‘’Il faut sévir contre ces convoyeurs de la mort’’
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Mbour paye déjà un lourd tribut dans la recrudescence du phénomène de l’émigration clandestine. Plus d’une centaine de ses fils et filles ont déjà perdu la vie. Ce qui provoque l’ire du président du Conseil départemental de Mbour qui demande de sévir contre les convoyeurs et prévient les candidats des changements climatiques en mer, en cette période de l’année.
La recrudescence du phénomène de l’émigration clandestine inquiète les populations de la Petite Côte et les autorités du département. Elle a poussé, hier, le président du conseil départemental à tenir un point de presse à Téfess, pour exiger l’arrêt immédiat du départ vers la mort de ces jeunes. Saliou Samb estime qu’il faut ‘’sévir contre ces convoyeurs de la mort’’. ‘’Il est temps, poursuit-il, qu’un discours responsable soit tenu aux candidats à cette aventure périlleuse, mais aussi que des mesures sévères soient prises à l'encontre des convoyeurs’’.
Le président du Conseil départemental de Mbour demande à la population de dénoncer les candidats auprès des autorités. ‘’J’appelle la population à commencer à dénoncer les convoyeurs, parce que tout se sait ici. On sait qui ils sont, on connait leur point de départ. Ils sont là. Il faut aussi que les autorités soient plus conscientes de cela. Il faut qu'on prenne des mesures contre ces convoyeurs de la mort, ces assassins. Il faut aller les dénoncer. C’est un devoir civique, une obligation de dénoncer ces gens qui sont en train de s'adonner à un trafic d'êtres humains, rien que pour de l'argent’’, s’étrangle Saliou Samb.
A l’en croire, Mbour vit des moments douloureux, des moments de deuil, parce que ses enfants sont en train de mourir en mer ; des fossoyeurs sont en train de les tuer en mer pour de l'argent. ‘’En tant qu’autorité, en tant que fils de Mbour, en tant que fils du quartier Téfess, nous ne pouvons pas nous taire. Notre devoir, c’est de parler maintenant à cette jeunesse, cette jeunesse de Mbour, cette jeunesse du Sénégal à qui on demande d’arrêter d’aller se suicider en mer’’, déclare le directeur général de la Société industrielle des réparations navales (SIRN).
Il prévient contre les conditions climatiques en mer
Saliou Samb est d’autant plus alarmé que le contexte climatique qui prévaut présentement en Europe, n’est pas propice pour risquer sa vie dans une aventure aussi périlleuse qu’incertaine. ‘’Le problème est que ces temps derniers, il y a une vague de départs de jeunes par les pirogues qui, par la grâce de Dieu, sont arrivés sains et saufs en Espagne, parce qu’ils avaient rencontré un temps clément, car c'était la fin de l'été. Une fois arrivés, ils ont invité leurs amis restés ici à s'aventurer dans ce voyage périlleux, parce que la route n'est pas meurtrière’’. Or, explique-t-il, ‘’cette vérité des précédentes semaines n’est plus valable, car actuellement, en Europe, on est entré en hiver. Tout le monde sait que dès que l'hiver s'installe, la mer devient houleuse, impraticable. Donc, prendre des pirogues en bois, faire cinq à six jours en mer, plus de 5 000 km pour aller en Europe, c’est du suicide. Je demande à cette jeunesse-là de prendre conscience de cela’’.
A ses yeux, ‘’l'inquiétude de ces jeunes qui sont pour la plupart des chômeurs, qui ont envie de trouver un emploi pour pouvoir s'occuper de leurs familles’’, ne doit pas les pousser à partir dans ces conditions. Car ‘’les parents n'aimeraient pas voir leurs enfants mourir en mer, seulement pour leur apporter le bonheur matériel. Ce bonheur matériel, dit-il, n'en vaut pas la peine. La vie humaine est sacrée’’.
Il exhorte les ministères concernés par ce phénomène à être plus regardants sur cette situation pour pouvoir mieux traduire la vision du président de la République qui est allé, dans sa politique de jeunesse, jusqu’à créer un ministère de l’Artisanat et de l’Economie informelle.
IDRISSA AMINATA NIANG