Le FMI alerte sur les défis à venir
A la sortie de la pandémie de Covid-19, il y aura un resserrement monétaire ‘’plus rigoureux’’ qu’attendu, face aux pressions inflationnistes dans les pays avancés, qui aura des répercussions sur la balance des paiements des pays émergents. C’est la prévision du Fonds monétaire international (FMI), dans un document rendu public avant-hier.
Lorsque le monde sortira de la pandémie de Covid-19, il y aura des chocs traditionnels liés aux financements à court et moyen terme, selon le Fonds monétaire international (FMI). ‘’Un resserrement monétaire plus rigoureux qu’attendu face aux pressions inflationnistes dans les pays avancés, aura des répercussions sur la balance des paiements des pays émergents. Les pays lourdement endettés devront faire le nécessaire pour éviter des crises liées au budget et au financement. Quant aux gros exportateurs et importateurs de produits de base, ils devront continuer à renforcer leur résilience aux fortes fluctuations des cours. Pour aider les pays à relever ces défis, le FMI continuera de déployer ses instruments traditionnels en matière de surveillance, de prêt et de renforcement des capacités, sachant que de légères modifications pourraient parfois s’imposer’’, écrivent la directrice du Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation du FMI, Ceyla Pazarbasioglu, et son adjoint Sanjaya Panth.
Cependant, dans un document rendu public avant-hier, les deux responsables soulignent que la conjoncture exige également d’axer encore davantage la surveillance et les opérations de prêt sur les enjeux à long terme. ‘’Les problèmes structurels profondément ancrés deviennent de plus en plus prégnants dans le contexte actuel. Il convient d’y remédier sans délai, afin d’éviter des déséquilibres de balance des paiements encore plus importants et éprouvants à l’avenir. Le changement climatique touche l’ensemble de l’humanité, mais de façon hétérogène selon les pays. De la même manière, tous les pays ne sont pas aussi bien placés pour exploiter les opportunités offertes par la transition numérique, comme les monnaies numériques de banques centrales. Les pressions démographiques sont aussi très différentes à travers le monde. Les inégalités de revenus s’accentuent, de même que celles entre les femmes et les hommes’’, poursuivent-ils.
D’après ces derniers, la résolution de ces problèmes passe par une coopération entre le FMI et d’autres institutions qui possèdent les compétences requises dans ces domaines, comme la Banque mondiale. Ils relèvent aussi que dans la mesure où ces tendances engendrent des ramifications hétérogènes selon les membres, elles auront ‘’nécessairement des répercussions’’ (de plus ou moins grande ampleur) sur les balances des paiements des pays pris individuellement. ‘’C’est ainsi que le changement climatique entraînera une augmentation des importations de denrées alimentaires et de l’émigration dans de nombreux pays touchés. La numérisation aura des incidences sur les échanges de biens et de services, mais aussi sur les flux de capitaux, compte tenu de son effet accélérateur sur l’innovation financière. Par ailleurs, s’ils n’exploitent pas correctement les pressions démographiques auxquelles ils sont soumis, les pays à la population jeune et en forte croissance pourraient faire face à une hausse du chômage. À l’inverse, les sociétés vieillissantes pourraient souffrir de pénurie de main-d’œuvre, de biens et de services’’, renchérissent-ils.
En somme, les pays membres du Fonds monétaire international étant confrontés à des défis en perpétuelle mutation, la directrice du Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation du FMI et son adjoint estiment que ces pays auront toujours besoin des conseils de leur institution et, parfois, de ses financements.
‘’Notre institution continue donc d’étoffer sa panoplie d’instruments de façon sélective, comme elle l’a fait par le passé, afin de se tenir prête à relever ces défis, en collaboration avec d’autres institutions’’, concluent-ils.
MARIAMA DIEME