7 crimes atroces non encore élucidés

Au Fouladou, les parents des victimes de crimes non élucidés expriment leur désespoir face au temps qui passe et à l’absence de progrès dans certaines enquêtes, soulignant l’impact dévastateur de ces crimes non résolus sur les familles.
La montée de la criminalité dans la région sud du pays inquiète. À Kolda et à Sédhiou, les crimes, souvent odieux, sont devenus monnaie courante. La plupart du temps, les enquêtes ouvertes n’aboutissent à rien. Nombreux sont les cas de crimes qui n’ont connu, jusqu’ici, aucune suite. Les véritables coupables jamais débusqués ou inquiétés.
Bon nombre de cas sont illustratifs. Les assassins de Samba Traoré, criblé de balles en 2015 à PK12, courent toujours dans la nature, dix ans après les faits.
À Kolda, des assassinats et des meurtres, commis récemment ou remontant à plus de onze ans, continuent de hanter le sommeil des populations du Fouladou. Des jours passent, voire des années, les auteurs de ces crimes atroces ne sont pas identifiés et les familles des victimes vivent dans l’attente et la douleur de ne pas connaître la vérité sur les circonstances de la mort de leurs proches.
Qui a oublié la mort tragique de l’imam Oumar Diao, survenue le 14 juin 2025 au quartier Médina Chérif Perlèle, commune de Kolda ? Une mort tragique qui a plongé les Koldois dans l’émoi et la tristesse. Même si les résultats de l’autopsie attestent que l’imam est décédé des suites d’une large blessure causée par une arme blanche à l’abdomen et au bas-ventre, ayant provoqué des lésions mortelles et l’expulsion des intestins, les circonstances exactes de sa mort restent inconnues du grand public.
Le couteau ensanglanté qui a servi à la commission des faits a été retrouvé et mis sous scellé, tandis que le lieu du crime n’a pas été identifié et les preuves effacées par les auteurs. Oumar Diao, imam de la mosquée de Médina Chérif Perlèle, a été enterré en emportant avec lui les raisons de sa mort dans sa tombe.
L’affaire Moussa Ndiaye
Moussa Ndiaye, un commerçant, a été tué le 17 mai dernier à Témento, dans la commune de Paroumba, département de Vélingara. L’affaire reste gravée dans la mémoire des Koldois. Le corps sans vie a été retrouvé le 31 mai enfoui dans le domicile de Babacar Ndiaye, infirmier-chef de poste de santé de Témento.
Arrêté puis déféré au parquet, Babacar Ndiaye a contesté avoir assassiné Moussa Ndiaye lors de sa première comparution. Après son face-à-face avec le juge d’instruction du tribunal de grande instance de Kolda, l’infirmier a été envoyé en prison où il attend son jugement. Il est poursuivi pour actes de torture et barbarie, violation des règles d’inhumation et abus de confiance portant sur 4 000 000 F CFA.
Le présumé meurtrier de Sékou Baldé en attente de jugement
Le 17 février 2024, vers 19 h, le corps sans vie de Sékou Baldé alias ‘’Djembendou’’ a été retrouvé sous le pont de Tacoudiala, localité située dans la commune de Wassoudou, département de Vélingara. Le corps de la victime, âgée de 54 ans et originaire de Diatèle, avait commencé à se décomposer après être resté plusieurs jours en brousse.
Une enquête ouverte par la gendarmerie de Pakour a permis d’arrêter un présumé meurtrier nommé Ibrahima Baldé. Le cultivateur originaire de Pakour a été déféré au parquet de Kolda avant d’être placé sous mandat de dépôt. Son dossier a été confié au juge d’instruction chargé d’approfondir l’enquête.
Méta Touré battue à mort
L’affaire Aminata Touré, cette dame appelée aussi ‘’Méta Touré’’, une émigrée battue à mort le 3 septembre 2022 sur le tronçon Kolda - Bignarabé, a énormément ému l’opinion publique. Son corps abandonné en brousse a été retrouvé le lendemain. Aucun tueur ni commanditaire n’est tombé dans les filets des enquêteurs, malgré l’enquête en cours.
Yoba Baldé, battue à mort puis décapitée
Le 18 janvier 2020, le village de Saré Yéro Diao, commune de Tankanto Escale, s’est réveillé dans la douleur. Les populations ont été bouleversées par la découverte macabre de la dépouille de Yoba Baldé. Une femme mariée agressée, battue à mort puis décapitée.
Le corps sans vie et la tête ont été abandonnés dans une plantation d’anacardiers où ils ont été retrouvés. Mais le cou reste introuvable. Trois individus, arrêtés puis emprisonnés pour assassinat, complicité et obstruction à la justice, ont bénéficié d’une liberté provisoire, après quatre ans de détention.
Moustapha Guèye et Samba Traoré, les défenseurs de la forêt
Le 6 avril 2018, le corps sans vie d’un fervent défenseur de la forêt a été retrouvé près du village de Sam Yoro Guèye, dans la commune de Niaming, département de Médina Yoro Foula. Il s’agissait de Moustapha Guèye, sauvagement assassiné par des trafiquants de bois qui lui ont asséné plusieurs coups de machette sur la tête, les jambes et les bras.
Quarante-huit heures après sa mort, trois présumés meurtriers ont été arrêtés par les forces de sécurité gambiennes à Bansan. Il s’agit d’un Sénégalais et de deux Gambiens. Ils sont toujours détenus par la justice gambienne qui peine à les remettre aux autorités sénégalaises.
L’affaire Samba Traoré, un autre défenseur de la forêt du département de Vélingara, tué le 26 juin 2015 dans des conditions atroces, a peu de chances d’être élucidée un jour.
En effet, les Koldois se souviennent de la mort barbare du chef de village de Saré Balla PK12, criblé de balles à la poitrine et au bas-ventre par des trafiquants de bois. Son corps a été retrouvé en forêt par des parents le lendemain.
Sur les lieux du crime, la gendarmerie de Kaléfourou a trouvé des douilles, un fusil de chasse russe Baïkal, trois cartouches vides, 20 munitions de calibre 12 mm et deux tronçonneuses. Tout cet arsenal gisait près du corps.
Quinze jours après les faits, un suspect a été arrêté, jugé, avant d’être acquitté, faute de preuves, après quatre ans de prison. Les Koldois s’interrogent toujours sur l’identité des assassins de Samba Traoré.
D’autres crimes commis à Kolda restent non élucidés et défraient encore la chronique au Fouladou. Malgré la mutualisation des forces, police et gendarmerie peinent à faire la lumière sur certains cas. Le manque de collaboration citoyenne et l’absence d’unité de police scientifique entravent les enquêtes sur les assassinats, meurtres et viols suivis de mort restés sans réponse.
Finalement, qui a tué ? Pourquoi a-t-on tué ? Le temps passe, les questions demeurent. La vérité est-elle encore possible ?