Le nouveau directeur du comité d’organisation prône l’élargissement des perspectives
Les rideaux sont tombés sur la 32e édition du Festival de jazz de Saint-Louis. Durant quatre jours, de grands noms du jazz ont gratifié les festivaliers venus de divers horizons de plus beaux morceaux de leurs répertoires. Lors de la traditionnelle conférence de presse de clôture initiée par l’un de leurs partenaires, en l’occurrence la Bicis, les organisateurs ont fait part de leur satisfaction. Le tout nouveau bureau du comité d’organisation du festival dirigé par Idriss Bengeloun souhaite apporter d’autres innovations aux prochaines éditions.
La directrice générale de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (Bicis) Ndèye Coumba Tew Aw et le nouveau président de l’Association Saint-Louis Jazz, Idriss Bengeloun, ont animé, le dimanche 19 mai 2024, la conférence de presse de clôture du Festival international de jazz de Saint-Louis.
Pour sa première participation au festival de jazz en tant que président du comité d’organisation dudit événement, Idriss Bengeloun se dit très satisfait. ‘’Maitre Diop a présidé le festival pendant presque 12 ans. On a en quelque sorte été dans son ombre. Depuis 32 ans, le festival est régulièrement organisé. Tout le monde aimerait qu’un festival de cette envergure aille de l’avant. Le festival de Saint-Louis est inscrit dans les plus grands catalogues de festivals du monde. En plus, l’événement est en train de booster l’économie de la ville’’, s’est félicité M. Bengeloun.
Toutefois, il espère apporter une autre vision différente de celle de Me Diop. Et pour que son souhait soit concrétisé, il compte impliquer davantage les artistes locaux à travers des partenariats. D’ailleurs, dit-il, cette année, le comité a fait un pas allant dans ce sens avec la création de l’esplanade Jazz. Ce podium a pour but, selon M. Bengeloun, de promouvoir les artistes locaux. À cela s’ajoute la foire de Baya et le défilé des voitures de collection dans les artères de la ville. ‘’Saint-Louis jazz a compris que les populations étaient mises à l’écart. Maintenant, on les associe à l’événement en organisant des carnavals…’’, a souligné M. Bengeloun.
Par ailleurs, il prévoit assainir davantage l’événement qui profite plus aux hôtels, bars et boites de nuit. À l’en croire, des concerts sont organisés avec les logos du festival sans leur consentement.
Toujours dans l’idée d’innover, M. Bengeloun a évoqué le passage du comité à la fondation. Un souhait qui tarde à se concrétiser du fait du manque de personnes-ressources. À l’en croire, jusque-là, ils n’ont reçu que des promesses. ‘’On envisage de faire de l’association une association d’utilité publique. De ce statut, on pourrait facilement passer à la fondation’’, dit-il.
En outre, même s’il compte véhément sur le soutien de l’Etat pour une bonne tenue du festival, Idris Bengeloun s’est réjoui de leur partenariat avec la Bicis. Il espère que cette collaboration va se perpétuer. Ce, après un compagnonnage qui a commencé en 1993.
Il n'y a pas de quoi s'en faire. En effet, dès l’entame de son propos, la directrice générale de la banque, Ndèye Coumba Teuw Aw, a promis que la Bicis va continuer à accompagner le festival de jazz avec le groupe Sunu qui regroupe 35 entreprises. ‘’Ce partenariat était une initiative de la fondation BNP Paribas. Elle s’était engagée pour deux ans. L’année prochaine, ça sera sous un autre format avec un autre mode de partenariat. Car la Bicis compte faire durer ce compagnonnage. C’est un événement qui participe au développement de la ville culturellement. Et la culture est la base de tout. Je pense qu’on va cheminer ensemble. J’espère que ça sera pour des années et des années’’, a dit la DG de la Bicis.
Master class Prytanée militaire
Le Prytanée militaire a lui aussi fait son festival de jazz. Les musiciens en herbe de cet établissement scolaire d’excellence n’ont rien à envier aux artistes de renom qui faisaient les spectacles à la place Baya. Sous la houlette de grands artistes, les jeunes musiciens ont repris les productions de musiciens, au cours de la restitution d'une master class que la Bicis sponsorise depuis 15 ans. Le spectacle se faisait devant l’Amicale des anciens enfants de troupes. Avec leurs cadets, ces anciens de l’établissement qui sont devenus des autorités ont chanté l’hymne de l’établissement. Leur émotion trahissait leurs voix au cours de cet exercice. Prenant la parole au nom de ses camarades, Malick Maguèye Diaw a déclaré : ‘’Je voudrais, au nom de l’Amicale des anciens enfants de troupe, faire des remerciements. Des mots de remerciement à la Bicis. Ça fait maintenant 15 ans que cette master class se tient. Tout a débuté ici en 2009 lorsque la fondation BNP Paribas a eu cette idée merveilleuse de mettre en relation des musiciens confirmés avec des musiciens en herbe. Et après la mayonnaise a pris très rapidement. Ça peut être banal, mais il y a deux générations d’enfants de troupe qui sont passées et la master class continue. Ce petit bonheur que nous donnons aux enfants, à nos cadets et aux artistes qui viennent, qui sont très heureux de pouvoir échanger avec des musiciens en herbe est important. Merci à vous (la Bicis) pour ce soutien constant’’.
Brassage culturel à la place Baya
La prestation de la nuit du dimanche à l’occasion du Festival de jazz de Saint-Louis sortait de l’ordinaire. Le Français Rafael Pannier et le Sénégalais Khadim Niang ont époustouflé le public qui était venu nombreux assister au concert. Sur scène, le sabar typiquement sénégalais a embrassé le jazz américain, créant une agréable sensation chez les mélomanes qui, quelquefois, se surprenaient en train de danser. Pour Raphaël Pannier, leur prestation, qui est le fruit de 10 jours de travail acharné, comporte un message important. ‘’On a travaillé 10 jours, quasiment 10 heures par jour, tous ensemble, au studio de Boubacar Tall. Ce qui s’est passé est incroyable et c’est le message de ce concert. Je voudrais qu’il inspire chacun de nous, surtout les artistes. C’est la mise à côté de l’ego et le respect de toutes les règles et de toutes les traditions pour créer ensemble et être encore plus ensemble’’, a dit le jeune artiste de 34 ans venu de la France pour participer au festival.
À travers le morceau ‘’Sine-Saloum’’ et la reprise de ‘’Jaam’’ de Doudou Ndiaye Coumba Rose en guise d’hommage, le duo Khadim Niang-Raphaël Pannier a égayé le public composé de touristes et de nationaux.
Pour clôturer en beauté, Denise King des États-Unis a davantage conquis le cœur des mélomanes qui s’’’enjaillaient’’ de la meilleure des manières, le tout dans une ambiance euphorique.
MAGUETTE NDAO