Véritable calvaire pour les patients et accompagnants
Pas nécessairement besoin d'être cultivé ou même instruit pour vite savoir, qu'un service d’accueil est sensé recevoir et prendre en charge 24h/24, toute personne se présentant dans une structure sanitaire. Donc, on comprend aisément que la place d’une telle structure est primordiale, car elle doit accueillir tout citoyen dont l’état de santé nécessite rapidement un avis lorsqu'il ne s'agit pas d'une intervention médicale.
Mais malheureusement bon nombre de personnes continuent de décrier ce qui se passe dans le milieu hospitalier à cause du mauvais comportement de certains personnels d'accueil. Et aujourd’hui, nombreux sont les sénégalais qui ont la phobie des hôpitaux.
Ce matin de lundi 11 avril 2022, un patient de
L’hôpital national de Pikine, la soixantaine révolue, s'est fait engueuler par un vigile juste pour avoir essayé de se renseigner. Au même moment, comme s'ils s'étaient passés le mot, son collègue vigile, escorte une vieille femme pour la faire sortir de l'hôpital en ces termes : "que cette personne-là sorte de l'hôpital et qu'elle ne revienne pas ici". Cela s'est passé sous le regard impuissant d'un accompagnant qui s'en est désolé : "décidément, à l'hôpital les agents de sécurité, eux aussi, abusent de leur autorité" dixit-t-il.
Non loin de là, une autre personne assise sur un banc, venu en rendez-vous explique son calvaire : "depuis l'aube je suis ici, j'ai pris le ticket numéro 2 mais je ne parviens toujours pas à aller payer au guichet car le caissier n'est pas encore arrivé alors qu'il est presque 9 heures".
Et cette défaillance dans l'accueil que l'on voit dans presque toutes les structures sanitaires est très souvent déplorée par les malades et accompagnants.
Et pourtant, s'accorde-t-on à dire d'habitude, l'accueil s'avère le premier traitement d'un malade.
Sans langue de bois aucune, cette pratique doit être dénoncée, car certains hôpitaux et centres de santé sont en phase de devenir de très mauvais exemples. Et cette mauvaise pratique, peut aggraver la souffrance du patient.
Ainsi, cette chronique se veut une dénonciation, afin que des hôpitaux et d’autres unités sanitaires cessent ces pratiques qui dérangent à la fois et les malades et leurs accompagnants. Et ce comportement qui persiste dans bien des hôpitaux est vu tel un laxisme des admirateurs qui ne font pas le contrôle et le suivi, c'est pourquoi c'est à dénoncer.
Ce qui est encore plus déplorable, c'est que ces comportements antivaleurs se résument en deux aspects gênants : la très longue durée de l’attente du patient avant d’être reçu, surtout s’il se trouve dans un état très critique, et les propos malveillants du personnel soignant à l’endroit des malades.
Pour se rendre compte de cette pratique souvent ignoble et calamiteuse, il suffit tout simplement de fréquenter les services hospitaliers. Tout de suite, les victimes de l'indifférence du personnel médical expriment leur désarroi : "nous avons respecté l'heure du rendez-vous, mais depuis 3 heures de temps, nous attendons le médecin qui rentre et sort comme s’il ne nous voyait pas, c’est vraiment difficile, car certains à peine arrivés, sont vite reçus et nous qui sommes les premiers, nous attendons toujours". Se désole un homme d'un âge avancé, accompagné de sa fille qui ajoute que : "lors de mon dernier rendez-vous, c’était pareil, un homme de tenue qui avait amené son épouse après une fausse couche, a dû donner de la voix pour se faire entendre, c'est en ce moment que sa femme a été prise en charge. Ce n'est pas normal, tant que tu es calme et discipliné, on ne te respecte pas". Le vieil homme de terminer en ces termes : "tenez, une jeune fille malade avait catégoriquement dit à ses parents de ne pas la conduire à l’hôpital parce que, disait-elle : "là-bas, on reçoit très mal les malades".
Qu'est-ce qu'on fait de la charte du malade ?
Pour rester dans l'actualité, ce qui s'est passé à l'hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga dans ce qu'il convient d'appeler l'affaire Astou Sokhna décédée dans des circonstances douloureuses à l'extrême et les témoignages sur la négligence des agents de santé qui ont suivi montrent à suffisance que le laxisme est ancré dans ce pays et l'on ne fait rien pour l'éradiquer.
Vous rendez-vous compte, qu'une femme enceinte de 9 mois programmée pour une césarienne ne puisse bénéficier d'aucune assistance de 9 heures 30 à 5 heures 30 du matin jusqu'à ce qu'elle perde la vie ? Obligeant pratiquement tout un ministère à se déplacer avec une délégation de 18 personnes pour comprendre ce qui s'était réellement passé à Louga.
Et puis, s'en est suivi la sortie du ministre de la santé, Abdoulaye Diouf Sarr, qui a confirmé que la dame a succombé par négligence de la part du personnel soignant.
Mais monsieur le ministre, là où l'on n'est pas d'accord avec vous c'est que vous nous disiez qu'il s'agit d'un cas isolé que l'on ne saurait généraliser.
Juste vous dire que le mal est plus profond et il est présent partout, sinon le collectif "Patients en danger" ne serait pas porté sur les fonts baptismaux et surtout avec tout ce que nous avons entendu comme témoignages poignants.
Et aussi, démettre le Directeur de l'hôpital de ses fonctions et suspendre les agents de service le jour du drame, cela ne règle pas le problème du système de santé au Sénégal. Le service public dans sa globalité est mal en point et doit être repensé.
C'est pourquoi, il faut beaucoup d'intransigeance dans cette affaire, j'allais dire cette tragédie qui a laissé dire l'éminent Pr Abdoul Kane, chef du service cardiologie de L'hôpital Dalal Diam que : "si nous oublions d'assister quelqu'un qui est malade, qui est dans la souffrance, c'est qu'en réalité, nous oublions notre humanité et nous nous installons dans une inhumanité. Vous le savez aujourd'hui, des gens peuvent être séquestrés dans nos hôpitaux parce qu'ils n'ont pas payé. Nos hôpitaux sont devenus des épiceries".
Le drame de Louga remet au goût du jour la question de l'impunité et du laxisme dans le milieu hospitalier au Sénégal.
Qui a oublié, l'année dernière à la même période, la mort horrible de 4 nourrissons dans un incendie au service de néonatalogie de l’hôpital Magatte Lô de Linguère ? Sans oublier le décès du bébé asphyxié et calciné au mois d'octobre dernier à la clinique de la Madeleine de Dakar. Et j'en oublie...
Tous ces manquements constatés, constituent un frein pour le respect de la pyramide sanitaire par les usagers et l'effectivité de la prise en charge des malades.
On a beaucoup entendu que le bon accueil d'un malade peut grandement contribuer à sa guérison.
C'est pourquoi les blouses blanches et roses devraient créer dès l’accueil du malade les conditions de l’apaisement de son mental. Sinon la question de l’accueil des malades restera toujours une équation à résoudre dans le milieu hospitalier.
Aly Saleh Journaliste/ Chroniqueur