Abdoulaye Fall prend les rênes…

L'élection à la tête de la Fédération sénégalaise de football (FSF) a tourné à un véritable bras de fer qui a abouti à la victoire d'Abdoulaye Fall, mettant fin à plus de quinze ans de présidence d'Augustin Senghor. Si le nouveau dirigeant a salué un scrutin "satisfaisant", son principal adversaire, Mady Touré, a dénoncé avec virulence des pratiques de corruption et interpellé l'État sénégalais.
Le décor de cette élection n’avait rien d’une formalité administrative. L’ambiance était électrique dès l’ouverture des travaux, entre débats houleux sur le mode de scrutin et intervention musclée des forces de l’ordre pour calmer les esprits. La salle, divisée entre partisans d’un vote global et adeptes d’un scrutin poste par poste, a été le théâtre d’un vrai bras de fer.
Dès le premier tour, Abdoulaye Fall avait déjà pris une sérieuse option sur la victoire. Il termina largement en tête avec 301 voix, devançant Mady Touré (116 voix) et le président sortant Augustin Senghor, relégué en troisième position avec 92 voix.
Malgré sa confortable avance, il n’avait pas obtenu les deux tiers des suffrages requis pour être élu dès le premier tour.
Un second tour, conformément aux statuts de la FSF, a donc opposé les deux premiers candidats.
Sans surprise, Abdoulaye Fall a confirmé son avance, consolidant son soutien et attirant une partie des voix précédemment acquises à Augustin Senghor.
Avec cette victoire, Abdoulaye Fall met fin à l’ère Augustin Senghor, qui aura dirigé la Fédération sénégalaise de football pendant plus de 15 ans.
…Mady Touré dénonce la corruption et interpelle l’État
Dans une déclaration postélectorale, Mady Touré n’a pas mâché ses mots, évoquant des pratiques de corruption et d’achat de voix lors du processus électoral. ‘’Il y a eu corruption. Je lance un appel à l’État du Sénégal’’, a-t-il affirmé, réclamant une enquête sur le déroulement du scrutin et le comportement de certains délégués.
Ses accusations jettent une ombre sur la légitimité du processus, bien que les résultats aient été entérinés par la Commission électorale de la FSF.
‘’Je n’ai pas pu continuer les élections parce qu’il y a eu corruption. En 2013, j’étais candidat, comme en 2021 et quand j’ai été vaincu, j’ai félicité Augustin Senghor. Je suis revenu en 2025 pour être candidat, mais je trouve ça scandaleux. Il y a eu de la corruption de la part du camp d’Abdoulaye Fall. Je lance un appel à l’État du Sénégal de prendre toutes ses responsabilités. Je suis très touché par ce qui s’est passé aujourd’hui pour mon pays. C’est très grave. Le Sénégal ne mérite pas ce genre de choses, notamment dans des élections. Je laisse la responsabilité à la justice de trancher. Elle a été saisie’’, a-t-il conclu.
Interrogé sur ces accusations, le nouveau président a refusé de se prononcer. ‘’On a travaillé sérieusement pendant des années pour arriver à ce résultat. On n’est pas comme ça. Ce qui est important, c’est ce qui s’est passé aujourd’hui. On a gagné. Ce sont les clubs qui se sont prononcés et dans leur majorité, ils ont porté leur choix sur nous’’, a-t-il déclaré. Abdoulaye Fall s’est dit ‘’très satisfait’’ du processus électoral et du travail accompli par la commission chargée de son organisation. Il a toutefois reconnu l’ampleur de la tâche qui l’attend, évoquant de nombreux chantiers urgents, notamment les problèmes d’infrastructures et la précarité.
MAMADOU DIOP