À Ousmane Sonko et aux Sénégalais
C’est dans le sang d’un cœur meurtri que je trempe ma plume pour m’adresser à un homme que j’ai aimé et adulé, mais aussi à mes chers compatriotes sénégalais.
Nous venons de sortir de moments très sombres de la vie de notre pays qui ont vu mourir onze personnes parmi la population et des milliards de francs partis en fumées à l’occasion de manifestations d’une rare violence.
Qui pour en porter le chapeau ? A qui la faute ?
Au lieu de tirer les leçons et d’assumer notre part de responsabilité, dans notre camp on jubile et on crie victoire. C’est pathétique !
J’ai été sidéré de voir des frères et des sœurs, oubliant tous les jeunes décédés durant ces manifestations, se congratuler et s ‘embrasser. La goutte d’eau de trop a été de voir les femmes de Ousmane Sonko, haut perchées sur leur balcon, loin des théâtres des opérations crier de joie de voir leur mari rentrer oubliant tous ces parents dont les enfants vont passer la nuit dans des cercueils bien au frais dans les tiroirs des morgues.
Je me suis écrié : tout ça pour ça !
Il nous faut dans notre parti, le PASTEF, être véridique et se dire certaines vérités. Si Sonko était allé tranquillement répondre à la convocation du juge tout ceci serait il arrivé ? Tout le monde dira NON à moins que l’on soit du coté des hypocrites.
A travers cette affaire, je me suis rendu compte et définitivement que Ousmane Sonko n’est pas un homme d’Etat et qu’il est loin de tout ce qu’il prône.
Avant lui, Abdoulaye Wade disait je le cite « je ne marcherai jamais sur des cadavres pour accéder au pouvoir » et joignant l’acte à la parole, il avait toujours accepté d’aller en prison pour que le sang des sénégalais ne soit versé même s’il avait la vérité avec lui. Combien de fois l’a t-il fait du temps de Abdou Diouf ?
Et pourtant, en ces périodes il avait tous les jeunes avec lui et qu’il lui suffisait de claquer le doigt pour que le Sénégal soit sens dessus dessous. Il ne l’a pas fait et cela ne l’a pas empêché d’être le troisième Président du Sénégal. C’est tout ce qu’on attend d’un homme d’Etat : savoir s’oublier pour l’intérêt supérieur de la nation. Cela Sonko n’en est pas capable.
Il a préféré appelé au soulèvement, clairement lors de sa première sortie et de manière nuancée lors de la seconde sur conseil de ses avocats.
Au début de l’affaire, nous tous, ses souteneurs, jurions sur tous les toits que Ousmane n’a pas mis les pieds dans ce sordide salon. Sordide, oui car nous savons tous ce qui se passe dans ces lieux cachés dans les quartiers de Dakar. Nous le savons et Sonko le sait.
Combien de fois nos télévisions ont fait des reportages sur la débauche en pratique dans ces salons ? C’est être malhonnête que de le nier.
Nous tous avons été sonnés de l’entendre lui même avouer qu’il y a été. Qu’il le sache ! Même ceux qui ne lui disent pas ont été déçus de savoir qu’il fréquentait ce genre de salon.
Il avance c’est parce qu’il était malade. Laissez-moi douter de l’existence de ce mal de dos. Ousmane nous a trouvé ici dans la diaspora. Il a fait près de six heures de vol assis dans un avion et à sa descente l’homme était en forme pour quelqu’un qui souffre d’un mal aussi atroce. Je n’y crois pas un seul instant et personne n’ose lui demander des papiers attestant ce mal.
A Sonko, on commence à tout permettre. Personne n’ose prendre le contrepied de son argumentaire sous peine de se voir abreuver d’insultes et de menaces.
Où est la témérité légendaire de nos intellectuels et de nos journalistes ? On a l’impression qu’au Sénégal maintenant il est interdit d’être intelligent et de se poser des questions ?
Pourquoi personne n’ose demander à Ousmane Sonko s’il a eu ou non des rapports coupables avec Adji Sarr, d’autant que lui-même reconnaît avoir été massé par la demoiselle et de s’être retrouvé seul avec elle.
Pour quelle raison aucun sénégalais n’a le courage d’interpeler Sonko sur le pourquoi il a renoncé à ses convictions salafistes pour mettre en avant son appartenance au mouridisme ? Lui a-t-on simplement dit que pour accéder à la magistrature suprême il faut bien être talibé mouride.
Ousmane n’est pas tombé du ciel et il a bien fait son cursus au Sénégal. Tous ceux qui l’ont connu savent qu’il n’a jamais cru, qu’il ne croit pas et qu’il ne croira jamais aux tarikhas.
Pourtant tout ce que je dis ici tous les intellectuels et journalistes au Sénégal le savent mais personne n’ose en parler. De quoi avons nous peur ? Devons nous laisser les sénégalais se faire berner par ce monsieur juste parce qu’on a peur d’être insulté ou menacé.
Aujourd’hui, même dans les différents plateaux ou émissions radio télévisés, ceux qui prennent la parole n’ont cure de la vérité. Ils s’efforcent tous de regarder dans la direction de Sonko et de ses partisans afin de récolter de bons points dans les réseaux sociaux.
Notre pays est presque devenu un conglomérat de peureux n’osant pas dire la vérité quand ça concerne Ousmane Sonko.
Comment une affaire privée a pu être transformée en un combat politique par Sonko ? S’il est vrai qu’il n’a eu aucun rapport avec Adji Sarr, le monsieur doit savoir que celle-ci n’aura aucune preuve matérielle pour l’attester ? Pourquoi tout ce bruit alors ?
Quid de son appel aux membres du MFDC ? Avez vous lu la réaction de Jean Marie François Biagui, responsable de ce mouvement, sur sa page Facebook ? Lui-même attire l’attention des sénégalais sur les manipulations de Ousmane Sonko.
Réveillez vous mes chers compatriotes, on vous manipule à tout bout de champ !
Que dire de la sortie de ce capitaine Oumar Touré ? Il est en train lui aussi d’utiliser les mêmes procédés que Sonko. Ayant fait fuiter les procès verbaux qu’il a lui même modifié, il se sait découvert et pour ne pas faire face sans le soutien des sénégalais il prend la parole pour alerter. C’est à cet officier que la presse donne la parole au le lieu de le lyncher pour éviter qu’un autre ne récidive. Si dans notre pays un officier peut se permettre ses écarts pour ensuite être porté en héros alors ne nous étonnons pas si demain nos gradés refilent des informations à l’ennemi.
Aujourd’hui, tous les morts, le pillage des magasins, le saccage des édifices publiques, des maisons de certaines personnes et des maisons de presse...ne sont à mettre que sur la conscience de Ousmane Sonko.
Il est le seul et unique responsable ! Tous les effets procèdent de la cause.
J’espère tout simplement qu’il ira de lui-même répondre à la justice pour laver son honneur, s’il lui en reste bien sûr.
Me concernant, je prends la décision de me réveiller et de me détourner de cet homme que je juge dangereux pour notre pays et son avenir.
Vous pouvez, vous, continuer à fermer les yeux et à attendre que le bon Dieu vous réveille.
Vive le Sénégal !
AMADOU BAIDY FALL
Professeurs des Université Paris
Militant démissionnaire du PASTEF
fallamadou2012@gmail.com