Publié le 9 Apr 2023 - 00:37
LA CHRONIQUE DE MLD

Le silence de Sonko et l’hypothétique rebond d’Idrissa Seck...

 

La chronique politique sénégalaise relève quelque part de la tragi-comédie tant les acteurs se révèlent comme de véritables situationnistes prêts à se castagner pour occuper les devants d’une scène médiatico-virtuelle qui se délecte de cette danse des opportunistes.

Il est clair que le troisième mandat ou second quinquennat est au cœur de toute cette agitation. Tout le monde veut occuper le moelleux fauteuil présidentiel du Top Job comme disent trivialement les Américains. Tout le monde, y compris l’actuel locataire du Palais du Président Senghor dont tous les actes posés jusque- là, laissent croire qu’après 2012 et 2019, il va solliciter de nouveau le suffrage des 17 millions de Sénégalais dans un contexte assez tendu.

Bref, c'est une véritable tragédie que vit le pays en ce mois béni de pénitence, de dévotions et de pardon.

Le Sénégal est quasiment assis sur un volcan et on se demande si les principaux acteurs de l'espace public en sont conscients.

D’abord un chef d'état en mode réaction qui dans son traditionnel message du 4 avril a essayé de vendre du rêve à son peuple en ressassant un chapelet de réalisations, sorte de bilan matériel pour le moins impressionnant avec son lot d’infrastructures de dernière génération.

En revanche, son bilan immatériel est fortement décrié par une opposition ragaillardie et requinquée à mesure que l’échéance fatidique de février 2024 approche à grands pas. Les charmes de la démocratie !

Le dilemme et le jeu d’Idy…

C’est dans cette ambiance que le patron du Rewmi qui se contentait jusque-là de grignoter son fromage onctueux de Président du Conseil économique social et environnemental est sorti de sa boîte comme pour se rappeler au bon souvenir d’un électorat exigeant.

Mara comme l’appellent ses intimes est un animal politique qui occupe depuis quelques jours la presse et une bonne partie du débat national.

Il veut visiblement rebondir pour casser la bipolarisation accentuée Macky Sall / Sonko mais il devrait déployer des trésors d’imagination et d’endurance pour retrouver une certaine crédibilité et regagner la confiance de l’opinion publique.

Cet acteur politique unique dans son genre a perdu beaucoup de terrain car ses nombreuses valses- hésitations lui ont coûté notamment une popularité au zénith au plus fort de sa dualité avec Me Wade alors Président de la République...L'opinion a-t-elle encore confiance en Mara ?

Voire.

Toujours est-il qu'il semble davantage faire dans la diversion pour avoir ne serait-ce qu'une existence médiatique.

Un politicien qui fait parler de lui n'est pas encore mort ; il existe.

Le précédent cocasse de la démission du ministre Yankhoba Diatara présentée à son mentor ne passe pas inaperçu. Généralement, la démission d’un membre du gouvernement se fait devant le Chef de l’Etat ou son Premier ministre. Là, les usages républicains sont pratiquement foulés au pied par le ministre des sports.

Cette importante péripétie du long compagnonnage Idy / Diatara ressemble à s’y méprendre à de la comédie… L’ancien maire de Thiès ayant refusé d’accepter la démission de son poulain après l’avoir défenestré de son poste stratégique de Vice-Président de Rewmi.

S’il s’agissait d’un combat de boxe on dira que l’élève a gagné cette manche aux poings.

En vérité Idrissa Seck agit comme un gourou aux yeux de partisans quasiment hypnotisés devant cet As de la rhétorique, tribun magique et grand adepte de la déclamation des Sourates du Coran en public.

L’exclusivité de l’initiative lui revient et c’est lui aussi qui fait et défait les hommes et les femmes de sa formation politique. Rien de nouveau sous le soleil d’autant que tous les autres Leaders politiques font pareil ; ils sont l’Alpha et l’Oméga de leurs partis et n’ont de compte à rendre à personne. Pis, ce manque de démocratie interne se manifeste à l’extrême car ces Leaders restent aux commandes ad vitam aeternam.

En attendant, Idrissa Seck a réussi le tour de force de faire braquer toutes les caméras vers lui en l’espace de quelques jours. Il a par ricochet ravi momentanément la vedette à l’actuel Chef de l’opposition emmuré dans un silence qui en dit long sur les non-dits de sa nouvelle stratégie de sursitaire.

Nouvelle situation : nouvelle attitude. Sonko veut pratiquement passer pour une énigme afin de mieux surprendre son monde. C’est de la sorte qu’il faut interpréter son silence assourdissant au-delà des rigueurs du sursis judiciaire.

Une manière aussi de consolider le magnétisme qu’il exerce sur ses nombreux partisans.

Pour le commun de nos concitoyens, ces politiciens sont finalement cassants, ils ont l’art de nous dribbler.

Les urgences sont ailleurs elles sont surtout prégnantes. Elles ont pour noms : luttes fratricides entre pêcheurs-artisans, crise des structures sanitaires comme Hôpital Idrissa Pouye ex Hoggy sans oublier cette rocambolesque affaire des 45 milliards CFA pour l’achat d’armes au profit du ministère de l’environnement qui a récemment refait surface.La parade et les fastes de ce défilé grandiose du 4 avril 2023 n’étaient finalement qu’un bel intermède offert aux Sénégalais avant le retour à un ordinaire peu reluisant.

La chronique politique sénégalaise relève quelque part de la tragi-comédie tant les acteurs se révèlent comme de véritables situationnistes prêts à se castagner pour occuper les devants d’une scène médiatico-virtuelle qui se délecte de cette danse des opportunistes.

 

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