El Malick Ndiaye, de la résistance au perchoir
Élu avec une large majorité, El Malick Ndiaye, figure de proue de Pastef, est le nouveau président de l'Assemblée nationale. Son parcours, marqué par la contestation, la résilience et l'efficacité, en fait un acteur clé de la nouvelle dynamique politique. Jeune leader charismatique et éloquent, il incarne l'espoir du changement.
C’est avec 134 voix sur les 165 députés que compte le parlement qu’El Malick Ndiaye a été élu président de l’Assemblée nationale sénégalaise, devenant ainsi la deuxième personnalité de l’État. Vingt-deux députés se sont prononcés contre, tandis que sept se sont abstenus. L'élection d'El Malick Ndiaye à la présidence de l'Assemblée nationale, ce 2 décembre 2024, revêt une symbolique forte. Cette date marque en effet le sixième anniversaire du décès de Sidy Lamine Niasse, journaliste emblématique et ancien directeur général de Walfadjri, connu pour son esprit de rupture et son indépendance de pensée. Tout comme Sidy Lamine Niasse, El Malick Ndiaye incarne une nouvelle ère de contestation et de changement, portée par l'avènement de Pastef.
Le 13ᵉ président de l’Assemblée nationale s’est distingué par ses talents oratoires et son discours sans concession contre l’ancien régime. Cette posture lui a valu des persécutions, notamment en juillet 2023, lorsqu'il a été inculpé pour diffusion de fausses nouvelles. Placé sous contrôle judiciaire avec un bracelet électronique, symbole de résistance pour les partisans de Pastef, il a incarné la ténacité face aux adversités. Son parcours judiciaire, marqué par l’ordonnance du juge Oumar Maham Diallo qui a refusé son placement en détention malgré les réquisitions du procureur, a renforcé son aura au sein de son parti.
Mais loin de l'affaiblir, ces épreuves ont rehaussé son image de symbole de résistance au sein du mouvement patriotique.
Après la victoire éclatante du Pastef aux élections présidentielles de février 2024, il a été nommé ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens. Lors de son passage à ce ministère, il s’est distingué par sa capacité à gérer les crises, notamment celle liée à l'organisation du Magal de Touba, et à poser des actes concrets pour revitaliser la compagnie nationale Air Sénégal. Pour lui, « Air Sénégal est liée à l'image du pays. Nous devons mettre la société en bon état, qu'elle soit efficace, afin de positionner notre pays au niveau international. »
Toujours soigné, que ce soit en boubou traditionnel ou en costume-cravate, El Malick cultive une image d’élégance. Sa mine calme, sa barbe impeccablement rasée et ses lunettes assorties à sa tenue soulignent un charisme qui ne passe pas inaperçu. Cette allure soignée n'est pas qu'une question d'apparence : elle reflète une rigueur et une détermination qui se manifestent aussi dans son discours politique.
Un débatteur redoutable au perchoir
Proche du tandem Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, l’actuel chargé de communication du Pastef s'est forgé une réputation solide en défendant avec ferveur son leader, notamment lors de l'affaire Adji Sarr. Présent sur tous les plateaux télévisés, il a démontré une loyauté indéfectible et une éloquence qui lui ont valu le respect de ses partisans et l’attention de ses détracteurs.
Maîtrisant parfaitement le wolof, le natif du Djolof est connu pour être un débatteur aguerri. Ses interventions sont précises, incisives et souvent implacables, ce qui lui a permis de s'imposer comme l'une des voix les plus influentes de ce jeune parti. À l'Assemblée nationale, il devra faire face à une opposition expérimentée, avec des figures comme Amadou Ba, Aïssata Tall Sall ou Barthélemy Dias. Toutefois, il bénéficiera d’une majorité solide, acquise à sa cause, ce qui pourrait faciliter ses premières batailles parlementaires.
Le premier grand test de sa présidence sera sans aucun doute le projet de loi sur l’amnistie. Cette question sensible, qui touche à la réconciliation nationale mais aussi à la justice et à la mémoire des événements récents, sera déterminante pour la suite de la législature. La manière dont il gérera ce débat pourrait bien poser les jalons de son mandat à la tête de l’Assemblée.
Il incarne une génération politique en rupture avec l’ancien régime. Avec son talent oratoire, son image soignée et son engagement sans faille, il symbolise les aspirations de ceux qui ont porté Pastef au pouvoir. Son accession à la présidence de l’Assemblée nationale marque un tournant dans la vie politique sénégalaise, promettant des débats animés et des réformes ambitieuses sous sa houlette.
Né en 1983 à Dahra Djolof, dans la région de Louga, El Malick Ndiaye a toujours entretenu un lien fort avec sa terre natale. Candidat malheureux aux élections locales de janvier 2022 à Dahra Djolof, fief de la famille royale d’Alboury Ndiaye, il n’a jamais caché ses bonnes relations avec Aly Ngouille Ndiaye, autre figure politique locale (ancien ministre et maire de Linguère).
Expert en transport et logistique, El Malick Ndiaye a rejoint Pastef en 2015 après une carrière dans le secteur privé, notamment chez Maersk Line et Eramet. Diplômé de l’IAE Paris-Sorbonne et de l’Université Paris Dauphine-PSL, il incarne cette nouvelle génération de dirigeants sénégalais, formés à l’international mais profondément enracinés dans leur terroir.
Son élection à la tête de l’hémicycle est un tournant dans la vie politique sénégalaise. Porteur des idéaux de rupture prônés par Pastef, il incarne l’espoir d’une gouvernance transparente et orientée vers les intérêts du peuple. Avec son parcours atypique, entre persécutions politiques, gestion ministérielle réussie et engagement local, il s’affirme comme une figure clé du renouveau démocratique du Sénégal.
Amadou Camara Gueye