Remettre de l’ordre dans la vente de médicaments
Il n’est pas rare de constater des dysfonctionnements de la chaine de distribution de médicaments sur l'ensemble du territoire national. Pour pallier ces impairs, l'Agence sénégalaise de Réglementation pharmaceutique (ARP) a été portée sur les fonts baptismaux en 2022. Elle compte mener des missions de vulgarisation de la nouvelle loi relative aux médicaments.
Document de référence du Ministère de la Santé et de l'Action Sociale, le Plan National de Développement Sanitaire et Social (PNDSS) 2019-2028 a clairement défini les orientations stratégiques pour le renforcement du système de santé en vue de l'atteinte des objectifs de la Couverture Sanitaire Universelle (CSU), à l'horizon 2030. Parmi ces orientations, figurent le renforcement de la chaine d'approvisionnement en médicaments et autres produits de santé qui repose essentiellement sur la Politique Pharmaceutique Nationale (PPN) dont l'objectif général est d'assurer la disponibilité et l'accessibilité des médicaments et autres produits de santé à toutes les couches de la population.
Ainsi pour assurer la mise en œuvre efficace et efficiente de la Politique Pharmaceutique Nationale, l'Agence sénégalaise de Réglementation pharmaceutique (ARP) a été créée en Avril 2022. Principale structure chargée de la mise en œuvre de la politique pharmaceutique, elle doit veiller aux respects des dispositions législatives et réglementaires régissant le médicament et les autres produits de santé. Elle doit également veiller à l'application des bonnes pratiques pharmaceutiques au sein des établissements où le médicament est fabriqué, distribué, dispensé, utilisé et/ou stocké.
Or, aussi bien dans le secteur public que le privé, les dysfonctionnements de la chaine de distribution sont manifestes sur l'ensemble du territoire national marqués par le manque d'appropriation de la réglementation en vigueur et le non-respect des bonnes pratiques de gestion des médicaments. Pour pallier à ces dysfonctionnements, l'ARP compte mener des missions de vulgarisation de la nouvelle loi relative aux médicaments, aux autres produits de santé et à la pharmacie en vue de renforcer la capacité des professionnels de santé. C’est dans ce cadre qu’un atelier a été organisé hier.
Selon Dr Oumou Kalsoum Ndao Ndiaye, directrice de l’ARP, actuellement, ils sont dans une série de communication et de partage d'informations sur les missions et les objectifs de l'Agence avec la cible pharmaceutique surtout, mais aussi avec l'ensemble des acteurs du système de santé. Elle renseigne qu’ils ont été dans toutes les régions du pays pour communiquer sur la loi 06-2023 qui vient remplacer la loi de 1954 sur le médicament et les autres produits de santé et la pharmacie.
‘’Nous voulons partager les textes qui nous régissent, mais aussi les préoccupations que traversent nos confrères et consœurs des officines, leur parler de cette innovation sur les établissements, c'est à dire qui est pharmacien ; ce qu'il doit faire ; sur quoi il peut être libre ou sur quoi il a des sanctions, quand il fait des infractions. Nous voulons aussi partager sur la pharmacovigilance, le système de notification des effets indésirables en cas d'événements analysés. Nous sommes aujourd'hui avec le département de Dakar, avec ces officinaux qui vont partager l'ensemble de leurs préoccupations’’.
Dr Oumou Kalsoum Ndao Ndiaye d’ajouter : ‘’Parmi les préoccupations soulevées, il y a les ruptures de stock, la place du grossiste privé, la Pharmacie nationale d’approvisionnement. L'idéal pour l'Arp est que tout le secteur de la pharmacie soit au même niveau d'information et de connaissance de nos textes réglementaires. Tout est prévu dans la loi, le monopole pharmaceutique ne se discute pas, cela a été bien dit dans la loi. La notion de substitution est acceptée. Pour chaque produit, nous allons donner la liste des médicaments qui peut le substituer ; nous l'avons déjà travaillé avec la Cmu et nous devons le mettre sur le terrain en début d'année.’’
La directrice informe qu’ils ont validé la liste des médicaments essentiels par niveau de la pyramide sanitaire qui peuvent être également utilisés. Les outils pour subsister, selon elle, sont là, le reste c'est la communication. ‘’L'Arp n'a pas été créée en terrain nu. Elle a rassemblé des structures qui étaient là depuis plus de 20 ans, à savoir la direction de la pharmacie et du médicament et le laboratoire de contrôle. Nous avons mis en œuvre et nous avons des résultats. Nous avons des perspectives et des défis que nous devons régler pour avancer’’.
Ainsi, selon Dr Oumou Kalsoum Ndao Ndiaye, ‘’les défis majeurs sont de faire connaître la profession, les textes réglementaires, de maîtriser la réglementation dans ce pays, connaître le secteur que nous gérons en termes de disponibilité de pharmacies dans la cartographie d'agence, de dépôts, partager les lois et les textes, harmoniser les prix dans l'homologation, contrôler les qualités du médicament, surveiller le marché, lutter sur les médicaments de qualité inférieure ou falsifiés. Pour 2024, nous comptons créer 5 pôles régions qui vous nous servir de relais, pour ne pas dire des cellules régionales.’’
CHEIKH THIAM