Publié le 8 Jul 2017 - 10:05
ADOPTION HIER DE LA LOI PORTANT MODIFICATION DU CODE ELECTORAL

La loi de la majorité

 

Hier à l’Assemblée nationale, il a fallu l’intervention de 58 orateurs pour obtenir la modification de l’article L.78 du code électoral. Ainsi désormais, l’électeur à la possibilité de prendre au minimum cinq (05) bulletins  pour accomplir son devoir civique, le 30 juillet 2017, à l’occasion des Législatives.

 

L’adoption de l’article L.78 portant modification du code électoral n’a pas été une promenade de santé pour les députés de la majorité. Même si, au final, ils ont réussi à imposer ‘’leur poids’’ au groupe parlementaire de l’opposition et des non-inscrits. En effet, pour les détracteurs de cet article, ce nouveau code ne garantit pas la transparence des élections. Ils ont également remis en cause le ‘’large consensus de la majorité’’ évoqué par la Cena au cours de sa rencontre avec les partis politiques. Ainsi, Me El hadji Diouf et Mamadou Lamine Diallo ont-ils soulevé des  motions  préjudicielles   pour ajourner le débat ou rapporter la séance. Des tentatives qui resteront vaines car c’était sans compter avec  la détermination des députés de la majorité de faire passer la loi.

 Selon le leader de la coalition Leeral, la Commission électorale nationale autonome (Cena) n’est pas habilitée à convoquer la classe politique mais plutôt à superviser des élections. Pis, Me El hadji Diouf estime que ceux qui étaient à cette rencontre avec la Cena  ne peuvent pas représenter l’opposition dans sa globalité. ‘’Comment peut-on  exclure des concertations des partis comme le Pds, celui de Malick Gackou, la liste de Khalifa Sall et parler de large consensus de la majorité ?‘’ s’est-il demandé. A ses yeux, c’est pour éviter des troubles que la Cedeao a recommandé de ne rien changer du code électoral à six mois des élections. D’après lui, ce procédé viole le secret du vote car, dit-il, certains bulletins resteront intacts tout le long du scrutin. ‘’Choisir cinq bulletins ne garantit pas la rapidité du vote’’, croit-il savoir.

 Un avis que semble partagé le député sortant du parti Rewmi. En effet, Thierno Bocoum  estime que la pertinence n’est pas sur le nombre de listes à prendre mais plutôt dans la gestion des élections au Sénégal. Dans la même logique, Seynabou Wade pense que ce code risque de créer l’instabilité dans ce pays et est synonyme d’un recul démocratique. ‘’Il va violer le secret du vote et créer des frustrations à cause de la sélection des bulletins’’, s’indigne la parlementaire. Toujours dans le but de démontrer ‘’l’impertinence de cette loi’’, le secrétaire adjoint du Pds, Oumar Sarr, pense que le gouvernement est tombé très bas à travers ce code. Il dit : ‘’Le gouvernement a l’obligation de dire la vérité au peuple. Il peut régler définitivement la question du nombre pléthorique de listes en retirant  les 30 coalitions qu’il a subventionnées, pour garantir la transparence des élections.’’

 Cependant, toutes ces critiques et recommandations n’ont pas fait fléchir le camp de la majorité. Les partisans de Macky Sall ont plutôt mis sur la table des arguments ‘’solides’’ pour défendre ce projet de loi.

‘’Nous avons une opposition en crise’’

Le président du groupe parlementaire de la majorité pense ainsi que l’opposition raconte des contrevérités en évoquant une absence de large consensus. Selon Moustapha Diakhaté, parmi les 47 listes, 44 ont répondu présent et 34 ont dit oui ; ce qui représente d’après lui 76% d’adhérents alors qu’en démocratie, la majorité, c’est 50%. Il renseigne en outre que les éléments garantissant le secret du vote restent l’isoloir et l’enveloppe. ‘’Nous avons une opposition en crise  et  trop faible pour mettre ce pays en danger  mais il y aura des élections le 30 juillet prochain’’, avertit le parlementaire.  Son adjoint indexe l’opposition d’être à l’origine du nombre pléthorique de listes. D’après Pape Birahim Touré, ‘’ceux  qui accusent le pouvoir de financer certaines listes étaient tous réunis autour de Manko Wàttu Senegaal qui a fini par se disloquer en plusieurs coalitions. Si cette alliance était maintenue comme Bby, on n’en serait pas là’’.

 Revenant sur la question du secret de la transparence des élections brandies par l’opposition, Abdou Mbow pense que seuls deux bulletins pouvaient faire l’affaire. Selon ce dernier, ceux qui critiquent la majorité de la Cena  sont des chefs de parti entassés sur une liste. Sur la même lancée, Zator Mbaye se demande s’il y a des coalitions qui ont payé une caution supérieure aux autres pour qu’on parle d’opposition représentative car à ses yeux, toutes les listes sont d’égale dignité. Pour la néo-apériste Fatou Thiam, cette loi est favorable à tous les citoyens. Elle pense ainsi que ceux qui la critiquent rament à contre-courant des intérêts des  Sénégalais. C’est pourquoi, dit-elle, ils ont choisi Abdoulaye Wade comme tête de liste nationale. ‘’Cela démontre qu’ils ne sont pas prêts à affronter ces élections’’, lance-t-elle à ses ex-alliés.

A la fin des débats, la proposition de loi a été votée. Et les électeurs  sénégalais ont désormais la possibilité de prendre cinq bulletins au moins pour accomplir leur devoir civique le 30 juillet 2017.

HABIBATOU TRAORE

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