Publié le 6 May 2025 - 15:42
JOJ Dakar 2026

L’équitation sénégalaise au cœur d’une tourmente éthique et financière

 

À l’approche des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) Dakar 2026, l’équitation sénégalaise se trouve à un tournant décisif. Si les préparatifs battent leur plein, des voix s’élèvent encore et encore pour dénoncer des pratiques opaques au sein de la Fédération Sénégalaise des Sports Équestres (FSSE), mettant en lumière des dysfonctionnements qui pourraient compromettre le bon déroulement de cette discipline lors des JOJ mais aussi et surtout son avenir.

Il semblerait qu'un budget colossal de 19 milliards de francs CFA auraient été approuvés pour les travaux d’infrastructures, l'acquisition de chevaux et des matériels logistique et technique, la préparation des jeunes cavaliers et la formation et la mise à niveau des acteurs. Je m'interroge sur ce montant alloué ? Je rejoins ainsi à l’heure du renouveau politique, les voix qui s’élèvent et qui se demandent : “Sur quelle base ces fonds ont-ils été alloués et qui en seront les véritables gestionnaires ?”

Une gestion financière opaque: Des préoccupations similaires ont été soulevées  dans d’autres fédérations sportives sénégalaises, comme celle de Karaté, où des accusations de malversations financières ont émergé. Un audit de la FSSE pourrait révéler également de pareils scandales. L’absence de transparence financière et de mécanismes de reddition de comptes suscite des inquiétudes quant à la gestion des fonds alloués à la préparation des JOJ.

*19 milliards pour quoi, pour qui si cela est confirmé ?* L’annonce d’un tel budget fait froncer les sourcils. Depuis *16 ans*, la Fédération Sénégalaise des Sports Équestres (FSSE) est dirigée par une même équipe, sans jamais produire *le moindre rapport de gestion public*. Dans ces conditions, comment justifier un tel investissement ? Quelle évaluation des performances et des compétences de l’équipe dirigeante a précédé cette décision ? Et surtout, quelle garantie que l’argent du contribuable ne servira pas, une fois encore, à entretenir des dysfonctionnements ou faciliter le détournement des deniers publics ?

Une Fédération sans Direction Technique Nationale ; une sélection opaque : Comment peut-on prétendre former une élite nationale quand *aucune direction technique nationale* n’est en place pour superviser, structurer et évaluer la progression des cavaliers ? La sélection des jeunes pour les JOJ se fait-elle sur la base de résultats, de compétences objectives, ou par favoritisme ? Le flou est total, et l'absence de critères transparents renforce le sentiment d’injustice parmi les jeunes cavaliers.

*Favoritisme ou exclusion volontaire ?* À compétences égales, pourquoi observe-t-on une préférence pour certains cavaliers “étrangers” et “binationaux”, souvent mieux entourés car étant plus riches, au détriment de jeunes cavaliers sénégalais "purs souches" qui évoluent au Sénégal avec peu de moyens ? Cette politique d’exclusion implicite est non seulement injuste, mais elle freine le développement local de la discipline.

*Respect du pays, du drapeau, des jeunes et de la législation du travail : une remise en question nécessaire*

La gestion actuelle soulève des préoccupations quant au respect des valeurs nationales et des aspirations des jeunes cavaliers. Les promesses non tenues et la manipulation des attentes des jeunes talents pour des gains personnels ou institutionnels sont contraires à l'esprit sportif et aux principes olympiques. Il est impératif que la fédération adopte une approche transparente, équitable et centrée sur le développement authentique des athlètes.

*Des infrastructures pour la vitrine ou pour l’avenir ?* Alors que plusieurs clubs équestres locaux peinent à maintenir leurs installations, il semble incohérent d’injecter des milliards dans de *nouvelles infrastructures* qui, comme tant d’autres après les grands événements, risquent de tomber en ruine faute d’entretien. Pourquoi ne pas *optimiser l’existant* ? Pourquoi ignorer les structures déjà actives, qui connaissent les réalités du terrain et ont fait leurs preuves malgré tout ?

*Un appel urgent à l’audit, à la justice sportive et à la réforme pour un avenir équitable* Alors que le Sénégal s'apprête à accueillir un événement sportif d'envergure mondiale, il est impératif que la FSSE adopte des pratiques de gouvernance transparentes et inclusives. La mise en place de mécanismes de contrôle indépendants, la diversification des instances dirigeantes et l'engagement de l'ensemble des acteurs de la communauté équestre sont essentiels pour garantir l'intégrité et le développement durable de l'équitation au Sénégal. L’heure est venue pour les nouvelles autorités sénégalaises de procéder à un audit rigoureux et public de la gestion des fédérations sportives. L’argent public ne doit pas servir d’écran de fumée à des intérêts particuliers. Chaque franc CFA engagé doit répondre à un objectif clair : l’amélioration réelle et durable des conditions de vie et d’expression des talents sénégalais.

*Pistes de solutions et conclusion*

Les acteurs de l’équitation sénégalaise interpellent l’État : il est encore temps de rectifier le tir. Dakar 2026 ne doit pas être une vitrine creuse, mais un levier de transformation équitable et durable. À condition que les choix soient guidés par la compétence, la transparence et l’équité, et non par les réseaux et l’opacité.

Solution 1 : Suspendre momentanément voire arrêter les chantiers de Diamniadio : un projet flou et dont l’impact sur les populations, l’économie et les défis actuels du pays relativement faible

  • L’Etat gagnerait à investir dans des travaux de réaménagement et de réhabilitation du “Cercle de l’Etrier de Dakar” et en faire par la suite une association d’utilité publique avec un regard et une implication dans sa gestion future.  Le CED est reconnu comme une association et est le club équestre le plus formellement structuré et “en règle” avec l’administration fiscale et sociale, disposant de près de 3 hectares du domaine national et d’infrastructures adaptées pour accueillir la discipline équestre. Les travaux à faire sur site sont estimés au grand max entre 1 et 2 milliards et réalisable sur 3 à 6 mois au grand max et abriter l'événement dans les meilleures conditions et avec moins de budget.

Solution 2 : Dissoudre le bureau fédéral actuel : Le bureau actuel est illégitime,  inopérationnel et composé essentiellement de familles et de bandes d’amis qui ne sont là que pour leurs propres intérêts

  • Mettre en place un comité ad hoc composé d’une quinzaine de membres pouvant être composé comme suit pour une période de trois ans:
  • Un (e) président (e)  
  • un secrétaire général
  • un directeur des opérations
  • un directeur administratif et financier
  • un directeur technique national
  • un (e) directeur de la communication, de l’innovation et des partenariats
  • un représentant des responsables de club
  • un représentant des cavaliers, propriétaires de chevaux et des amateurs
  • un représentant du COJOJ
  • un représentant de la Primature
  • un représentant du Ministère des Sports, de la Jeunesse et de la Culture
  • un représentant du Ministère de l’Emploi, du Travail et des Relations avec les Institutions
  • un représentant du Ministère de l’Agriculture et de l’élevage
  • un représentant du Ministère de la Formation Professionnelle 

et qui aura comme missions principales :

  • L’audit de la gestion de l’équipe fédérale de 2008 à 2024 - Des années marquées par une gestion nébuleuse des ressources et une opacité sur toutes les questions d’ordre technique, organisationnel et réglementaire (Aucun archive ou documentation disponible)
  • La réorganisation de la fédération : Révision et modification des statuts et du règlement intérieur et organisation de la prochaine Assemblée Générale Elective en 2027.
  • La coordination et la supervision de l’ensemble des opérations en cours et à venir pour garantir une gestion rigoureuse et transparente des différentes ressources mises à disposition dans le cadre de son fonctionnement habituel mais aussi et surtout pour les dépenses relatives à l’organisation des JOJ.
  • L’accompagnement des structures équestres actuelles à se formaliser et à régulariser leur situation fiscale et sociale. Les droits des travailleurs du milieu équestre sont bafoués. La grande majorité des travailleurs sont généralement sans contrat, ni sécurité sociale, ni couverts par des institutions de prévoyance maladie.
  •  Une classification et une valorisation des métiers du cheval et faire des propositions de réformes et des mesures destinées à la fédération et aux acteurs concernés, visant à améliorer les conditions d'exercice de l'équitation ainsi que celles des différents intervenants du secteur.

 

 

*Par Thierno Amath DIALLO

Propriétaire de chevaux,

Membre fondateur de l’Association

des Cavaliers, Propriétaires et Sympathisants de l'Équitation au Sénégal

 

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