Dialogue de peuples, à travers l’art
La première édition du festival de musique et de danse ‘’Ci la Bokk’’ s’est tenue, du 19 au 21 avril, au Centre culturel Blaise Senghor de Dakar. Des mots d’échanges à travers l’art entre le Sénégal et les Iles Canaries.
Il est bien de voyager, tenter sa chance ailleurs. Mais l’on ne devrait pas juste se contenter de gagner de l’argent et d’en envoyer à sa famille restée au pays. Pour l’artiste Khali Thioune, établi aux Iles Canaris depuis 17 ans, les choses ne devraient pas être ainsi. Dans sa conception de l’émigration, voyager doit être un échange. ‘’Quand on va dans un pays différent du sien et plus développé, on doit y prendre ce qui est bon, surtout pour la jeunesse, et le transposer chez soi’’, a-t-il indiqué. C’est pourquoi il a initié le festival ‘’Ci la Bokk’’ qui s’est tenu au Centre culturel Blaise Senghor, du 19 au 21 avril derniers.
Professeur à l’université de Las Palmas, ce diplômé de l’Ecole nationale des arts du Sénégal est venu avec des collègues, des directeurs de festival, des producteurs de musique et de cinéma, afin d’établir un pont entre les Iles Canaris et le Sénégal, à travers l’art. ‘’Mon combat est la professionnalisation. Je joue de la guitare, je suis danseur et chorégraphe ainsi que percussionniste. Toute ma vie, je me suis consacré à l’art et à apprendre à jouer à divers instruments. Mais la professionnalisation a toujours été un point d’honneur pour moi. Au Sénégal, je pense que les jeunes ont un problème de formation. C’est pourquoi, au cours de ce festival, nous avons organisé des ateliers dans divers domaines’’, a fait savoir Khali Thioune. Pour lui, l’art peut être un moyen de développement et de dialogue interculturel.
En outre, ‘’Ci la Bokk’’ n’est pas que formation. Des spectacles ont été organisés, permettant ainsi aux invités venus d’Espagne de découvrir ce qui se fait au Sénégal. Ils ont, en outre pu échanger avec les artistes. En effet, l’un des objectifs de cet évènement est de mettre les Africains, les jeunes surtout, au cœur des débats. ‘’Il y a beaucoup d’initiatives en Espagne, par exemple, qui sont prises pour mettre l’Afrique en avant.
Seulement, on y invite souvent que les présidents des associations. On parle de problèmes africains, alors que les jeunes n’ont pas leur mot à dire. C’est l’une des raisons qui m’ont poussé à organiser ce festival au Sénégal, à Dakar’’, a expliqué l’organisateur. Occasion pour lui de faire également comprendre à ces jeunes qui veulent tous partir qu’émigrer est bien, mais étudier est encore mieux. ‘’Les jeunes ont un problème d’éducation et de formation. Ils pensent souvent qu’ils doivent aller en Europe pour réussir. Mais ils doivent se dire que s’ils restent ici et travaillent dur, ils peuvent réussir. Il suffit juste qu’ils y croient. Il n’empêche qu’ils peuvent aller en Europe ou en Amérique s’ils le veulent, mais avant il leur faut faire des études’’, a conseillé Khali Thioune.
Cette rencontre devrait aussi jeter les bases d’un échange fécond entre les artistes des Iles Canaris et ceux du Sénégal, espère le directeur des Arts, Abdoulaye Koundoul, qui a présidé la cérémonie d’ouverture du festival vendredi dernier au Centre culturel Blaise Senghor. Eu égard à ce vœu important, il espère que cette première édition de ‘’Ci la Bokk’’ n’en reste pas à cet essai. Les groupes de jazz et de musique traditionnelle venus d’Espagne ont montré leur savoir-faire et du bon ‘’sabaar’’ leur a été servi en retour. C’est un bon début d’échange.
BIGUE BOB