustigé le fait que les policiers blessés, qui ont présenté une indisponibilité temporaire de travail (ITT) de 45 jours, reprennent service en si peu de temps. Alors que pour Me Tall, ‘’les véritables fauteurs de troubles n'ont pas été arrêtés. Ces gens qui comparaissent aujourd'hui n'ont rien à voir avec cette manifestation’’. D’ailleurs, parmi les policiers qui se sont constitués partie civile, on note Moussa Sidibé, Papa Seydou Ba, Moussa Sidibé, Frédéric Ndecky, Touré, René Wagane Sarr, Christophe Emmanuel Coly, Abdourahmane Dabo et Camara, Habibou Diallo.

Toutefois, personne parmi eux n'a reconnu les prévenus parmi les manifestants, à part Matar Guèye.

‘’Manifestez, mais ne saccagez pas les biens d'autrui’’

Le procureur : ‘’Cette journée a été marquée par une violence inouïe. Nous avons vu des populations qui manifestent pour un désaccord à un projet de l'Etat. Elles ont exercé des violences sur ceux qui doivent veiller sur notre sécurité. Il n'est pas interdit de manifester son désaccord. Mais on doit le faire dans le respect des lois et règlements de nos pays. Ces manifestants se sont préparés en conséquence. Au nom de quoi doit-on exercer cette violence ?’’, s’est-il interrogé.

Sur la même lancée, le maître des poursuites a trouvé désolant que les forces de défense se soient repliées, parce qu'elles étaient prises d'assaut par les manifestants. De voir les populations crier victoire. ‘’La foule était immense et violente. Il y a une prise de conscience à faire pour tout un chacun. Ce n’est pas en s'opposant de cette manière qu'on va parvenir à régler une situation. Ces manifestations ont compromis la sécurité publique’’, a-t-il indiqué.

Pour lui, ‘’les gens qui manifestaient ne savent même pas de quoi il s'agit. Tous ceux qui sont arrêtés l'ont été dans le feu de l'action. Il faut que les gens privilégient le dialogue. Manifestez, mais ne saccagez pas les biens d'autrui’’, a-t-il suggéré.

Toutefois, il précise que tous les prévenus, sauf Lamine Ndiaye, ont été interpellés dans le théâtre de l'action. Ce dernier a été arrêté, alors qu’il venait s’enquérir de la situation de son frère dont il avait appris l’arrestation. Il a demandé, dans ce sens, au juge de les déclarer tous coupables, sauf Lamine Ndiaye.

Le procureur a requis 2 ans dont un mois ferme. Les prévenus seront fixés sur leur sort, mardi prochain.

IDRISSA AMINATA NIANG

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