Publié le 29 Nov 2013 - 04:43
«SITUATION PRE-GENOCIDAIRE EN CENTRAFRIQUE»

Le revirement stratégique de la France

 

Après moult hésitations, la France s'apprête à intervenir en Centrafrique; sûrement échaudée par le précédent rwandais.

 

La Centrafrique va mal. C’est le moins que l’on puisse dire au regard de la situation sécuritaire chaotique qui prévaut actuellement à Bangui, la capitale, et dans bien d’autres contrées du pays. On ne sait plus qui gouverne, tant le désordre s’y est bien installé. Le pays est à la croisée des chemins tant et si bien que le président français, François Hollande, tirait la sonnette d’alarme en qualifiant la situation actuelle de «pré-génocidaire». Il va plus loin en proposant l’envoi de troupes en Centrafrique pour aider les autorités à rétablir l’ordre. Et d’ores et déjà, ils sont un peu plus de 400 militaires français qui contrôlent essentiellement l’aéroport de Bangui.

Le spectre d’un génocide

Pourquoi la France opère-t-elle un tel revirement, elle qui, on s’en souvient, avait refusé d’intervenir en Centrafrique au moment où, acculé, le président François Bozizé l’appelait au secours? Sans doute a-t-elle tiré les leçons du génocide rwandais qui, on le sait, lui colle implacablement à la peau.

En digne héritier de Mitterrand, le président Hollande ne veut plus engager la responsabilité de son pays, en restant les bras croisés face au spectre de «génocide» qui se prépare en Centrafrique. C’est tout en son honneur puisqu’il a pris la pleine mesure de la situation en RCA où, jadis latent, le conflit interreligieux est désormais ouvert, en témoignent les récents affrontements entre chrétiens et musulmans.

L’autre raison qui peut expliquer la décision de Paris d’envoyer des troupes à Bangui est que la France ne veut pas se laisser ravir la vedette par la communauté internationale, ce d’autant que la Centrafrique est une ex-colonie française. Mais aussi, forte de sa victoire sur les djihadistes du Nord-Mali, la France estime le moment opportun d’ouvrir un autre front dans un pays africain qui, depuis près de huit mois, peine à retrouver ses marques. Et tout cela se passe dans la quasi-indifférence de la sous-région et de l’Union africaine (UA). Une fois de plus, c’est la France que l’on a de cesse d’ailleurs de clouer au pilori, qui montre la voie à suivre aux dirigeants africains.

Impuissance de l’Union africaine

Certes, nous dira-t-on, la France défend ses propres intérêts, mais rappelons que la Centrafrique est d’abord et avant tout un pays africain et qu’en termes d’intérêt, le peuple centrafricain a plus d’intérêts à protéger sur son propre sol que les Français. A la vérité, l’Afrique offre à nouveau une piteuse image de ses dirigeants qui se montrent impuissants face à un problème africain.

L’UA doit prendre ses responsabilités puisque la situation en RCA n’a que trop duré. Il vaut mieux prévenir que guérir, dit l’adage. Et c’est ce que fait la France de Hollande. En tout cas, il faudra que la douloureuse parenthèse de Michel Djotodia se referme le plus vite possible pour que le peuple désabusé, retrouve sa sérénité d’antan. A quoi sert de mettre fin à une dictature si en retour, s’installent l’anarchie et le chaos?

Boundi Ouoba (Le Pays, Burkina Faso)

 

Section: 
BABA AIDARA, JOURNALISTE : ‘’Wade avait obtenu le premier Compact, Macky le second, Diomaye…’’
CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT : Le Sénégal Partage son Expérience en Financement Social
A Madrid : Un troisième sommet Afrique-Espagne pour continuer d'amplifier les échanges commerciaux
USA : Les Brics expriment leurs «sérieuses préoccupations» face aux droits de douane de Trump
AFGHANISTAN – UN RECORD DE 256 000 MIGRANTS REVENUS D’IRAN : L’OIM alerte sur une crise humanitaire et un grave déficit de financement
DONALD TRUMP CONVOQUE UN MINI-SOMMET AFRIQUE-USA À WASHINGTON : Enjeux minéraux, sécurité et diplomatie ciblée
ATTAQUES DU 1ER JUILLET : Bamako pointe des “sponsors étatiques” sans preuve  
MALI : Attaques jihadistes massives aux portes du Sénégal, une alerte ignorée ?
RÉPRESSION VIOLENTE AU TOGO : Trois jours de sang et de silence
L'AFRIQUE QUI BRULE ET CELLE QU'ON APAISE : Togo, Kenya, RDC-Rwanda, trois secousses, un même mépris
SONKO EN CHINE : Diplomatie active, accords concrets et nouvelle ère stratégique
CONFLIT IRAN-ISRAËL : Trêve fragile
CRISE NUCLÉAIRE : L’Ambassadeur d’Iran à Dakar interpelle la communauté internationale
RIPOSTE IRANIENNE CONTRE AL-UDEID : L'offensive de Téhéran bouleverse l’équilibre régional
ISRAËL-IRAN : Guerre préventive ou civilisationnelle ? 
EMPLOIS DANS LE MONDE EN 2025 : 53 millions seront créés, soit sept millions de moins que prévu
DIOMAYE PRESSENTI, BIO DÉSIGNÉ : Les coulisses d’un choix inattendu à la tête de la CEDEAO
YUVAL WAKS (AMBASSADEUR D’ISRAËL AU SÉNÉGAL) : ‘’S’il y a une réaction de l’État du Sénégal…’’
CRISE AU MOYEN-ORIENT ET ENVOLÉE DU BRUT : Le paradoxe pétrolier sénégalais
CONFLIT ENTRE ISRAEL ET L’IRAN : Péril sur l'ordre international