Publié le 9 Jan 2014 - 14:56
6E REVUE DE L'ISPE

Le FMI, le Sénégal et le ''boulet'' énergétique

 

Le Sénégal doit accélérer la cadence s'il veut, dans un avenir proche, atteindre, voire dépasser la barre des 7% de taux croissance.  Le FMI l'y aide, dans le cadre de l'Instrument de soutien à la politique économique (ISPE). Sauf que rien ne sera possible sans la résolution de la crise énergétique.

 

''Le Sénégal ne peut avoir un taux de croissance plus élevé que celui qu'il a aujourd'hui, si la question de l'énergie n'est pas réglée''. Ceci a le mérite d'être clair. Et ce ne sont pas des paroles en l'air. Elles émanent du Représentant résident du FMI au Sénégal, Boileau Loko, qui faisait face hier à la presse.

Cette affirmation est l'un des enseignements de la sixième revue des résultats économiques obtenus par le Sénégal dans le cadre du programme appuyé par l'Instrument de soutien à la politique économique (ISPE), conclu le 20 décembre dernier, par le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI).

Au moment où le Sénégal a terminé l'exercice 2013, avec un taux de croissance de l'ordre de 4% et que les prévisions les plus optimistes prévoient en 2014, un taux de 4,6%. La moyenne des pays subsahariens se situe depuis des années entre 6 et 7%. Compte tenu de ce retard, le FMI demande, dans le cadre de cette revue, au Sénégal d'accélérer les réformes.

''L'électricité est deux fois plus chère qu'aux États-Unis''

''Au Sénégal, le prix de l'électricité est deux fois plus cher qu'aux États-Unis. Il est l'un des plus chers au monde, malgré les importantes subventions. C'est un obstacle majeur à la croissance''. Selon Boileau Loko, en 2012, des études sur le secteur ont montré que les subventions à l'électricité étaient de l'ordre de 180 milliards, soit 2,5% du PIB, car ''les réformes qui devaient être faites ne l'ont pas été'', soutient-il. Et donc, ''ces subventions au secteur énergétique minent la viabilité budgétaire et la capacité des autorités à investir dans des domaines critiques''. Le Représentant résident considère donc que la réforme du secteur énergétique est une priorité macroéconomique.

Car, ''les prix sont inférieurs d'environ 40% aux coûts de production''. Ce qui appelle à des mesures hardies et diligentes. Dans ce sens, le FMI préconise de ''produire au moindre coût'', une augmentation du prix de l'électricité n'étant pas envisageable. Ce que le Sénégal a compris en initiant le Mix énergétique. Les ''gains d'efficience réalisés à la Senelec et à la lutte contre la fraude'' devraient également participer à la diminution de l’appui budgétaire au secteur.

Selon le FMI, malgré cela, ''l'appui restera considérable et dépassera largement le montant budgétisé pour la subvention explicite (80 milliards et 60 milliards de francs Cfa en 2013 et 2014 respectivement)''. Les autorités sénégalaises ont opté pour une stratégie basée sur l'adoption ''de technologies de production plus efficaces (centrales au charbon construites et gérées par des entreprises privées, par exemple)''.

Le FMI fait remarquer que la plupart de ces projets mettront quelques années à atteindre le stade de la mise en service et donc à réduire durablement les subventions à l'électricité, en l'absence d'un ajustement des tarifs . C'est pourquoi l'institution demande aux autorités sénégalaises d'adopter ''un échéancier réaliste pour la mise en œuvre de leur plan d'investissement et à focaliser leurs efforts sur quelques grands projets prioritaires ayant plus de chance d'aboutir''. Le Sénégal est d'accord sur la nécessité d'accélérer la mise en œuvre, mais considère qu'un plan ambitieux visant à accroître les capacités est justifié, compte tenu du manque d’efficience des unités existantes.

''Le Sénégal est entouré de concurrents...''

L'autre enseignement de la revue est que les ''perspectives économiques sont bonnes'' et qu'il y a ''une stabilisation macroéconomique''. Ce léger mieux se traduit par le fait que le Sénégal est devenu ''un pays à forte capacité d'endettement'', étant ''capable de bien gérer sa dette'', selon le représentant du FMI. C'est pourquoi, Boileau Loko préconise l'amélioration de la collecte des recettes, grâce à une assiette fiscale élargie. En augmentant la base taxable et en rationalisant les dépenses, le Sénégal pourrait ''dégager de la marge budgétaire pour financer ses projets de développement''.

Toutefois, le FMI craint ''une forte opposition d’intérêts particuliers et  les effets du calendrier électoral'' qui viendraient briser l'élan des réformes engagées. C'est pourquoi Boileau Loko pense que les réformes en cours doivent être expliquées aux populations. Dans certains cas, des mesures d'accompagnement sont nécessaires. ''Le Sénégal doit savoir qu'il n'est pas seul. Il est entouré de concurrents et doit aller vite dans les réformes, au risque de se faire dépasser par les autres, dans le classement sur l'environnement des affaires (Doing business)'', prévient le représentant.

50 agences, 3000 salariés,  820 milliards de budget

Le Sénégal est également attendu sur le chantier de la réforme des agences de l'État, avec la suppression ou la fusion de plusieurs agences. La réforme vise aussi un meilleur contrôle et une meilleure application des règles régissant la création d’agences (sachant qu'une analyse coûts-avantages est nécessaire avant qu'une décision soit prise en la matière).

''Elle vise à rationaliser le recours aux agences de l'État, qui se sont multipliées dans les années 2000 et ont nui à la transparence des dépenses publiques, au contrôle des dépenses, à la gestion budgétaire et à l'efficacité de la dépense publique.'' Une étude réalisée à la demande des autorités, sur plus de 50 agences, a montré qu'elles ne comptent qu'environ 3000 travailleurs salariés, que la rémunération moyenne est environ deux fois plus élevée que dans la fonction publique (et davantage encore pour les cadres supérieurs). Ces agences gèrent environ 820 milliards de francs Cfa (soit environ la taille du budget d'investissement).

 

Gaston COLY

 

Section: 
CONTRE-COP – CHANGEMENT CLIMATIQUE : Les peuples africains formulent leurs exigences
JUGÉ POUR ABUS DE CONFIANCE PORTANT SUR PLUS DE 3 MILLIONS DE FRANCS CFA : Le manager de la société Digital Virgo blanchi par le tribunal
ÉDUCATION INCLUSIVE - PRISE EN CHARGE DES ENFANTS AUTISTES ET TRISOMIQUES : La Maison jaune installée à Mbour
CHANGEMENT CLIMATIQUE - JUSTICE CLIMATIQUE : 25 pays africains lancent la Contre-Cop
SAINT-LOUIS : LYCÉE DE NDIAWDOUNE : Les parents d’élèves bloquent la rentrée
RENTRÉE SCOLAIRE 2024-2025 AU SÉNÉGAL : La Cosydep prône l'inclusion, la cohésion et le vivre-ensemble
Santé mentale
ESCROQUERIE ET CHARLATANISME : Moustapha Dramé encourt 2 ans de prison
TIRER PLEINEMENT PROFIT DU POTENTIEL QU’OFFRE LA MIGRATION : La stratégie quinquennale de l’OIM
Thiès : Le message du ministre Alioune Dione aux entrepreneurs du Sénégal
DRAME À YEUMBEUL : La aawo disparaît avec la fillette de sa coépouse retrouvée morte dans un puits  
Comzone 1
AFFAIRE DE L'ÉLÈVE EXCLUE À CAUSE DE SON VOILE Son père a porté plainte au commissariat de Malika
LUTTE CONTRE LE CANCER DU SEIN : La Lisca souhaite dépister plus de 15 000 femmes cette année
MENACES DE MORT ET INJURES NON PUBLIQUES : Les frères Ba soldent leurs comptes à la barre
OGO À MATAM : Power to Youth initie les jeunes à l’administration municipale
ÉCOLES PRIMAIRES PUBLIQUES : FASS PAILLOTTE, MÉDINA FASS MBAO ET SAM-SAM3 : Des centaines d’inscrits au CI et une insuffisance de salles de classe
Mamoudou Ibra Kane
Interdictions de sortie
ÉDUCATION : La Sonaged met les gros moyens pour assurer une bonne rentrée scolaire