Publié le 15 Apr 2023 - 23:37
PRÉSIDENTIELLE 2024

Idrissa Seck sera candidat

 

Au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar ou sous la bannière de son parti Rewmi, l’ancien maire de Thiès, encore président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) ne compte pas se faire raconter la course à la magistrature suprême dans un an.

 

‘’Pensez-vous qu’une élection présidentielle puisse se tenir au Sénégal sans qu’un Idrissa Seck, en bonne santé et en pleine possession de ses moyens, n’y participe pas ?’’. Par cette question, retournée à l’envoyeur, hier, lors de la conférence de presse organisée par Idrissa Seck à Thiès, le leader de Rewmi légitimait sa future participation à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Mais il a été plus clair, en affirmant que ‘’oui’’, il va déposer sa candidature pour la magistrature suprême.

Une déclaration qui suit la logique des dernières sorties du président du Conseil économique, social et environnemental (Cese).

 En effet, après le discours de veille de fête d’indépendance du Sénégal du président de la République, le 3 avril 2023, Idrissa Seck a posté un message énigmatique sur sa page Facebook : ‘’Macky vous a amené la Coupe d’Afrique. Voulez-vous m’accompagner pour aller chercher la Coupe du monde dans 4 ans ?’’ Cette partie sera par suite supprimée, un de ses conseillers spéciaux évoquant un message diffusé avant validation finale. Un autre épisode va dans ce sens lorsque le leader de Rewmi a limogé le vice-président du son parti, Yankhoba Diatara, après qu’il a défendu publiquement la possibilité d’un troisième mandat pour le président Macky Sall.  

2024, la bonne année pour le leader de Rewmi ?

Idrissa Seck  devrait participer à sa quatrième élection présidentielle. Pour son baptême du feu, en 2007, l’ex-maire de Thiès avait réussi à récolter 510 922 voix, correspondant à 14,92 % des suffrages exprimés. Il a toutefois perdu contre son mentor politique, Abdoulaye Wade, réélu au premier tour avec 55,90 % des voix. Cinq années plus tard, il se fera ravir la vedette par Macky Sall qui ira au second tour avec le président sortant, avant de le battre. Idrissa Seck sort de cette élection en étant relégué à la 5e place, avec 7,86 % des suffrages.

Mais comme un chat, avec ses nombreuses vies, le leader de Rewmi retombe sur ses pieds et parvient à s’immiscer dans la liste réduite de candidats à l’élection présidentielle de 2019. À la tête d’une coalition de l’opposition, dont le soutien de l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, Idrissa Seck échoue à nouveau devant Macky Sall, même s’il obtient 20 % des suffrages.

Aura-t-il l’occasion de se jauger une troisième fois à Macky Sall dans un an ? Le président de la République, dans un récent entretien accordé  au quotidien français ‘’Le Figaro’’, a soutenu qu’au plan juridique, une troisième candidature de sa part est tout à fait légale. Et sur cette question, le compagnon au sein de Benno Bokk Yaakaar dit laisser au Conseil constitutionnel la latitude de décider. Car, souligne-t-il, ‘’le socle d’une société est d’avoir des institutions auxquelles l’on se plie aux décisions. Que l’on soit d’accord ou pas’’.

Troisième mandat : Idrissa Seck souhaite laisser le Conseil constitutionnel décider, mais écarte Macky Sall

Idrissa Seck a avoué faire partie de ceux qui ont conseillé au président de la République Macky Sall de rester silencieux sur ses intentions de briguer ou non un troisième mandat. ‘’Il se prononcera dessus, au plus tard, avant l’étape du parrainage citoyen. Pourquoi ne pouvez-vous pas attendre cela ? De toute façon, s’il doit se présenter, il le fera savoir au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar et  je serai là-bas’’, assure-t-il.

Malgré cela, le leader de Rewmi n’en est pas pour autant d’accord avec la troisième candidature du président sortant. ‘’J’en ai discuté avec d’éminents constitutionnalistes, dont le Pr. Serigne Diop (ancien ministre de la Justice, ancien médiateur de la République). Ce dernier m’a assuré que Macky Sall n’a pas droit à un troisième mandat’’.

Le leader de Rewmi a, par ailleurs, confirmé s’être rendu chez Ousmane Sonko, le 26 mars dernier, avant la tenue du procès pour diffamation le visant (30 mars). Sans révéler le contenu de ses discussions avec le leader de Pastef, Idrissa Seck s’est limité à dire qu’il a œuvré pour que les tensions politiques baissent et que le résultat a pu s’apprécier par la fête nationale d’indépendance passée en toute quiétude. Le verdict (deux mois avec sursis et 200 millions de dommages et intérêts) qui n’entrave pas l’éligibilité d’Ousmane Sonko en est aussi pour beaucoup.

Toutefois, l’appel introduit par le procureur et la partie civile peut remettre tout cela en cause, alors que l’on s’achemine vers un nouveau procès lundi prochain.

Idy confirme les discussions avec Sonko  et l’invite à s’engager…

Toujours est-il qu’Idrissa Seck a soutenu être d’accord avec une candidature d’Ousmane Sonko à l’élection présidentielle du 25 décembre 2024, quelle que soit l’issue du procès en appel et même en cassation. ‘’Je le soutiens, car je considère qu’il en a le droit, puisque selon la Constitution sénégalaise, seules trois personnes peuvent être empêchées de déposer leur candidature : celui qui n’a pas 35 ans, celui qui n’est pas de nationalité sénégalaise exclusive et celui qui a fait deux mandats successifs’’, analyse-t-il.   

Le reste n’est qu’une affaire de politique, rappelle le président du Cese, en soutenant que la loi électorale n’a pas été décidée par le peuple, mais par des discussions politiques : ‘’Une simple modification du Code électoral peut suffire à ce que tous ceux qui ont été condamnés définitivement soient autorisés à être candidats.’’  

Idrissa Seck annonce l’organisation, dans les 46 départements du Sénégal et de la diaspora, de débats lors lesquels il invite Ousmane Sonko et son parti à donner leur position sur l’éligibilité de toute personne condamnée pour diffamation, viol ou détournement de deniers publics. Le leader de Rewmi va plus loin et invite le maire de Ziguinchor, s’il est élu président, à s’engager à laisser la justice poursuivre son œuvre dans les poursuites qui le vise et démissionner s’il est condamné. ‘’S’il le fait, je m'engage à me battre à ses côtés’’, promet le futur candidat à la prochaine élection présidentielle.

Lamine Diouf

 

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