Pour la structuration de l’audiovisuel africain et la création d’emploi

La 3e édition du Forum audiovisuel des femmes africaines en communication, Tic et télévision (Fact) s’est ouverte hier à Dakar. Présidé par la journaliste Marième Selly Kane, le Fact Dakar court jusqu’au 25 avril. ¨Structurer l’audiovisuel africain pour créer de l’emploi et raconter nos histoires¨ est le thème choisi cette année.
Dans un contexte où la jeunesse africaine est hyperconnectée, le véritable enjeu ne réside plus dans l’accès à la technologie, mais dans l’usage intelligent et la valorisation des outils numériques. Les organisateurs de la 3e édition du Forum audiovisuel des femmes africaines en communication, Tic et télévision (Fact) l’ont bien compris. Ils ont, en effet, choisi de placer cette année l’événement, officiellement ouvert hier, sous le thème ¨Structurer l’audiovisuel africain pour créer de l’emploi et raconter nos histoires¨. Un sujet qui est plus que jamais d’actualité, d’où sa pertinence. Il interroge les moyens de faire de l’audiovisuel un levier économique et identitaire. Pour cette édition, le Fact Dakar, qui se termine ce 25 avril, met l’accent sur la formation, la structuration et la coopération Sud-Sud et Sud-Nord. Des délégations du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Canada et de la France ont été conviées pour enrichir la réflexion, partager des modèles réussis (comme le Codewood ivoirien ou l’approche québécoise de soutien à la création) et établir des passerelles durables.
Dans ce sens, la directrice du Fact, Marième Selly Kane, est revenue sur les grandes lignes de cette rencontre : ¨Le forum audiovisuel est un espace d’échange essentiel sur la place des femmes dans les médias audiovisuels et plus largement dans les industries créatives. Cela fait longtemps que les femmes luttent pour occuper une place légitime dans les médias. Nous venons de la télévision, mais aujourd’hui, la création de contenus s’exprime sur tous les supports. C’est une véritable opportunité pour générer des revenus, pour faire vivre les créateurs et les créatrices, et pour proposer un contenu qui valorise nos territoires et nos identités¨, a-t-elle déclaré. D’après elle, le Fact Dakar ambitionne de contribuer à une meilleure structuration de l’écosystème audiovisuel en Afrique, tout en mettant en lumière les talents féminins et les perspectives d’un secteur qui est en pleine mutation. ¨Tous les jeunes ont un smartphone. Mais qu’en font-ils ? Beaucoup de divertissements, très peu de créations structurées. Il est temps d’accompagner ce potentiel¨, souligne MSK, tout en mettant en lumière un constat préoccupant. Pour elle, bien que les jeunes soient massivement connectés, rares sont ceux qui exploitent pleinement les possibilités créatives offertes par le numérique. Elle insiste, par ailleurs, sur la place des femmes dans les médias, tout en élargissant la réflexion. ¨Pour cette troisième édition, nous avons voulu aller au-delà de la sensibilité femme-genre. Nous avons réfléchi à la nécessité de structurer les organisations professionnelles dans les domaines de l’audiovisuel et du digital afin d’avoir un impact plus fort¨.
Aussi, a-t-elle insisté sur le fait que la structuration est une étape cruciale, notamment en Afrique francophone où le manque de ressources financières freine l’évolution du secteur. ¨Pourtant, il existe des fonds partout dans le monde, dans les pays du Nord, qu’ils soient francophones comme le Canada et la France, ou anglophones. Ces financements pourraient renforcer nos capacités de production audiovisuelle. Mais comment y accéder si nous ne sommes pas suffisamment outillés ?¨, s’interroge-t-elle.
Soulignons que depuis sa création, le Fact Dakar a abordé des problématiques majeures. En 2021, la première édition s’était concentrée sur l’autonomisation des femmes et des jeunes filles à travers la télévision. En 2022, le forum explorait la sécurité de l’image des femmes dans les médias, en temps de crise, durant la pandémie de Covid-19.
Le Mali, le Québec, la Côte d’Ivoire présents à l’événement
Cette année, le Fact Dakar accueille des invités internationaux en provenance du Québec. Une séance de présentation a donc été consacrée au fonctionnement de l’écosystème audiovisuel québécois pour aborder la question sur le cinéma, les séries télévisées et le numérique, ces derniers étaient au cœur des échanges pour cette première journée du forum. La présidente de l’Association des producteurs du Québec, Josette Normandeau, a souligné que le Sénégal est actuellement en pleine structuration, que ce soit au niveau de la production ou des syndicats et associations de professionnels techniciens, réalisateurs, auteurs, acteurs. ‘’L’objectif est de voir si l’exemple québécois peut inspirer certains modèles, afin que chacun puisse ensuite les adapter aux réalités de son propre pays. Mais avant tout, c’est l’échange qui est fondamental’’, a-t-elle dit.
Il en sera de même avec les invités venus du Mali et de la Côte d'Ivoire. Ils partageront leurs expériences locales. ‘’En Côte d'Ivoire, ils sont en train de lancer un Codewood. Le Codewood, c'est comme Nollywood. C'est un système de distribution de toutes les productions ivoiriennes qui vont mettre en place un label Made in Côte d'Ivoire¨, a informé MSK. Elle a ajouté que le Sénégal aspire à ça.
Thécia P. NYOMBA EKOMIE