Publié le 9 Aug 2023 - 06:48
BROUILLE, ENGUEULADE...

Moustapha Gaye, un management controversé

 

À la fin de l’Afrobasket féminin 2023 à Kigali, on retient la défaite des Lionnes en finale face à leur éternel bourreau, le Nigeria. On note surtout les écarts de conduite du sélectionneur national qui a violenté une joueuse et a été reproché d’abandon par la meneuse sénégalo-américaine qu’il a lui-même recrutée.

 

Pour la troisième fois, depuis son dernier sacre en 2015, l’équipe féminine du Sénégal a échoué dans sa reconquête du titre continental. Les Lionnes ont buté face au même adversaire depuis trois éditions, le Nigeria, qui a consolidé sa suprématie sur le basket féminin africain, en décrochant son quatrième trophée d’affilée (2017, 2019, 2021 et 2023). La bande à Aya Traoré n’a pas démérité pour autant.

‘’Je félicite toutes mes joueuses qui ont tout donné sur le terrain. Je magnifie beaucoup la volonté qu’elles avaient de tenir tête au Nigeria et gagner ce match’’, a salué le sélectionneur national à la fin de la rencontre.

Si les joueuses ont donné une meilleure version d’elles-mêmes dans cette aventure, on est tenté de dire le contraire pour le coach. Pour sa dernière sur le banc de l’équipe nationale, le coaching de Moustapha Gaye a encore suscité le débat. Déjà contre le Cameroun en quarts de finale, le technicien s’était fait remarquer par son geste violent sur Fatou Pouye. Alors que le Sénégal menait de cinq points d’écart (57 à 52) dans les derniers instants du 3e quart temps, l’ailière de 26 ans a fait son entrée en jeu. Visiblement irrité par le comportement de la joueuse sur le parquet, coach Tapha s’est pratiquement jeté sur elle à la fin du quart-temps. Ce geste impulsif et malvenu aurait pu coûter le match à son équipe. Les Lionnes ont semblé accuser le coup les minutes qui ont suivi cet épisode, puisque les Camerounaises sont revenues à la marque et ont pris deux longueurs d’avance (65-63), au début du 4e quart-temps. Heureusement, la bande à Aya s’est ressaisie très vite pour renverser la tendance (80-77).

 À la fin du match, l’entraineur s’est présenté en conférence de presse en présentant ses excuses aux Sénégalais sur les incidents qu’il a qualifiés de ‘’fait de match que les gens veulent mettre en valeur’’. ‘’Moi, je reste focus sur ce que j’ai à faire. Je l’ai haranguée parce que j’étais très énervé à cause d’une consigne qu’elle n’a pas respectée’’. En pareil cas, et face à une joueuse qui, de surcroit, découvre la compétition, une approche plus soft aurait été mieux adaptée.

Cette brouille rappelle celle que le technicien a eue avec la Malienne naturalisée Ramata Daou, à Yaoundé, en 2015. C’est dire que coach Tapha est un habitué des faits. Cette façon de faire n’agrée pas les observateurs, même ses pairs qui n’ont pas manqué de le dénoncer. Mais lui n’en a cure. Car, a-t-il fait savoir, il n’est pas question de changer quoi que ce soit dans sa façon de faire et ‘’tant pis’’ pour ceux qui ne l’acceptent pas.

Dillard, le coup de pétard

On pensait en avoir fini avec tout ça et voilà que la meneuse américaine naturalisée vient jeter un pavé dans la mare. Quelques instants après la finale perdue face au Nigeria, Cierra Dillard a fustigé, sur sa page Instagram, la conduite du coach sur le banc en seconde période de la rencontre contre les D-Tigress.

‘’La différence entre les équipes dans un championnat, c’est l’entraineur. C’est la première fois que je vois un entraineur renoncer et abandonner son équipe à la mi-temps d’un match’’, a-t-elle écrit. Aller savoir ce qui s’est réellement passé !

Dans tous les cas, cela doit avoir profondément choqué la joueuse pour qu’elle s’exprime ainsi. Parlant d’abandon, c’est l’impression qu’on a suite aux déclarations du coach après la défaite contre le Mali (49-72). ‘’Il n’y a rien à faire. Le constat est froid, c’est que l’équipe du Sénégal n’est pas prête à aller plus que là. On ne revoit pas les objectifs en pleine compétition. Ils seront atteints ou pas, mais le constat est pitoyable. Je ne sais pas ce qu’il faut’’.

 En parlant ainsi, l’entraineur aurait pu transmettre son pessimisme aux joueuses. Heureusement, celles-ci ont eu une tout autre attitude et ont adopté un esprit positif.

Maintenant que coach Tapha a décidé de se retirer du banc de l’équipe nationale féminine pour se consacrer à ses fonctions de directeur technique national, vivement que son successeur soit quelqu’un qui a le sens du soft management.

LOUIS GEORGES DIATTA

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