Selon Alioune Tine, «Abdoul Mbaye a été rattrapé par l'histoire»
L'argent d'Hissène Habré et la déclaration du premier ministre délient de plus en plus les langues. Alioune Tine dans un entretien accordé à Rfi déclare que dans cette affaire, l'actuel premier ministre aurait « été rattrapé par l'histoire ».
En1990, alors qu’Abdoul Mbaye était directeur général d’une banque, la Compagnie bancaire de l'Afrique de l'Ouest (la CBAO), il a accepté les fonds de l’ancien président tchadien en fuite qui arrivait à Dakar en exil. Il réfute tout blanchiment d'argent, puisque la loi qui punit ce délit n’a été adoptée qu’ultérieurement, en 2004. Mbaye dénonce une campagne de diffamation, selon RFI.
ALIOUNE TINE:
«Abdoul Mbaye a été rattrapé par l'histoire. Ce qui a été fait c'est bel et bien du blanchiment. Il ya pas autre chose. Hissène Habré est arrivé avec beaucoup d'argent. De l'argent volé à l'État du Tchad, on l'a aidé bien sûr à blanchir cet argent, il n'y a pas d'autres noms , il n'y a pas d'autres termes. Parce que c'est de l'argent qui est venu d'ailleurs et qui a été rééjecté dans le circuit sénégalais et qui a bénéficié et de l'aide du Sénégal, et l'aide de certaines banques Sénégalaises, dont celle dirigée par Abdoul Mbaye, l'actuel premier ministre d'aujourd'hui. C'était tout un système. Il me semble que par ce fait, Hissène Habré a bel et bien acheté son asile politique ici à Dakar.»
Selon le premier ministre, la loi contre le blanchiment n'existait pas. « J'étais un banquier à la recherche de dépôts en 1990. Pourquoi ne pas accepter des dépôts qui n'ont aucun problème avec l'assentiment des autorités sénégalaises ? ».
ALIOUNE TINE:
«C'est pas seulement un problème légal, c'est un problème éthique, c'est un problème moral, parce que qu'aujourd'hui effectivement, on ne peut pas évoquer la gouvernance vertueuse, et avoir été les principaux acteurs du blanchiment.»
Entretien retranscrit sur RFI,
par Idelette Bissuu