Publié le 14 May 2014 - 18:22
ACCORDS DE PÊCHE ENTRE LE SÉNÉGAL ET L’UE

Le Gaipes dénonce une ''contrepartie financière humiliante''

 

Le Parlement européen pourrait prochainement connaître du dossier sur l’accord de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne. Le Gaipes qui en veut à Ali Haidar à dénoncé hier lors d'une conférence de presse ''la contrepartie financière humiliante et  insignifiante'' dudit accord.  
 
 
L’accord de pêche entre l’Union européenne et le Sénégal continue toujours de faire polémique. Après des sorties dispersées, suite à l’annonce de cet accord, le Groupement des armateurs et industriels de la pêche du Sénégal (Gaipes) s’est officiellement prononcé à l’occasion d’une conférence de presse tenue hier. D’après Saër Seck et ses camarades, la contrepartie financière de cet accord de pêche au profit du Sénégal et du trésor sénégalais est ‘’humiliante et  insignifiante’’.
 
Mais, dit-il, ‘’au lieu de dire la vérité sur cet accord, le ministre de la Pêche est sur les ondes des radios et télévisions pour faire croire aux Sénégalais que le Sénégal allait recevoir 8 millions d’euros par an, (environ 10 milliards de F Cfa). Alors que, poursuit  Saër Seck, dans les termes de cet accord, pour la première année, le Sénégal va recevoir 1 million 58 000 euros, c'est-à-dire 660 millions de F Cfa. Pour la deuxième année, la contrepartie est de 998 000 euros, même pas 1 million d’euros. Et  918 000 euros pour la troisième année. 
 
‘’Au total, pour les 5 ans, le Sénégal ne va bénéficier que de 8 millions 720 000 euros. Encore, on fait perdre à notre pays la possibilité d’avoir au minimum 30 000 tonnes de poissons à débarquer. Le ministre de la Pêche Djibo Ka avait refusé des accords qui sont 10 fois meilleurs que ce que Aly Haïdar a signé’’, renchérit M. Seck pour qui  cet accord signé entre le Sénégal et l’Union européenne a été fait dans des ‘’conditions bâclées et opaques’’ et n’est pas dans l’intérêt de notre pays. Dès lors, le Gaipes compte user de tous les droits que lui confère la loi pour que cet accord ne soit pas ratifié, de l'avis de son président. Mieux, souligne Saër Seck, le Gaipes va saisir le Parlement européen, pour l’annulation de cet accord.
 
‘’Après avoir saisi le Parlement du Sénégal, le Gaipes veut porter l’affaire devant le Parlement européen’’, informe, M. Seck. Cet accord, dit-il, est formidable pour l’Union européenne qui a tiré son épingle du jeu, mais pas pour le Sénégal. Par contre, l’UE a passé outre ses procédures, regrette le président du Gaipes. Selon Saër Seck, l’Union européenne, dans sa politique, interdit la signature d’accord si les opérateurs et les acteurs ne sont pas concernés.
 
C'est ce qui s’est passé avec le Sénégal car aucun acteur de la pêche n’a assisté à la signature, à l'en croire. ‘’Nous demandons de la manière la plus officielle au gouvernement du Sénégal de ne pas ratifier cet accord et de ne pas le signer. L’accord n’est pas encore signé, il est seulement paraphé. On a toujours la possibilité de revenir dessus.’’
 
''Ali Haïdar a signé dans la précipitation''
 
Dans la foulée, le président du Gaipes a révélé que l'accord en question a été signé par Ali Haïdar accompagné du directeur de la pêche, du directeur de la surveillance des pêches, et du directeur du CRODT (Centre de recherches océanographiques de Dakar-Thiaroye), sans que les acteurs de la pêche ne soient consultés. Or, constate-t-il pour le déplorer, l’expérience cumulée des quatre personnes signataires en matière d’accords de pêche, c’est zéro accord de pêche.
 
Ce qui lui fait dire que cet accord a été signé par le ministre Ali Haïdar dans la précipitation. ‘’Le Sénégal a tourné le dos à la totalité de l’expérience qu’il avait en matière d’accords de pêche. Comment au Sénégal on peut signer un accord de pêche, sans le représentant du Premier ministre, le représentant du ministre des Finances, du ministre des Affaires étrangères, sans parler de l’absence des juristes et des hommes de droit?’’ se demande M. Seck. 
 
Cependant, dit-il, le ministre de la Pêche se glorifie d’avoir régularisé une situation. Or, on ne peut pas parler d’une régularisation dans cet accord. Car explique M. Seck, au lieu de régulariser 8 bateaux qui battaient pavillon au Sénégal, le ministre, Ali Haïdar a signé un accord pour 38 bateaux. ‘’Il y avait 8 bateaux qui étaient là, qui pêchaient au Sénégal depuis la fin de l’accord de 2006 et qui n’avaient pas un cadre légal d’expression.
 
Si on veut régulariser, on signe un accord pour ces 8 bateaux, mais pas faire entrer dans la pêcherie du Sénégal 30 autres bateaux. Donc, il faut que M. Ali Haïdar arrête de nous parler de régularisation’’, cogne Saër Seck. Pire, ajoute-t-il, l’accord de pêche entre l’Union européenne et le Sénégal est signé pour une durée de 5 ans. Ce qui n’a jamais existé dans un accord de pêche au Sénégal. 
 
Lors de son intervention dimanche dernier dans l’émission radiophonique Face-à-Face de la RTS, le ministre de la Pêche et de l’Économie maritime avait souligné que cet accord allait permettre à l’État du Sénégal de gagner 15 millions d’euros de compensation financière et 50 millions d’euros d’accompagnement. Un argumentaire battu en brèche par le président du Gaipes, Saër Seck. 
ALIOU NGAMBY NDIAYE
 
ALI HAÏDAR
 
‘’Ce que le Gaipes dit, ça n’engage que le Gaipes’’
 
Pour un souci d’équilibre, EnQuête a joint au téléphone le ministre de la Pêche et de l’Économie maritime. Au bout du fil, Ali Haïdar dit ceci: ‘’Ce que le Gaipes dit, ça n’engage que le Gaipes. Si vous me posez des questions, je vais vous répondre et ce que je vous répondrai engagera le ministre et le gouvernement du Sénégal. Mais on ne peut pas tenir un entretien au téléphone.'’
A. NG. NDIAYE
 

 

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