L’Isra homologue huit variétés de blé

La capitale du Nord abrite, depuis hier, un atelier de réflexion pour la mise en place d’un programme national de la céréale blé. Une rencontre qui permettra aux différents acteurs de la filière et aux techniciens de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra) de réfléchir sur les voies à mettre en œuvre pour la structuration du programme, l'accroissement de la production nationale et le renforcement de la souveraineté alimentaire du pays.
Depuis quelques années, le blé occupe une place très importante dans la souveraineté alimentaire du Sénégal. C'est la deuxième céréale la plus consommée du pays, après le riz. Pourtant, le Sénégal n’est pas producteur de blé. L'État du Sénégal importe plus de 800 000 t de blé chaque année, une enveloppe financière très importante.
Mais depuis 2023, le gouvernement a comme objectif de réduire de 40 % les importations en mettant en place un programme national de production de blé. C'est dans ce cadre que l'Isra a mené des recherches et homologué huit variétés de blé, dont quatre de type dur et quatre autres de type tendre. Pour le docteur Malick Lèye, chercheur à l’Isra et par ailleurs coordinateur du projet First Acts, pour contribuer à la souveraineté alimentaire nationale et accroître la production nationale de blé, plusieurs activités ont été menées en formation et en renforcement de capacités des producteurs et techniciens en visite guidée sur les parcelles expérimentales et à l’utilisation d’outils innovants pour le partage d’expériences et de ressources.
‘’Il est important de développer et de structurer cette filière pour qu'on puisse avancer sur les acquis, sur le financement de la filière. Tous les partenaires doivent collaborer pour booster la filière et permettre au Sénégal, à long terme, à moins terme d'être autosuffisant en blé. On importe presque tout le blé qui est utilisé au Sénégal et transformé pour en faire du pain, des pâtes alimentaires, etc. C'est environ 860 000 t de blé qui sont importées annuellement au Sénégal, ce qui constitue presque une enveloppe de plus de 200 milliards F CFA’’, a déclaré le Dr Lèye.
Ainsi, pour inverser cette tendance, des chercheurs de l’Isra ont développé des variétés adaptées aux conditions agroécologiques sénégalaises ainsi qu’à leur multiplication et diffusion auprès des producteurs. ‘’Le blé est une culture des zones tempérées, là où il fait froid. Au Sénégal, notre climat n’est pas très favorable pour la culture du blé, d'où le défi que l'Isra s'était lancé pour trouver des variétés de blé adaptées à nos conditions agroécologiques. Un défi qui a été relevé et qui est le résultat phare de nos recherches sur cette céréale. D’ailleurs, l'Isra a homologué au niveau national huit variétés, pour nous permettre de produire de la farine avec du blé tendre, mais aussi des pâtes alimentaires avec du blé dur. Trouver des variétés adaptées et les faire homologuer étaient notre plus grand défi. Maintenant que nous l’avons réussi, il nous faut nous tourner vers la production de semences pour une culture du blé à grande échelle dans la vallée du fleuve Sénégal, mais aussi en Casamance. C’est pourquoi il urge d’organiser la filière qui est naissante’’, a signalé le docteur Cheikh Ahmeth Seck de l’Isra.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT LOUIS