Un projet pourvoyeur d’emplois
Le premier centre de formation professionnelle et technique aux métiers des arts et de la culture, Sénégal Talents Campus, a été officiellement lancé hier au musée des Civilisations noires. Il permettra au secteur culturel d’être un pourvoyeur d’emplois.
Depuis des années, Africulturban, G Hip Hop et la Maison des cultures urbaines de Dakar forment des jeunes dans les métiers des cultures. Mais c’était juste des sessions de formation d’une semaine, voire trois mois organisées en marge des festivals. Maintenant, ils ont décidé d’unir leurs forces pour mettre en place le premier centre de formation professionnelle et technique aux métiers des arts et de la culture, baptisé ‘’Sénégal Talents Campus’’.
Ce projet a pour ambition de former des régisseurs du son, de lumière, de production, d’administrateurs culturels et des entrepreneurs de spectacles. ‘’C’est un centre de formation reconnu par l’Etat, avec des diplômes à l’appui tels que le BTS et le Certificat de spécialité. Le projet donne des formations qualifiantes et diplômantes. Les initiateurs ont à leur disposition trois campus : un à Ouakam, un à Guédiawaye et un autre à Pikine.
‘’C’est un projet très innovant qui vient à son heure, parce que beaucoup de jeunes en demandent. Nous, à la base, depuis 15 ans, nous organisons des évènements. Mais nous nous sommes rendu compte qu’il y a un gros problème, en termes de ressources humaines qualifiées surtout en son et en lumière, et il n’y avait pas de reconnaissance de la part de l’Etat’’, a déclaré, au musée des Civilisations noires, en marge du lancement officiel du projet Sénégal Talents Campus, l’un des coordonnateurs dudit projet, Amadou Fall Bâ. ‘’Tout ça, nous en avons besoin pour développer ce secteur. Puisqu’au Sénégal, le secteur culturel est très dynamique pour nous. Il faut quand même arriver à le rendre beaucoup plus professionnel, pour permettre à ces acteurs d’en bénéficier’’, a renchéri son coéquipier Malal Almamy Talla, qui dirige Sénégal Talents Campus de Guédiawaye.
Selon lui, le secteur culturel peut absorber un taux de chômage élevé. Et pour le projet Sénégal Talent Campus, ce qui est intéressant, d'après Fou Malade, c’est qu’une fois que les jeunes sont formés, ils peuvent travailler à leur propre compte.
Ainsi, il estime que ce projet peut convaincre les potentiels candidats à l’émigration irrégulière à rester au Sénégal. ‘’Les jeunes partent parce qu’ils n’ont pas d’issue, parce qu’ils ne sont pas formés. Ils partent pour aller chercher un avenir meilleur’’, dit-il.
D’ailleurs, le programme offre une alternance école-entreprise. ‘’Dès le départ, nous mettons nos apprenants quelque part pour qu’ils fassent un stage avant même de venir à l’école. Ils seront notés par l’entreprise évoluant dans le milieu culturel. C’est ça la stratégie. Sinon, ils n’auront pas de compétence, parce que chez nous, par exemple, c’est 1 000 heures de formation par an. Et durant cette période, on doit assurer 700 heures de formation technique. On veut que les jeunes aient un savoir-faire au sortir de leur formation’’, a expliqué M. Bâ. Tous les deux ans, la structure de formation va accueillir 325 apprenants, selon lui.
L’Etat encourage et soutient ce projet. Cela donne de la crédibilité au programme. Une convention a été signée entre les promoteurs du projet et le 3FPT, et entre les promoteurs du projet et l’ONFP, entre autres, sous l’encadrement de la Direction de la formation professionnelle.
Ainsi, l'Etat a accompagné les initiateurs dans la rédaction des curricula de formation. Il s’agit des programmes écrits par des experts sur la base d'approches par compétence. Et grâce au financement du ministère de la Formation, le 3FPT va accompagner le financement de la formation.
En effet, pour le ministre Dame Diop, vu le nombre de jeunes qui s’activent dans les cultures urbaines, aller vers la formalisation de la formation des jeunes sur les métiers de la culture est une nécessité. ‘’Il était important, pour nous ministère de la Formation professionnelle, de diversifier les offres de la formation professionnelle. Les cultures urbaines, c’est une niche incalculable d’emplois pour les jeunes Sénégalais. La culture, c’est un secteur économique producteur d’emplois et de richesses’’, a-t-il indiqué.
De son côté, le ministre de la Culture et de la Communication a salué ‘’la solide pertinence’’ de Sénégal Talents Campus qui, selon lui, ‘’fait partie des entreprises pédagogiques les plus utiles au développement des industries culturelles et pédagogiques’’. Abdoulaye Diop a ainsi réitéré son engagement à apporter à Sénégal Talent Campus’’ ‘’tout l’appui matériel pour assurer le meilleur déroulement de ses activités de formation et de capacitation’’.
BABACAR SY SEYE