Macky réplique de Wade, selon les architectes
L’Union patronale des architectes a fustigé hier le manque de considération que l’Etat affiche à l’endroit des architectes locaux, concernant l’attribution des marchés.
Les vieux démons ont surgi de nouveau, croirait-on, à entendre hier les membres de l’Union patronale des architectes. Cette entité, récemment créée afin de défendre les intérêts des architectes, a manifesté son désaccord avec la démarche du chef de l’Etat qui, pour les besoins de l’organisation du quinzième Sommet de la Francophonie prévu à Dakar en 2014, veut ériger un centre de conférence à Diamniadio et aurait déjà choisi, pour réaliser ce projet, ses propres architectes : deux Français, Béru et Perrault, et un Sénégalais, Emile Diouf.
L’intrigue dans les directives présidentielles faites au ministère des Finances, est l’absence de compétition dans la conception de l’œuvre globale du centre. La désignation des architectes s’écarte de la logique de concours qui doit prévaloir dans la construction d’un projet d’intérêt national d’une telle ampleur. Et le choix de deux cabinets français et d’un seul cabinet sénégalais n’est pas, selon les techniciens, pour encourager la préférence nationale pourtant clamée par le chef de l’Etat au lendemain de son élection à la magistrature suprême. ‘’Le Président poursuit sur les mêmes traces que son prédécesseur en ayant son propre architecte… Il y a trop de deal qui se font à notre détriment’’ a indiqué Ousseynou Sarr, vice-président de l’UPA.
Selon les architectes, il est désolant pour les architectes sénégalais, dont la mission est de bâtir la nation, de voir les projets exportés par le gouvernement et l'administration et confiés à des architectes étrangers, ce qui constitue un important manque à gagner pour les nationaux et une perte de devises pour le pays. De plus, ils ont soutenu que lorsque des appels d’offres sont lancés, des conditions qui n’ont rien à voir avec le travail sont formulées pour léser l’expertise locale. ‘’Les derniers appels d'offres auxquels nous avons participé montrent que nous n'avons aucune chance face aux grands groupes et multinationales de l'architecture.
Par ailleurs, certaines règles non écrites qui gouvernent le marché, ainsi que la façon dont les documents d'appel d'offres (DAO) sont rédigés, ont fait de sorte que nos structures, des PME, sont presque systématiquement exclues de la commande publique. Et si vous y accédez par chance ou par la volonté d'une tierce personne intéressée ou motivée, il n'en demeure pas moins d'obstacles dans la réalisation, les paiements; bref, trop de tracasseries administratives’’, regrette le président Assane Sarr.
Face à cette situation, il a souhaité que l'État puisse prendre des mesures en vue de sauvegarder les intérêts des nationaux, car dans tout autre cas ‘’il serait vain de continuer à confectionner des dossiers de soumission dans une pure perte de temps et d'argent. ‘’Il ne serait non plus possible de rêver ni de prétendre à la création de grandes sociétés sénégalaises capables d'attaquer la sous région et le marché international si au sein de sa propre nation aucun effort n'y est fait; à cet égard, l'Etat devrait examiner certaines lois élaborées par certains états voisins ou l'hyper protectionnisme des autres nous empêche d'y exercer’’.
De ce fait, ils ont suggéré à l’Etat de snober les pays qui n’appliquent pas la réciprocité. Ils ont également avancé que depuis l'avènement de l'alternance, le pays est en chantier avec de grands projets de travaux publics, mais cette situation ne profite qu'a un cercle restreint, ce qui conduit l'UPA à envisager des actions pour que des changements s'opèrent.
ANTOINE DE PADOU
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