"Je ne serai pas candidat"
C’est avec un œil de sagesse qu’Abdou Khadre Cissokho, ancien président de l’Assemblée nationale, suit la bataille autour du perchoir. Du haut de ses 15 années passées à l’hémicycle dont 8 au perchoir, le président du comité des sages du Parti socialiste rappelle aux prétendants les règles du jeu.
Comment expliquez le faible score obtenu par le candidat Ousmane Tanor Dieng, à la dernière présidentielle ?
Ce score n’est pas à la hauteur de l’homme, ni de sa coalition. C’est un score qui nous a tous surpris. Surpris, c’est peu être trop dire. Mais, nous nous-y attendions un peu puisque nous ne nous sommes pas lancés suffisamment dans la campagne. Nous avons beaucoup cru au M23. Nous étions à Dakar et nous nous sommes déployés dans les régions que très tard. Le candidat n’a pas pu parcourir tout le pays. On aurait dû avoir un score beaucoup plus important. C’est un parti qui est dans les villages. C’est un parti d’espoir. On a enregistré l’adhésion de jeunes cadres, d’étudiant, de professeur d’université, de chef d’entreprise. Vous avez vu qu’il y a beaucoup de jeunes candidats élus. Nous nous sommes abstenus pour donner la chance aux jeunes.
Est-ce à dire que vous allez participer aux prochaines élections locales ?
Non, je ne serai pas candidat. Je suis entré dans le gouvernement de Diouf en tant que technocrate avant de faire de la politique, quatre ans après. J’ai été ministre pendant 15 ans en plus d’être député. J’ai été président de l’Assemblée pendant 8 ans. J’ai accepté le redressement au niveau local. J’ai été président de conseil régional pendant 7 ans. Je pense qu’il est temps de laisser la place aux jeunes. Je suis là pour les aider. Conseiller aux cadres de militer à la base pour ultérieurement occuper les postes de président de conseils régionaux. Avec les changements à venir, on aura besoin de compétence pour leur gestion.
Comment appréhendez-vous l’après Tanor Dieng ? On parle de Khalifa Sall et Aïssata Tall Sall comme de potentiels successeurs ?
Une entrée des jeunes dans le parti ne veut pas dire un jeune à la tête du parti. La tête du parti sera définie par les militants à partir des candidats à la candidature. Comme le parti le prévoit, il faut que les candidats arrivent à battre campagne comme cela se fait en France. On parle souvent d’Ousmane Tanor Dieng. Mais c’est un homme qui s’est toujours battus pour le PS. Le parti a du respect pour lui et ne le poussera pas à la porte.
Avez-vous fixé un deadline pour organiser ces renouvellements ?
Non. Nous avons juste suspendu la vente des cartes jusqu’après ces élections-là. A tête reposée, nous procéderons au changement.
Le président Macky Sall vient de boucler ses 100 jours à la tête du pays. Quelle note lui donnez-vous ?
Je lui donnerai 9 sur 10 pour ne pas dire 10 sur 10.
Est-ce à dire que tout est bien ?
C’est une bonne note. Il a pris les choses entre ses mains dès sa prise de fonction. Même au sommet de l’Union africaine, il apporte des changements. Le calendrier du changement est respecté pour le moment. Je pense qu’il a fait zéro faute même si des gens essaient de lui jeter des peaux de bananes sur son chemin. Moi j’ai beaucoup d’espoirs. Ce que je lui demande, c’est de se battre pour que la coalition Benno Bokk Yaakaar reste unis, solidaire pour apporter des changements. Seule cette coalition peut y arriver.
Certains dénoncent le fait que le président de la République soit entouré de lobbies financiers. Si tel est le cas n’est-ce pas là une mauvaise chose ?
En Afrique, dès que vous êtes élu, il y a un groupe d’affairistes qui constituent une couronne et qui l’empoisonnent de réflexions, de considérations, etc. Le président doit prendre ses décisions sans pression. Quand j’étais président de l’Assemblée nationale, j’avais huit formations politiques et deux groupes parlementaires. C’était la première fois qu’on avait une assemblée plurielle. J’ai dit aux députés : ‘’Une fois que vous franchissez la porte de l’Assemblée, déposez votre casquette aux vestiaires’’. C’est la même chose avec le gouvernement. Quand on le forme, on pense à ses alliés politiques, ses compagnons de parti. Mais la primauté, c’est la compétence. Ça peut être un technicien, un homme d’affaires. Maintenant, une fois au gouvernement, ils sont obligés… et sont déjà encadrés par une loi. Ils sont alors au service de l’État.
PAR DADOUDA GBAYA