Un succulent cocktail de stepping et de sabar
Les danseurs américains du groupe Step Afrika et le Ballet national la Linguère ont présenté le fruit de leur collaboration, mardi à Dakar. Il s’agit d’un spectacle savamment chorégraphié. Un mélange de stepping et de sabar a été présenté au public. Une prestation de haute facture.
Une fusion du sabar et de la danse step ! Une belle chorégraphie a été présentée, à l’occasion d’une prestation scénique du groupe de danse Step Afrika des États-Unis puis du Ballet national la Linguère du Théâtre Daniel Sorano. Un cocktail de danses dont les styles et les techniques diffèrent, montrant un brassage, un dialogue des cultures entre des Américains et des Sénégalais. Il a été réalisé par de talentueux artistes. Une prestation bien appréciée par un public très réactif.
La soirée a débuté avec un spectacle de Step Afrika seulement, montrant différentes facettes de leur danse. Il s’en est suivi celle du Ballet national la Linguère, censé clôturer en beauté avec des chorégraphies de plusieurs danses sénégalaises. C’est à la suite de cela que les deux groupes se sont retrouvés sur la scène ensemble, pour un duo explosif, sous le rythme des tam-tams, à la surprise du public.
‘’Les danseurs n’ont répété ensemble que pendant deux jours. Ils ont quand même pu nous présenter un magnifique spectacle. Ça reflète le talent et même le don de nos artistes en termes d’adaptation, mais également les artistes de Step Afrika qui nous ont montré un beau spectacle, des relations excellentes avec les États-Unis qui constituent un partenaire stratégique et privilégié du Sénégal et qui a été désigné pays invité d’honneur de la Biennale’’, a apprécié le directeur général du Théâtre Daniel Sorano, Ousmane Barro Dione, saluant la diversité et l’unicité de la culture, mais également un langage unique offert par la danse.
En tant qu'Afro-Américain, Pelham F. Warner, membre de Step Afrika, se dit impressionné par ce qu’il a vu ici avec les artistes sénégalais. ‘’Je suis toujours ravi de voir ce que l'Afrique peut offrir en termes de culture, d’art et tout ce qui va avec’’, a soutenu le danseur ému.
Le stepping, une danse déportée d’Afrique vers les Amériques
Une rapidité des gestes de pieds effectués minutieusement caractérise le step dancing. En raison des frappes au sol, des sons rythmiques se produisent, les danseurs, ayant du fitness et du bon cardio, réalisent des mouvements en hauteur, des montées et descentes rythmiques. Symbole de fraternité des étudiants noirs en Amérique, la danse a été créée par les esclaves déportés d'Afrique vers les Amériques et les îles de l'Atlantique. En effet, il était interdit aux esclaves d’utiliser des tambours. Le stepping fut un moyen de retrouver les rythmes à travers les mouvements de pieds frappés au sol, les claquements de main, etc. ‘’Les tambours ont été prohibés. C’était illégal de les utiliser. Donc, cela a poussé (les Noirs) a créé d’autres types d’art comme le claquement et les mouvements de danse, les beatbox, etc. C’était un moyen pour les Noirs américains d’exprimer leur art d’une autre façon’’, a soutenu le danseur Pelham F Warner.
Par rapport à Step Afrika, il fait partie des plus grands groupes de danse américains. Neuf artistes du groupe sont venus au Sénégal, mais ils sont au total 19 basés à Washington qui y travaillent à temps plein. Step Afrika a 30 ans d'existence.
Après sa présence à Sorano avec le Ballet national, ce groupe de danse des États-Unis pense à une continuité de la collaboration dans le futur. ‘’On pourra continuer cette collaboration, pas seulement au Sénégal. Peut-être que nous allons amener les artistes du Ballet la Linguère aux USA’’, a soutenu C. Brian Williams, fondateur et manager de Step Afrika.
Le pont est mis en place par l’ambassade des États-Unis. ‘’Depuis très longtemps, j’ai voulu venir au Sénégal. Cela vient d'être finalement réalisé. C’est un honneur et un privilège pour moi d'être venu ici pour faire cette prestation’’, a ajouté C. Brian Williams.
BABACAR SY SEYE