Le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye est arrivé hier à Kédougou. En visite à Saraya, au bord de la Falémé, il a annoncé que l’Inspection générale d’Etat est en train d’auditer les permis miniers de certains orpailleurs.

‘’J'avais instruit l'IGE de faire l'audit des permis et titres miniers qui ont été octroyés au Sénégal sur une certaine période. Le ministère lui-même est en train de faire le même travail et quand ils croiseront leur rapport, certainement des recommandations en sortiront et feront l'objet d'applications strictes dans la plus grande mesure’’, a dit sur un ton ferme hier le président de la République. Bassirou Diomaye Faye est à Kédougou depuis hier.

Il n’est pas allé dans cette partie du pays juste à cause de la crue du fleuve Sénégal mais plus pour voir l’état d’application du décret protégeant la Falémé et pris il y a quelques semaines. Ce faisant, il a félicité ‘’les forces de défense et de sécurité qui effectuent un travail remarquable dans le cadre de la sécurisation de cette partie du pays’’.

Il a ajouté être sur les lieux pour ‘’voir les défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés de plus en plus dans la zone de la Falémé et qui ont conduit les ministres de l'Environnement, des Mines et celui chargé de l'Intérieur de la Sécurité publique et celui des Forces armées à faire un rapport suite auquel nous avons pris un décret pour interdire les activités d’orpaillage à 500 mètres de la Falémé. Il fallait aussi venir jusqu'ici pour voir les dégâts qui ont été rapportés, mais constater de visu aussi le niveau d'application du décret et davantage instruire les forces de défense et de sécurité avec la collaboration des populations des élus et des autorités déconcentrées de veiller à ce que cette mesure soit correctement appliquée sur la durée qui est prévue, à savoir d'ici à juin 2027’’.

BDF tient au strict respect de la mesure. ‘’C'est une préoccupation majeure quand on sait que la Falémé est un affluent du fleuve Sénégal qui alimente jusqu'à Dakar les populations pour l'eau à usage domestique, d'autant plus que nous sommes dans le cadre de projets de transferts d'eau qui partent toujours du fleuve Sénégal, notamment pour ce qui concerne les grands transferts et qui doit alimenter les villes de Touba, de Thiès, de Mbour et de Dakar. Ils concentrent plus de 52% de la population urbaine, 31% de la population du Sénégal, étant entendu que l'essentiel des pôles urbains sont configurés entre Diamniadio, Daga Kholpa, la nouvelle ville de Thiès, et Mbour dans une certaine mesure. Évidemment c'est une préoccupation, mais je pense que ce que j'ai constaté rassure quant à la fermeté qu'il faut avoir pour faire appliquer le décret dans la durée et je suis rassuré de savoir qu’avec l’aide du gouverneur que les délimitations ont été effectuées’’, a dit BDF.

Mais tout le travail n’est pas encore effectué. Il a instruit les forces de défense et de sécurité de déplacer après l’hivernage tout matériel se trouvant dans l'emprise des 500 mètres qui font l'objet d'une interdiction. ‘’Les ayants droit peuvent exploiter dans le périmètre qui ne fait pas l'objet d'interdiction, mais qu'on veille systématiquement à ce qu'il n'y ait pas d'irrégularités liées au périmètre d'interdiction, parce que, pour nous, c'est une question vitale. Cette eau est celle que nous buvons. Elle fait l'objet d'une pollution grave au cyanure, au mercure et à toute autre substance, sans compter la dégradation de l'environnement, parce que nous avons constaté que partout où il y a de l'orpaillage, quel que soit le type, tout ce qui est écosystème forestier est détruit’’, s’est désolé le président de la République.

Mais, a-t-il rassuré, ‘’nous n'attendons pas faire comme si de rien n'était, alors que nous avons besoin de cette eau pour l'agriculture irriguée dans une certaine mesure, mais surtout pour alimenter une grande partie de notre population. Voilà le sens de ma visite et nous continuerons autant que possible à faire ce type de visite pour évidemment observer par nous-mêmes la réalité du terrain’’, a-t-il précisé.

Le Gouvernement est conscient que la Falémé se trouvant entre le Mali et le Sénégal, si l’un des deux pays décident seul que l’or ne soit plus traité dans les eaux de ce fleuve, l’impact sera moindre pour ne pas dire nul. Ainsi, a annoncé BDF, des discussions seront menées avec les pays frontaliers. ‘’Nous entendons aussi, comme nous avons commencé à le faire, discuter avec les autorités des autres pays, notamment nos frères maliens, étant entendu que si on interdit de ce côté et que l'activité se poursuit de l'autre,  évidemment, même si on a du résultat de notre côté, l'absence de mesures prises au niveau du pays frère le Mali et le pays frère la Guinée pourrait drastiquement réduire les objectifs et les résultats que nous visons dans le cadre de ces mesures draconiennes que nous avons prises’’.

Aujourd’hui, dans l’agenda du président figure une visite à Sabadola, le matin. Après, il ira à Soredmines, puis à Bakel où il survolera les zones inondées, après il échangera avec les autorités locales et administratives à l’aérodrome de Bakel, avant de revenir à Dakar.

IDRISSA AMINATA NIANG