Valérie Oka valorise l’identité africaine
‘’La carte n’est pas le territoire’’ est le thème de l’exposition d’art numérique de l’Ivoirienne Valérie Oka. Une exposition de portraits de figures du peuple noir qui ont marqué l’histoire.
De près, on perçoit cette sensation tactile du frottement du crayon sur le papier révélant une écriture peut significative, jouant sur les contrastes, les flous, noir, gris, blanc du dessin. De loin, on a l’impression de se retrouver face à une photo sur laquelle l’exactitude du détail donne une sensation d’hyperréalisme, d’illusion optique ligotée à notre réalité subjective. Ce sont les détails d’un dessin portrait du président poète Léopold Sédar Senghor. Il est l’un des tableaux de Valérie Oka qui expose sur l’art numérique dans l’espace Akéwa, dans le cadre des expositions Off de la 13e édition de la Biennale de Dakar. Intitulée ‘’La carte n’est pas le territoire’’, l’exposition est ouverte jusqu’au 18 mai prochain.
Elle est à moitié réelle et moitié virtuelle, et se déploie en plusieurs actes. En première partie de l’exposition, on retrouve 36 œuvres de figures emblématiques de l’histoire des indépendances africaines projetées dans une galerie virtuelle via casques adaptés. La deuxième partie intitulée ‘’En attendant les barbares’’ de 36 œuvres également, projetée en réalité virtuelle, rassemble les figures historiques avant la colonisation. Elle regroupe des rois, des reines, des guerrières. ‘’Les héros’’ de 16 tableaux sur reboard décorent la troisième et dernière partie de l’expo. Parmi les dessins, les portraits de Nelson Mandela, Aimé Césaire, Billie Holiday, Martin Luther King, Mohamed Ali attirent l’attention des visiteurs. A l’entrée de la galerie, l’Ivoirienne rend un hommage spécial à d’illustres plasticiens sénégalais : Ousmane Sow, Joe Ouakam et Ndary Lo.
D’autre part, l’artiste met en exergue un savoir-faire technologique numérique lié à l’expression de la liberté créative. Valérie Oka est passionnée par les nouvelles technologies. Une première création de ce genre en Afrique subsaharienne où le dessin traditionnel au crayon fusionne avec le ‘’digital’’ et la ‘’réalité virtuelle’’ et propose un nouveau mode de consommation culturelle. Pour dessiner ses œuvres, Valérie a sa touche personnelle.
Elle allie la sensualité tactile du dessin sur papier, le numérique et la réalité virtuelle. Pour elle, les outils traditionnels tels que le crayon, la craie, le feutre, l’encre et le numérique se complètent parfaitement. Cependant, dessiner sur une feuille de papier reste la seule façon de conserver ce trait caractéristique de ce médium traditionnel. Car, à son avis, aucun matériel numérique ne parvient à imiter parfaitement les frottements du crayon sur le papier.
Nommée en mars 2018 parmi les 30 femmes les plus influentes de Côte d’Ivoire, Valérie Oka expose depuis 30 ans en Afrique et sur l’international. Elle implique dans ses œuvres toute la chaine de valeur du secteur de l’art dans l’environnement numérique, tout en valorisant l’identité africaine. Elle questionne les frontières entre l’art traditionnel et l’art numérique, entre le réel et le virtuel, entre l’histoire racontée et la vérité historique.
HABIBATOU WAGNE