Jacob Zuma réélu pour cinq ans à la tête de l'ANC
Se faire réélire à la tête du Congrès national africain (ANC) était pour le chef de l'Etat une condition pour briguer sa propre succession à la présidentielle de 2014.
Le président sud-africain Jacob Zuma a été facilement reconduit mardi pour cinq ans à la tête de l’ANC, le parti au pouvoir, ce qui lui ouvre la voie pour briguer un nouveau mandat à la tête de l’Etat en 2014. Zuma a remporté 2 983 des 3 977 suffrages exprimés par les délégués du congrès électif de l’ANC, réunis depuis dimanche à Bloemfontein, selon l’annonce officielle des résultats lue à la tribune.
Le grand perdant de la journée est l’actuel vice-président sud-africain Kgalema Motlanthe, qui s’est livré à une sorte de suicide politique, en défiant Jacob Zuma pour le poste de président du parti, et en renonçant du coup à se représenter pour conserver sa position de numéro deux de l’ANC. Cyril Ramaphosa, ex-syndicaliste devenu richissime homme d’affaires, qui siège notamment au conseil d’administration du groupe minier britannique Lonmin est en revanche présenté comme un vainqueur de ce congrès. Proche de Jacob Zuma, il devient vice-président du parti à la place de Motlanthe, et se place pour succéder un jour au chef de l’Etat, pourquoi pas dès 2014 si ce dernier décidait de ne pas briguer un second mandat.
La victoire du président sortant ne faisait guère de doutes. Malgré les critiques, les scandales et les divisions internes, Jacob Zuma, qui dirige à la fois le parti et le pays, était soutenu par une très large majorité des délégués du congrès. Dans son discours inaugural dimanche, il avait promis de «combattre l’impression fausse que notre pays part en lambeaux», après des mois marqués par un conflit social très dur dans les mines sud-africaines, qui a fait près de 60 morts. Il a défendu son bilan et promis d’améliorer son action dans des domaines comme l'éducation, la lutte contre la corruption et le combat contre le braconnage des rhinocéros.
Ramaphosa, qui sera désormais son bras droit au sein du parti, est né en 1962 à Soweto. Pilier du syndicalisme avant la chute de l’apartheid - forme légale de protestation contre le régime à l'époque - il a fondé en 1982 le Syndicat national des mineurs (NUM) dont il a fait une machine de guerre d’environ 300 000 membres. La grande grève des mines de 1987, qui a fait vaciller le pouvoir, est restée dans les annales.
Après l’instauration de la démocratie et l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela à la tête de l’Etat, il a vainement tenté de se positionner pour succéder au héros de la lutte contre l’apartheid. Sa route barrée au sein de l’ANC, Ramaphosa s’est alors tourné vers les affaires, où il a brillamment réussi.
Libération