Publié le 1 Apr 2021 - 01:43
COUPLAGE DES ELECTIONS LOCALES, LEGISLATIVES, PRESIDENTIELLE

L’impossible consensus

 

Alors que l’idée commence à faire du chemin, au sein de la Commission politique du dialogue nationale, la question n’a pas été posée.

 

Les membres de la Commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains de l’Assemblée nationale sont convoqués aujourd’hui, pour l’examen du projet de loi n°05/2021 portant report des élections territoriales et prorogation du mandat des conseillers départementaux et municipaux. Si le report des Locales qui devaient se tenir au plus tard dimanche dernier est acté, la date de leur tenue fait débat entre la majorité présidentielle, l’opposition, les non-alignés et les membres de la société civile, au sein de la Commission politique du dialogue national.

Mais une autre idée est agitée depuis quelque temps dans la sphère politique : le couplage des Locales avec les élections législatives.

Au cœur des discussions dont le président de la République a promis d’appliquer les conclusions, les membres de la Commission politique n’évoquent pas cette question. ‘’Je n’ose pas penser à un couplage des Locales avec les Législatives. C’est un danger qu’il faut nécessairement éviter. Je pense que cela reste des rumeurs’’, retient le représentant des non-alignés. Déthié Faye estime même que ‘’le couplage est dangereux, même pour l’administration chargée d’organiser les élections. C’est déjà assez compliqué d’organiser des Locales, avec la multiplicité des listes. Y joindre des Législatives pour un vote qui se déroule en même temps créerait un cocktail capable de réduire en miettes tout le travail effectué en vue d’obtenir des règles électorales consensuelles. On ira vers une phase de tensions évitable’’.  

Au sein de la majorité présidentielle, aucune instance n’a discuté sur un couplage d’élections. Dans le même ordre d’idées que son opposant, le coordonnateur adjoint du pôle de la majorité assure que l’option de deux élections en une n’est pas dans leurs plans, pour le moment. ‘’Nous n’avons pas de scénario, ni de position sur un couplage des élections. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est l’organisation des élections locales. Nous travaillons pour qu’elles puissent se tenir conformément au calendrier que nous avons démontré dans nos différentes interventions et qui nous projette au mois de février 2022. Maintenant, lorsque ce débat se posera, la majorité donnera sa position’’, renseigne Cheikh Sarr.

Ce qui fait l’objet des débats entre ces acteurs de la Commission politique du dialogue national, c’est la date de tenue des Locales que la majorité juge impossible à tenir au courant de l’année en cours.

En effet, confirme M. Sarr, ‘’on a trois mois pour l’évaluation, deux mois pour la commission politique, l’intégration des consensus, la modification du Code électoral et la modification du Code général des codes de collectivités territoriales, trois mois pour la révision exceptionnelle, plus les 85 jours imposés par le Code électoral. Ce total nous fait 11 mois. C’est le temps imparti pour toutes ces opérations’’. 

Mais ce calendrier n’est pas du goût des autres membres de la commission, qui se méfient de ‘’la volonté de la majorité d’un report coûte que coûte jusqu’en 2022. On ne sait pas ce qui se cache derrière’’. D’autant plus que, ajoute Déthié Faye, ‘’si l’on organise les Locales en février 2022, cela impliquera l’impossibilité de tenir les Législatives dans les délais (juin 2022). Dans ce laps de temps, on n’aura pas assez de temps pour régler les contentieux, publier les résultats définitifs, faire une révision exceptionnelle des listes et surtout déposer les candidatures dans un délai de 85 jours. Ce qui est à l’origine du premier report des Locales va se répéter’’.

A cela, le coordonnateur adjoint du pôle de la majorité rétorque qu’’’en 2012, l’élection présidentielle a été organisée sur les mois de février et mars. Cela n’a pas empêché la tenue des Législatives en juillet. Je ne comprends pas que l’on puisse créer un débat sur cette question’’.  

La société civile, les non-alignés et l’opposition sont tous unis dans l’idée que les Locales doivent être organisées au cours de l’année 2021. Comme l’explique le représentant des non-alignés, ‘’notre position est claire : si l’on regarde les délais et les différentes actions à dérouler, les Locales peuvent se tenir en début décembre 2021. Si l’Etat suit les recommandations de la Commission politique du dialogue national, nous avons évacué beaucoup de questions dans l’organisation des élections’’.

En août 2020, cette Commission politique du dialogue national avait remis un rapport au président de la République comportant 25 points d’accord entre les participants et deux à évoquer. Ces derniers concernaient le statut de l’opposition et le cumul des fonctions de chef de l’Etat et de chef de parti.  

En janvier dernier, le secrétaire général du Parti pour le progrès et la citoyenneté (PPC), membre de la coalition au pouvoir, déclarait que l’organisation des élections locales en 2021, les Législatives en 2022 et la Présidentielle en 2024 pourrait entraîner le pays dans une situation de campagne en permanence et l’empêcherait de travailler. Et qu’une option serait d’organiser les Locales en 2022 et essayer de coupler les Législatives et la Présidentielle.

Pour cette dernière idée, Déthié Faye estime qu’elle ne peut également pas être une solution. ‘’Nous devons éviter tout ce qui peut conduire vers des tensions. La meilleure chose à faire est de respecter le calendrier républicain. Si tel n’est pas le cas, personne ne pourra convaincre l’opinion qu’il ne s’agit pas de calculs politiciens. Et cela peut être à l’origine de tensions‘’, assure le membre du pôle des non-alignés.

Lamine Diouf  

 

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