L’Église invite à la conversion pour un Sénégal de paix et de justice
Des milliers de fidèles ont fait le déplacement pour effectuer le pèlerinage marial de Popenguine. Lors de la messe solennelle de ce Lundi de Pentecôte correspondant avec la 136e édition, l’homélie a été lue par l’évêque de Thiès, Mgr André Guèye. Dans ce cadre, il a indiqué la voie à suivre pour un Sénégal de paix et de justice.
L’Église catholique sénégalaise a célébré, hier, la 136e édition du pèlerinage marial de Popenguine. L’occasion a été saisie par monseigneur André Guèye pour orienter les milliers de fidèles qui étaient dans le nouveau sanctuaire de Popenguine sur l’avenir du pays. Dans ce sens, il a estimé que les Sénégalais doivent accepter les changements qu’il faut pour arriver à un Sénégal de paix et de justice, deux principes tant chantés ces derniers temps.
‘’Justice et paix ne sont pas des slogans ni des principes purement théoriques ou abstraits ni des idéaux irréalisables. Au contraire, ce sont nos attitudes, nos comportements, nos manières de faire, de parler, de voir et d’être qui doivent les incarner. Les promouvoir est une œuvre sans fin, de longue haleine, pour laquelle, nous le savons, il faut de la patience, dans le double sens de durée et de souffrance ; il faut de l’humilité et du courage. Il faut surtout nous accepter les uns les autres, dans nos différences de toutes sortes et nous décider à aller dans la même direction’’.
Mieux encore, a ajouté l’évêque de Thiès, il faut autre chose de plus fondamental : ‘’Accepter de changer, vraiment, radicalement nos comportements et nos mentalités, un changement que nous appelons conversion, bien sûr avec la grâce de Dieu, cette grâce que nous puisons abondamment dans les sacrements. Je souhaite que nous repartions d’ici un peu convertis, avec des résolutions, des petites résolutions, mais concrètes et réalistes, à travailler pour plus de paix, entre nous et dans notre pays, pour plus justice dans nos pratiques et dans les responsabilités qui nous sont confiées, et je ne parle pas seulement de ceux et de celles qui ont la charge de la justice.’’
‘’Ne pas fragiliser la paix et la justice’’
Dans le même sens, a-t-il estimé, ‘’d’autres résolutions consisteront, à coup sûr, à renoncer à tout ce qui pourrait fragiliser la paix et la justice et les mettre en péril, surtout par l’intermédiaire des réseaux sociaux ! Utilisons-les avec responsabilité, pour promouvoir la justice et la paix, et non pour appeler à la haine ou à la violence, pour insulter ou calomnier, pour semer la discorde ou la division. Un partage ou un transfert innocent et naïf d’une information, encore plus si elle est fausse, peut malheureusement faire éclater une bombe !’’.
Monseigneur Guèye, qui a également invité les fidèles à marcher ensemble pour un Sénégal de justice et de paix, a montré ‘’des attitudes concrètes qui doivent rythmer cette marche, comme des conditions sine qua non, car bien souvent, les obstacles qui se dressent sur le chemin de la justice et de la paix relèvent de notre propre responsabilité’’.
Les principes de bonne gouvernance rappelés par Mgr André Guèye
Corrélativement au contexte politique du pays de ces derniers mois et au lendemain de l’élection présidentielle, monseigneur André Guèye a évoqué certains principes de bonne gouvernance qui devraient aider à la restauration de la paix et de la justice. Il a recommandé une gestion saine et transparente des deniers publics. ‘’Le respect des personnes, oui, mais aussi le respect du bien commun, y compris celui des moyens matériels ou financiers mis à notre disposition par la communauté, civile ou ecclésiale, à tous les niveaux de responsabilité, pour une gestion honnête, transparente et juste. La redevabilité est une exigence de la justice. C’est certainement le but des nombreux audits en cours ou annoncés. Toutefois, pour ne pas tomber dans les mêmes travers éventuels, n’oublions surtout pas de faire l’audit des habitudes et des mentalités qui sous-tendent de tels comportements’’.
Dans ce sens, il a invité les Sénégalais à rester unis par l’affection fraternelle. ‘’Nous avons un héritage précieux à préserver : un peuple, un but, une foi, quelles que soient nos différences, de provenance, de descendance, de croyance’’, a soutenu l’homme d’Église devant plus de 200 mille pèlerins venus de tous les horizons du pays.
Selon lui, les Sénégalais doivent rivaliser de respect les uns pour les autres. À l’en croire, ‘’il s’agit du respect de la dignité intrinsèque des personnes et de leurs biens, des droits et des identités ; respect, pas tolérance ou résignation. C’est dans ce respect mutuel que résident le dialogue, l’ouverture à l’autre, l’attention à l’autre et finalement la concorde et la paix dans les relations quotidiennes’’.
Pour surmonter certaines difficultés de la vie, l’évêque de Thiès estime que ‘’la solidarité est l’antidote de la misère et de l’exclusion, de l’injustice et des inégalités sociales, source de convoitise, de jalousie et surtout de frustrations qui se manifestent souvent violemment’’.
Enfin, martèle-t-il, ‘’l’une des conditions vitales de la justice et de la paix, c’est le dépassement et le pardon. Ne rendez à personne le mal pour le mal ; bénissez ceux qui vous persécutent ; souhaitez-leur du bien et non du mal. Et surtout ceci : ne vous faites pas justice vous-mêmes, car c’est à Dieu qu’il revient de le faire’’.
IDRISSA AMINATA NIANG (Mbour)