Gouvernance par la cupidité
Notre pays, le Sénégal est un patrimoine commun que ses enfants et d’autres ont comme richesse. Il a toujours été une source de fierté que nul dirigeant ne pourra nous enlever. Les menaces et persécutions contre de simples citoyens ne pourront fléchir ce sentiment d’appartenance. Les pratiques et actes prévaricateurs posés par les dirigeants politiques ne feront qu’exacerber nos fibres patriotiques, car nous n’avons que cette terre à léguer à notre postérité. Le Sénégal n’appartient à aucune personne, à aucune famille, à fortiori, à aucun clan sorti de nulle part.
Un régime politique a pour mission essentielle de promouvoir le bien-être de son peuple. Toutefois, depuis plusieurs années, sous les régimes précédents, mais surtout depuis l’arrivée de Mr Macky Sall et de son clan au sommet de l’état, beaucoup de sénégalais subissent des persécutions de la part de son régime et surtout de son clan composé de sa famille et de sa belle-famille. Des persécutions lâches sur de simples citoyens puisque s’appuyant sur des institutions de la République ainsi que sur des sociétés nationales comme la Senelec ou la société privatisée Sen’EAU.
Ces sociétés sont utilisées pour commettre des factures hallucinantes (multipliées dans une fourchette comprise entre 20 et 80) contre des entreprises dont les promoteurs sont hors des cercles de dirigeants politiques et dont les secteurs dans lesquels elles évoluent intéressent ces derniers. Voilà une méthode inique, dépourvue de tout courage et de toute intelligence, pour combattre des citoyens qui n’ont commis que le « crime de s’être battu seuls et d’avoir difficilement investi dans leur pays ». Quand ces citoyens créaient leurs entreprises, leurs bourreaux actuels étaient hors de tout circuit créatif de bien ou de service. Ces entreprises que vous détruisez délibérément, par pure méchanceté et cupidité ont été bâties avec de la sueur et du sang. En les détruisant, vous avez brisé les familles des promoteurs et des employés, en plus des contributions sociétales qu’elles faisaient sans aucune contrainte. Des pratiques qui ne grandissent point leurs auteurs et complices, ni dans le présent, ni face à l’histoire. Elles ne peuvent rabaisser au rang de larbins les victimes, enfant bien nés dans ce terroir.
Auparavant, des institutions financières comme la BNDE et la DER sont créées pour financer les amis et militants politiques. Ces institutions, ne se limitent pas à financer ces personnes, mais elles approchent des sénégalais entrepreneurs, leur promettent financement, et après avoir (particulièrement la Der) récupéré leur essence, à savoir leurs idées de développement pour leurs entreprises, classent le dossier, sans même prendre la peine d’aviser le promoteur. La présomption est forte que les idées et programmes avancées dans les études de faisabilités, sont remis à des amis. Avec les détournements de deniers publics et corruptions qui font florès dans le pays, les fonds acquis trouvent rapidement et sans grand frais, des voies d’investissement. Les pauvres promoteurs qui avaient soumis des dossiers, ne pourront que dans un court délai, voir leurs idées mises en œuvre par d’autres personnes. La gravité criminelle de telles pratiques ne consiste pas seulement à blanchir, avec la complicité d’organismes étatiques, des fonds issus de détournements de deniers publics, mais à sucer le sang de sénégalais.
Les bourreaux de ces sénégalais sont des enfants de ce pays, formés et entretenus plus que correctement par l’ensemble des composantes de la Nation. Comment peuvent-ils en vouloir à ce point à cette Nation qui ne demandait qu’à solidifier sa construction. Nous sommes à la veille d’élections de maires et de présidents de conseils départementaux et régionaux. Depuis 2012, date d’élection à la Présidence de la République de Mr Macky Sall, nous constatons avec écœurement et effarement une forme dictatoriale de patrimonialisation non plus seulement du bien, mais de l’espace public. Les couleurs du drapeau national sont remplacées dans le domaine public, par le marron-beige de l’APR, parti au pouvoir. Beaucoup de sénégalais sont heurtés par la désinvolture avec laquelle, les places et bancs publics (à Thiès), les lampadaires à Dakar, les bus de transport de la société nationale de transport, les locaux et rames du Ter, les bus d’écoles nationales, sont peints aux couleurs de l’Apr. Cela dénote du manque total de respect, de considération, pas seulement pour les citoyens, mais davantage pour la République dont les auteurs de tels actes prévaricateurs sont censés préserver la grandeur et la solidité de son socle. Ces actes que posent le Président et les membres de son parti, constituent les éléments forts qui sapent les sentiments d’unité et de cohésion nationales, et le minimum d’éthique liée à la haute fonction présidentielle, devrait vous l’interdire. Le Sénégal n’est pas à l’ère d’une dictature paranoïaque.
Beaucoup de sénégalais sont victimes de persécutions et de blessures morales dues à un système de gouvernance très ségrégationniste et prévaricateur. Ces meurtrissures ne feront que renforcer leur élan patriotique et le raffermissement de leur dignité inébranlable. Nous n’avons que le SENEGAL, et au prix de notre vie, personne ne pourra nous enlever cette propriété. Au niveau international, les crimes économiques commis par des dirigeants politiques contre des franges importantes de leurs populations, doivent être traités comme les crimes de sang traités par la Cour pénale internationale (CPI). Les bailleurs de fonds, qui depuis les indépendances, financent ces mêmes dirigeants au nom des peuples, se rendent finalement complices et coupables de ces crimes. Pour un Sénégal de justice et d’équité quel qu’en soit le prix.
P.S. Comme toutes ces formes de persécution de très bas niveau ne suffisent pas, on use, suprême perfidie, de fétiches. Il faut que les guignols qui envoient à mon domicile des fruits piqués à la seringue, des écumoires neufs de cuisines, des peaux d’innocentes grenouilles, arrêtent. Ce sont des pratiques d’un autre âge, à caractère très minables. Je suis croyant en un Dieu Unique et omnipotent.
Quand on use de ses prérogatives présidentielles de censurer des livres écrits sur son pays, la décence devrait pousser à ne point décerner de distinction honorifique à un autre écrivain quelque méritant qu’il soit.
El Hadji Malick DIA