Publié le 30 May 2023 - 20:32
SONKO DÉPOSÉ CHEZ LUI, SON CORTÈGE GAZÉ, DES BLESSÉS ET UN MORT À KOLDA

Les péripéties de la “Caravane de la liberté”

 

Même si l'objectif n'a pas été atteint de rallier Dakar par la route, la "Caravane de la liberté" de l'opposant Ousmane Sonko a pu faire au moins trois régions, avant son interpellation à Koungheul par le GIGN. Après des heures d’incertitudes et de spéculations sur la disparition du leader de Pastef, le ministre de l'Intérieur, Antoine Félix Diome, a informé qu'il a été interpellé en train d’enfreindre la loi et a été déposé chez lui.

 

Au lendemain de son procès l'opposant à la masseuse Adji Sarr, Ousmane Sonko avait annoncé son retour à Dakar, accompagné de ses militants, au travers d’une "Caravane de la liberté". À Goudomp, la première ville où il a fait escale, il a été accueilli par une foule immense. Arrivée à Kolda, Ousmane Sonko et son cortège ont été bloqués et gazés par les forces de l'ordre.

Malheureusement, lors des violentes manifestations dans la capitale du Fouladou, un homme de 37 ans, Aliou Bodian, grièvement blessé, a perdu la vie, après son évacuation à l'hôpital régional de Kolda. Sa famille a réclamé une autopsie pour élucider les circonstances de sa mort.

Après Kolda, cap sur Diaobé, samedi matin. Là-bas, Ousmane Sonko et sa ‘’Caravane de la liberté’’ ont été pris pour cible par les forces de l’ordre qui les ont suivis et gazés à souhait. Ce, notamment, pour empêcher les villages environnants de l’accueillir en grande pompe.

Par ailleurs, il faut aussi noter que plusieurs arrestations ont été enregistrées, pendant la "Caravane de la liberté". Au moins cinq arrestations et plusieurs blessés du côté des manifestants ont été signalés Vélingara. Parmi les personnes interpellées, deux membres de la caravane du leader de Pastef ont été arrêtés par les éléments du commissariat central de Kolda. Ils sont en position de garde à vue.

Yewwi Askan Wi avait condamné "vigoureusement" l'attaque du convoi de Sonko à Kolda

Il faut aussi souligner que ces attaques de la ‘’Caravane de la liberté’’ ont été condamnées par Yewwi Askan Wi. La coalition a ainsi invité le régime à "arrêter de tirer à balles réelles sur des populations désarmées, en violation flagrante des règles internationalement reconnues de maintien de l'ordre". "Après quelques jours passés à Ziguinchor, commune dont il est le maire, le président Ousmane Sonko a décidé de rentrer à Dakar par voie terrestre. Tout au long de son chemin, les populations sont sorties en masse communier avec lui et lui manifester leur soutien face aux injustices subies", écrivaient les opposants dans une note parvenue à ‘’EnQuête’’.

Ainsi, ils disaient regretter qu'à l'entrée de Kolda, son cortège se soit heurté à une barricade des forces de police, provoquant ainsi une véritable Intifada à l'issue de laquelle un citoyen a été tué, deux véhicules de la police incendiés et des blessés dont un grave dénombrés. Exigeant la préservation de l’intégrité physique et morale d’Ousmane Sonko, YAW appelait les populations à la "résistance face à l'arbitraire d'État et demand(ait) à l'opinion nationale, africaine et internationale d'intervenir pour arrêter les dérives sanglantes d'un régime finissant".

Réaction d’Antoine Félix Diome

À la suite des nombreux incidents notés durant la ‘’Caravane de la liberté’’ et pour justifier les actes posés par les forces de l’ordre, le ministre de l’Intérieur a réagi pour indiquer que les cortèges sont soumis à l'obligation de déclaration préalable, conformément à l'article 96 du Code pénal.  "Il nous a été donné de constater, ce vendredi 26 mai 2023, que le président du parti Pastef a lancé une ‘caravane’ depuis Ziguinchor avec pour destination Dakar, en passant par différentes régions du pays. Au cours de cette journée, des incidents ont été enregistrés dans la commune de Kolda’’, soulignait le ministre de l'Intérieur, en insistant sur l'impératif de ‘’respecter cette formalité’’.

Par conséquent, il demandait à tous les organisateurs de cortèges, défilés, caravanes, rassemblements de personnes et, d'une manière générale, toute manifestation sur la voie publique, de s'y conformer.

Ensuite, réagissant sur la disparition de Sonko, le ministre de l'Intérieur indiquait qu'il n'a pas été arrêté. "Ousmane Sonko n’a pas été arrêté. On l’a interpellé en train d’enfreindre la loi ; on l’a déposé chez lui", précisait-il. 

En effet, le leader de l’opposition a été déposé à son domicile de la cité Keur Gorgui, ce dimanche soir, par les éléments du corps d’élite de la gendarmerie sénégalaise, le GIGN.

FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)

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