Les opportunités et les contraintes exposées au Premier ministre
Le Premier ministre Amadou Ba a présidé, hier, un CRD spécial sur la situation économique et sociale de la région de Saint-Louis. Une rencontre qui a permis aux autorités techniques de présenter au chef du gouvernement les opportunités et les contraintes économiques et sociales de Saint-Louis. Dans leurs interventions, elles ont fait des plaidoyers pour l'amélioration des secteurs de la santé et de l'éducation.
Le comité régional de développement (CRD) spécial sur la situation économique et sociale de Saint-Louis a été une tribune pour les autorités locales de faire des plaidoyers pour les secteurs de l'éducation et de la santé. Pour le maire de la commune de Saint Louis, Mansour Faye, il faut que l'État intervienne pour la réhabilitation des vieilles écoles de la capitale du Nord. "Saint-Louis abrite les plus vieux établissements du pays. Beaucoup d'entre eux sont dans un état de vétusté très avancé, plus particulièrement dans la commune. Mais celui qui nous préoccupe le plus, c’est l'ancienne école des fils de chefs, ex-avenue De Gaulle, qui devenue aujourd'hui école Khayar Mbengue. Pour des raisons de sécurité, l'établissement est fermé depuis quelques années et abandonné. D'autres sont également dans la même situation de délabrement. Raison pour laquelle je lance un appel solennel pour que les nombreuses écoles vétustes puissent être réhabilitées par l'État", a déclaré le maire de Saint-Louis.
C'est dans la même veine que le président du conseil départemental, Me Moustapha Mbaye, a plaidé pour la réalisation d'un lycée à Pikine. "Monsieur le Premier ministre, le populeux quartier de Pikine vit une injustice depuis plusieurs années. Chaque matin, ce sont des hordes de jeunes élèves qui quittent cette localité pour rallier d'autres lycées en ville. Ils parcourent des dizaines de kilomètres par jour pour aller au lycée. Plus d'un quart de la population de Saint-Louis habite ce quartier ; elle mérite amplement un lycée. Le site est disponible, mais vu la faiblesse des moyens de la collectivité territoriale, nous tendons nos mains à l'État pour la réalisation de cette infrastructure très prochainement. D'ailleurs, pour pallier cette situation, cette année, nous avons décidé, avec les autorités académiques de Saint-Louis d’ériger le seul collège de Pikine en lycée avec l'ouverture des classes de seconde. Mais les problèmes demeurent, parce qu'il y a des déficits de classes physiques pour prendre tout le monde en compte. C'est pourquoi nous sollicitons le ministère de l'Éducation à travers son programme de construction de salles de classe pour en disposer afin de résorber le gap", a soutenu Me Mbaye.
Le volet sanitaire n'a pas été en reste, puisque l'édile a également plaidé pour le démarrage des travaux de l'hôpital Me Alioune Badara Cissé. Un établissement de niveau 4 dont la pose de la première pierre a été faite par le président de la République Macky Sall.
Pour Mansour Faye, le secteur de la santé doit être amélioré avec la découverte du gaz et la dimension économique que va rendre la ville. ‘’La configuration de la commune montre à suffisance que cette infrastructure hospitalière doit être réalisée. Le seul hôpital de Saint-Louis se trouve dans l'ile et pour le rallier, il faut traverser le pont Faidherbe. Donc, en cas de problème sur le pont, on ne peut pas évacuer vers l'hôpital. Mieux, Saint-Louis deviendra une autre ville avec l'exploitation du gaz. Elle nécessitera, pour être en phase avec son expansion, d'abriter un hôpital de niveau 4. Raison pour laquelle nous plaidons devant vous et les membres du gouvernement le démarrage des travaux de construction de l'hôpital Alioune Badara Cissé", a insisté M. Faye.
Pour le président du conseil départemental, même si cette année les signaux sont verts pour l'hôpital régional de Saint-Louis, la structure mérite d'être soutenue.
La zone Nord, l’espoir de demain
Dans leurs différentes présentations au cours du CRD spécial, les directeurs régionaux ont dévoilé les opportunités offertes par la région de Saint-Louis, mais également les contraintes qui nécessitent des solutions.
À en croire le directeur de l'Agence de développement de Saint-Louis, Ousmane Sow, la région est une zone économique spéciale capable de faire du Sénégal un pays émergent. Pour lui, il suffit de l'accompagner. "Les plus grands défis actuels, ce sont la jeunesse, l'autonomisation économique des femmes et nous pensons qu'avec la zone économique spéciale, nous avons une réponse concrète. Les jeunes, aujourd'hui, veulent conquérir le monde et nous voudrions leur donner la possibilité de l'avoir ici. Dans le département de Saint-Louis, nous en avons les moyens avec l'intercommunalité", a expliqué le directeur de l’ARD.
Il a profité de la rencontre et de la présence du Premier ministre pour inviter le secteur privé à une participation effective pour un développement économique de la région de Saint-Louis. "Nous avons entamé des négociations avec des partenaires comme le Conseil mondial pour l'investissement et les affaires pour l'Afrique. Un programme de trois mille milliards est en gestation pour soutenir les initiatives des collectivités territoriales du Sénégal. Mieux, avec la perspective de délocalisation de 120 entreprises de l'électronique, Saint-Louis va devenir l'atelier du monde de l'électronique", a déclaré M. Sow.
Avant de poursuivre que les jeunes peuvent bien réussir sur place. "Nous avons des prévisions de création d'emplois de plus de 100 mille, alors qu'au départ on était à 25, 50 mille emplois dans les dix prochaines années. Beaucoup d'infrastructures ont été réalisées. Il est maintenant temps de créer les conditions pour les rentabiliser", a-t-il ajouté.
Selon le directeur de la Société d'aménagement et d'exploitation du Delta (Saed), l'agriculture irriguée peut régler la quasi-totalité des problèmes. Il suffit de valoriser le réseau hydrographique de la vallée du fleuve Sénégal pour le développement du pays. "Au même titre qu'on réalise des autoroutes pour le transport, il faut des autoroutes de l'irrigation. Puisqu'on nous parle de rejet de 11 milliards de m3 d'eau dans le barrage de Diama à chaque hivernage, il est possible que cette eau soit transportée à l'intérieur du Sénégal", a souligné Aboubacry Sow.
Les assurances du PM
Pour le DG de la Saed, la vallée détient 80 à 85 % des 35 milliards de m3 d'eau renouvelables dont dispose le Sénégal et a un apport important sur l'autosuffisance en riz et les autres produits comme l'oignon, la tomate. "Ce qui se produit en oignon dans la vallée suffit largement pour satisfaire les besoins du Sénégal. Il suffit qu'on travaille sur les conditions post-récoltes. Il en est de même pour les autres produits comme la patate et la tomate. Il faudrait des investissements massifs pour développer ce secteur", a conclu Aboubacry Sow.
Dans sa réponse, le Premier ministre a rassuré tous les acteurs. À en croire Amadou Ba, un document est ficelé et toutes les contraintes économiques et sociales sont prises en compte. "Le gouvernement travaille pour l'amélioration du secteur sanitaire dans la région. Des instructions sont reçues pour le démarrage des travaux de construction de l'hôpital Alioune Badara Cissé, de même que la réhabilitation de l'hôpital régional. L'université sera mise à contribution pour disposer de toutes les spécialités. Les programmes lancés dans la vallée seront renforcés pour l'atteinte des objectifs", a déclaré Amadou Ba. Avant de signaler que le programme de désenclavement du Fouta va se poursuivre.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS