L’organisation terroriste vue par les habitants de Lagos
A Lagos, l’évocation du nom Boko Haram semble renvoyer à une réalité lointaine, celle d'une organisation islamiste entretenue par des politiciens pour faire pression sur les régimes en place. Elle fait peur tout de même.
Le nord du Nigeria est sans doute la partie la plus dangereuse du pays avec la présence de l’organisation terroriste dénommée Boko Haram (NDLR : l'éducation occidentale est illicite). A Lagos, on semble minimiser le sujet en le reliant à une affaire d’islamistes entretenus par des opposants politiques.
John, agent de sécurité, reste convaincu que Boko Haram est un moyen de règlement de comptes entre politiciens. «Ce sont les adversaires du régime en place qui financent cette organisation terroriste pour déstabiliser le pays», dit-il. Pour convaincre son monde, il s’interroge avec un brin de bon sens : «Comment expliquer que de pauvres gens comme les membres du Boko Haram puissent se procurer les bombes qu'ils font exploser ?»
Évoquant l’exécution de 15 membres de l’organisation terroriste le lundi 17 septembre dernier, John est ferme. «Ces gens vont disparaître ! Ce sont des bandits. En tout cas, ils n’osent pas mettre les pieds ici à Lagos car ils sont avertis par la population.» Pour Ufoama, Boko Haram est par contre une affaire lointaine qui ne menace nullement la ville de Lagos. «Ces histoires se passent au nord du pays. Personnellement, j’oublie très souvent ce conflit. Ici, chacun s’occupe de sa vie», dit-elle d'un air détaché qui ne disculpe pas les médias occidentaux. «Ce sont les chaînes de télévision des Blancs que vous suivez qui vous saoulent avec cette histoire de Boko Haram», s'insurge Ufoama.
Loin des clichés reproduits partout, Funmy appelle à plus de sérénité. Née et ayant grandi à Lagos, elle n’hésite pas à préciser que la secte qui fait tant parler d'elle-même reste «une organisation terroriste venue d’ailleurs pour semer le désordre au Nigeria’’. Plus loin, elle dira que c’est une ‘’affaire de musulmans peuplant le nord du pays’’. Les avis sont multiples même si le débat sur Boko Haram reste encore «tabou» à Lagos. On murmure, on chuchote, mais presque jamais on ne l’aborde en public avec des inconnus. Au vu des dispositifs sécuritaires en place devant les hôtels et autres lieux publics, on perçoit aisément que le spectre de la peur plane sur les esprits.
Créée en 2002 par un certain Mohamed Yusuf, la secte Boko Haram, est considérée aujourd'hui comme une organisation terrorisme. Elle est présente sur la liste noire des Etats-Unis dans ce domaine. Son objectif déclaré est de faire appliquer la Chari'a dans tout l'espace fédéral nigérian. Étiquetée pour sa proximité idéologique avec les Talibans d'Afghanistan, elle prône un islam radical qui s'illustre par des séries de violences contre les intérêts du gouvernement de l’Etat fédéral, entre autres cibles...
AMADOU NDIAYE
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