La Chambre des représentants s’enfonce toujours un peu plus dans la crise
Les élus républicains n’ont toujours pas réussi à faire élire un des leurs au poste de président de la Chambre. Or sans président, ils ne peuvent voter un projet de loi et, faute de vote sur le budget, la menace d’une paralysie de l’administration fédérale à la mi-novembre s’accentue.
Désigné mardi 24 octobre par ses pairs comme candidat pour devenir speaker à la Chambre des représentants américaine, le républicain Tom Emmer n’aura tenu que quelques heures. Il a jeté l’éponge, ne parvenant pas à rassembler sur son nom les 217 voix nécessaires à son élection. Sans compromis, le Congrès américain s’enfonce ainsi encore davantage dans la crise.
Après avoir tenté pendant des semaines de trouver un nouveau président pour la Chambre, les républicains s’étaient finalement entendus, au terme d’une série de scrutins internes, sur le nom de Tom Emmer. Mais la candidature de cet élu du Minnesota, numéro trois du parti à la Chambre et voix de l’establishment du parti, a très vite paru vouée à l’échec.
Plus d’une vingtaine d’élus de son propre camp ont annoncé qu’ils ne le soutiendraient jamais lors du vote en séance plénière, alors que les républicains ne disposent que d’une très mince majorité à la Chambre des représentants. Les alliés de Donald Trump lui sont opposés, car il faisait partie des élus ayant voté en faveur de la certification de la victoire de Joe Biden à l’élection de 2020. Ils considèrent donc Tom Emmer comme manquant de loyauté envers l’ex-président. Près de trois semaines après la destitution de l’ancien président de la Chambre Kevin McCarthy, les luttes intestines des républicains continuent ainsi de s’afficher au grand jour.
Des enjeux importants
Les enjeux pour trouver un nouveau speaker sont pourtant grands. Sans lui, impossible de tenir un vote sur un projet de loi ; et faute de vote sur le budget, la menace d’une paralysie de l’administration fédérale à la mi-novembre est réelle.
« C’est probablement l’une des choses les plus embarrassantes que j’ai vues », a dit le chef républicain de la commission des affaires étrangères, Michael McCaul, à ABC News le 22 octobre. « Parce que si nous n’avons pas de président de la Chambre, nous ne pouvons pas gouverner. Et chaque jour qui passe, nous sommes en gros fermés en tant que gouvernement », a-t-il ajouté.
La semaine dernière, le chef de la commission des affaires judiciaires, Jim Jordan, un allié de l’ex-président Donald Trump, avait semblé être sur le point de mettre fin à cette quête de plus en plus gênante pour le parti. Il a fini par essuyer trois échecs en autant de votes. Puis les républicains lui ont retiré leur soutien, faisant savoir qu’ils se réuniraient lundi pour désigner un nouveau candidat au poste de speaker.
L’aide militaire pour l’Ukraine et Israël bloquée
Donald Trump, qui avait appuyé Jim Jordan, a dit à la presse avant un événement de campagne dans le New Hampshire qu’il avait parlé à Tom Emmer ce week-end, mais qu’il n’envisageait pas de lui apporter son soutien, disant préférer se « retenir pendant un moment ».
Ces dysfonctionnements au sein du Parti républicain empêchent aussi le Congrès de répondre à la demande de Joe Biden de débloquer plus de 100 milliards de dollars en fonds d’urgence, principalement de l’aide militaire pour l’Ukraine et Israël dans leurs guerres contre la Russie pour l’un, et le Hamas pour l’autre.
« A un moment critique où nos alliés comptent sur nous pour que nous montrions du leadership (…), les républicains de la Chambre tournent notre gouvernement en dérision et embarrassent le pays sur la scène mondiale », a dénoncé la porte-parole du Comité national démocrate, Sarafina Chitika.
A moins que les élus n’approuvent le budget fédéral pour 2024 d’ici au 17 novembre, l’administration fédérale sera paralysée, avec des centaines de milliers de travailleurs renvoyés temporairement chez eux sans salaire.
Le Monde avec AFP