Hourèye Thiam déterminée à rester au volant
Hourèye Thiam a fait face à la presse, ce jeudi, pour donner sa version des faits dans le conflit qui l'oppose à un groupe de transporteurs de Saint-Louis. La journaliste de profession ne compte pas faire machine arrière, nonobstant les obstacles sur son chemin.
Depuis 72 heures, c'est l'histoire qui tient en haleine le secteur du transport. Hourèye Thiam, plus connue à la télévision comme journaliste ou encore dans l'organisation de voyages à La Mecque, fait face à l’opposition farouche d'un conglomérat de transporteurs qui ne veulent pas de son implantation dans cette partie du nord du Sénégal.
“On vit une situation difficile, depuis le 12 juin. Nous avions pris la décision d'investir dans le secteur du transport, dans le cadre de la diversification de nos activités en tant qu'opérateur économique. C'est ainsi que nous avons investi dans des bus ultramodernes avec toutes les commodités (wifi, clim, branchement USB...). Nous voulions juste répondre à une demande par la qualité” décline la propriétaire de Machallah Transport.
Droite dans ses bottes, Hourèye Thiam a expliqué que son immersion dans le monde du transport était juste motivée par son souhait d'endiguer un malheureux phénomène. “Cet investissement massif était une façon pour nous de combattre les accidents de la circulation qu'on constate au niveau du transport interurbain. La meilleure façon pour nous de lutter contre cette recrudescence des chocs était d'investir sur le renouvellement du parc automobile avec également des chauffeurs professionnels et un circuit préétabli, des horaires limpides de départ. C'est également notre modeste contribution à l'économie nationale”.
Toutefois, Mme Pereira a fait part de sa “grande surprise”, lors du démarrage effectif de “l'exploitation”, qui a préalablement suscité des “investissements lourds”. Selon elle, un “véritable mur de fer” a été dressé par les transporteurs s'opposant ainsi “farouchement à cette implantation, sous prétexte que c'est trop moderne et qu'ils risquent de ne plus avoir de clients face à notre offre de services”.
Face à la presse, la novice dans ce secteur assez masculin a aussi vitupéré contre le parti pris de l'autorité territoriale. “Malheureusement, l'administration territoriale notamment, qui devait nous protéger, nous a laissés à nous-mêmes, préférant se ranger du côté des transporteurs de Saint-Louis. Si nous avons pris l'option de dénoncer, c'est parce que nous considérons que c'est là une violation de l'égalité entre les citoyens. Car de milliers de bus roulent au Sénégal sans être inquiétés. Pourquoi il devrait y avoir de discrimination pour notre cas ? Nous avons fait les démarches nécessaires pour en informer les autorités compétentes, la haute hiérarchie”, s’est-elle désolée.
Le double langage des autorités saint-louisiennes
Ainsi, en dépit des coups bas comme acte de bienvenue, Hourèye Thiam a fait savoir qu'elle n'allait pas abandonner ce secteur “libéral”, d'autant plus qu'elle bénéficie de la bénédiction des départements ministériels concernés. “Nous allons continuer à exploiter, car nous sommes dans la légalité. En outre, toutes les autorités de tutelle nous ont donné raison, que ce soit les ministères des Transports et de l'Intérieur. Mais il faut rappeler qu'ils ont pris toutes les dispositions nécessaires pour qu'on nous laisse circuler. Ce que nous fustigeons, c'est que certains citoyens s'arrogent le droit de faire la loi dans ce pays. Il faut que l'État prenne ses responsabilités pour protéger et sécuriser les citoyens qui veulent investir dans leur pays”.
Dénonçant le double langage des autorités saint-louisiennes, elle espère tout de même un dénouement heureux. “Ce que les autorités disent et ce qu'elles font est diamétralement opposé. Nous avons espoir que cette situation sera réglée par la tutelle. Elles nous ont promis que tout reviendra à la normale”.
Dans cette même veine, la journaliste de métier a fustigé certaines déclarations de bas étage. ‘’On n’a pas le droit de nous interdire d'accéder au secteur sous prétexte que nous sommes des femmes ou que nous ne sommes pas de Saint-Louis. Ce sont des discours à éradiquer dans ce pays”.
Selon Mme Thiam Pereira, il est impératif de faire face à cette forfaiture afin de donner du courage aux autres qui ambitionnent de se lancer dans le secteur des transports ou dans un tout autre secteur susceptible de créer des emplois. “C'est le moment de le rappeler, nous visons 100 emplois dans le long terme. Mais malheureusement, notre élan a été freiné, car notre ambition est de couvrir tout le Sénégal. Nous en avons les moyens techniques et les ressources humaines pour le faire. Mais avec cette déconvenue, nous avons peur de continuer à investir dans ces conditions. C'est une situation hostile à toute visée d'investissement, un signal décourageant envoyé à plus d'un. Pour ma part, j'avais décidé de laisser tomber, mais les soutiens reçus de part et d'autre me permettent de tenir, pour la vague d'investisseurs qui veulent venir derrière”.
Mamadou Diop