Un ‘’Joeiste’’ dans la Biennale
On le présente comme l’élève de Joe Ouakam. Mais lui ne se considère pas comme tel. Bouna Médoune Sèye se réclame disciple d’Issa Samb. Et dans l’essentiel des tableaux qu’il expose actuellement à l’hôtel Fleur de Lys, on y trouve la main de son maître. Cette exhibition intitulée ‘’Identité’’ entre dans le cadre du 12e Dak’Art.
La dispersion des pigments de sa peinture est assez embrouillée et indécise sur la plupart de ses tableaux. Ce qui ressemble à du figuratif dans ses œuvres reste des amorces sans aucune netteté. C’est un demi-visage par-ci, juste une tête avec une joue manquante par-là et plein d’émulsions de latex autour. Ce qui rend plus difficile la perception du paysage.
A cela s’ajoute un choix des couleurs qui ne suit pas une certaine cohérence. Bouna Médoune Sèye ne s’est fixé aucune limite dans la création des œuvres que reçoivent les cimaises de l’hôtel Fleur de Lys actuellement. Ce ‘’faiseur d’images’’ comme il se définit car étant peintre, réalisateur et photographe, y expose dans le cadre de la 12e édition de la Biennale de l’art contemporain de Dakar (Dak’Art). Une quarantaine de tableaux sont accrochés et sont tous fait en acrylique. Sur l’essentiel d’entre eux, le visiteur peut constater une ‘’certaine folie’’ dans le travail de l’artiste. Ce dernier n’est, en réalité, qu’à l’image du ‘’gourou’’ de Bouna Médoune Sèye, le peintre Joe Ouakam. ‘’Je ne suis pas l’élève de Joe, il est mon gourou. Joe m’a tout appris depuis que j’ai six ans. Je ne suis pas son élève, je suis son disciple, je le revendique haut et fort, je suis un « Joeiste »‘’, édifie-t-il. Ainsi, ‘’dans tous ces tableaux, vous trouverez un peu de Joe’’, précise-t-il.
Joe Ouakam, un personnage truculent, difficile à cerner, un homme au look fantaisiste est un ‘’fou nécessaire’’ pour la société, comme disent ses disciples. Ce résumé de la personnalité de Joe Ouakam, Issa Samb à l’état-civil, résumerait bien le travail présenté par Bouna Médoune Sèye. Ses tableaux sont à l’image de son ‘’gourou’’. Il ne fait que représenter ‘’l’identité’’ de son maître, lui qui a intitulé son exposition ‘’identité’’. Certains sont juste un peu plus distingués avec une forte présence de la couleur ocre.
L’artiste Sèye lui le considère comme la couleur ‘’cola’’. ‘’La couleur cola est ma base et c’est l’identité africaine. La noix de cola est présente partout dans nos cérémonies (baptême, mariage, funérailles). On n’en trouve qu’en Afrique dans les cérémonies’’, explique l’artiste. Travailler avec cette couleur est facile pour lui. Car c’est une teinte qu’il côtoie quotidiennement et qu’il dit maîtriser. C’est un peu comme son ‘’identité’’ artistique aussi, lui qui considère que ‘’toute personne qui n’a pas d’identité, n’a pas de lieu pour s’exprimer, car sans identité on n’est rien. Qu’il s’agisse d’une pièce d’identité, d’une identité nationale ou d’une identité humaine, tout court’’.
BIGUE BOB