La famille exige la réouverture du procès
La cérémonie de dévoilement de la plaque commémorative de la mort de Omar Blondin Diop a été une occasion pour la famille et les amis de l’activiste de gauche, mort à la prison de Gorée, d’exiger la lumière sur les circonstances de ce décès survenu dans la nuit du 10 au 11 mai 1973.
‘’Au nom de tous les martyrs, la famille, les amis, le pays et même l’opinion internationale demandent la lumière parce que notre père l’exigeait’’, a déclaré Dialo Diop, frère de Omar Blondin Diop. C’était samedi, à l’occasion de la cérémonie de dévoilement de la plaque commémorative au musée de la préhistoire de Gorée, ancienne prison de l’Île où le jeune révolutionnaire a perdu la vie, à l’âge de 26 ans. Le jeune étudiant était condamné à trois ans de réclusion, pour «atteinte à la sûreté de l'Etat», par un Tribunal spécial, le 23 mars 1972. Alors que la version officielle parle de suicide, ses proches évoquent la thèse de l’assassinat d'un étudiant engagé contre le pouvoir de Senghor et pour la libération de l'Afrique.
Aujourd'hui, Dialo Diop estime qu’il est temps de faire la lumière sur cette affaire. «Il ne s’agit pas d’une demande mais d’une exigence pour fait nouveau», dit-il. Ce fait nouveau, indique-t-il, c’est l’entretien que l'ancien adjoint au gardien de la prison de Gorée, Néré Brahim Faye, a accordé au journal ‘’Le Quotidien’’. Et dans lequel l’ancien policier s'est dit favorable à la réouverture du dossier tout en confirmant la thèse du suicide jusque-là réfutée par la famille du disparu. «(...) Que tous les éléments de preuves disponibles çà et là soient portés à la connaissance des autorités et que les conclusions de l'enquête soient rendues publiques pour que nul n'en ignore», a indiqué le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND). «Le mensonge d'Etat ne peut plus perdurer sous réserve des conclusions de l'enquête que, formellement, nous demandons sur la base de faits avérés. Nous ferons tout ce qui est humainement possible pour qu'il en soit ainsi", a-t-il ajouté autour d'une foule composée de la famille, des compagnons de lutte du défunt, etc.
«Un modèle pour les jeunes d'aujourd'hui»
Assimilée à ‘’l’ouverture du chemin de la vérité’’, par l’adjointe au maire de Gorée, la plaque commémorative de la mort d'Omar Blondin Diop se trouve dans la cellule n°8 de l'ancienne prison de Gorée devenue musée. Sur une surface en noir et blanc, trône une photo d'Omar Blondin Diop, la tête plongée dans un livre tenu par la main gauche. Ainsi le visiteur peut y lire : "Omar Blondin Diop. Né le 18 septembre 1946 à Niamey. Mort en détention dans cette cellule dans la nuit du 10 au 11 mai 1973". D’après Dialo Diop, une autre plaque portant une brève présentation de son grand frère sera pendue au mur de l’ancienne cellule appelée ‘’Salle des résistants’’.
De l’avis de Hamady Bocoum, directeur du Patrimoine culturel et représentant le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Omar Blondin Diop doit servir de modèle à la jeunesse actuelle. «C’était un jeune brillant et pétri de qualités mais il a tout laissé tomber pour se battre», rappelle-t-il tout en invitant les jeunes à se réarmer ‘’moralement, politiquement, culturellement et socialement’’. Sur sa lancée, Bocoum a fustigé le fait que l’émigration et la lutte avec frappe soient désormais considérées comme les seules voies de réussite : «C’est désolant de voir la force brutale triompher sur l’esprit. Il nous faut des modèles comme Blondin». «Un jeune qui s’est sacrifié pour l’idéal de justice, de la dignité», a souligné Mamadou Diop Decroix.
FATOU SY
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