L'alerte de la Ligue guinéenne des droits de l'homme
Les droits de l'hommiste de la Guinée Bissau alertent, dans une lettre ouverte, la communauté internationale sur la situation délétère en Guinée et qui constitue une menace pour la sous-région.
La Ligue Guinéenne des droits de l'homme a adressé une lettre ouverte au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guteress, au Président de l'Union Africaine, Macky Sall et a la présidente de la Commission Européenne, Ursula Von Der Leyen. Dans la lettre, cette organisation dénonce la situation des droits de l'homme dans ce pays, fortement compromise, dit-on, depuis l'arrivée du régime actuel au pouvoir. En effet, dénonce la lettre, l'objectif de Umaro Sissoco Embalo et son équipe se traduit par la "confiscation progressive des droits et libertés fondamentaux pour installer un régime totalitaire".
Les signataires de la lettre en veulent pour preuve l'utilisation systématique de méthodes jugées "illégales telles que la violence policière, l'intimidation, les attestations arbitraires, les enlèvements et les passages à tabac de journalistes, de militants civiques et d'opposant politiques". Tout cela, poursuit-on, associé aux discours politiques ségrégationnistes et à l'invitation à la haine qui impactent sur la cohésion sociale et la tolérance religieuse.
Cette organisation estime, ainsi, que les fondements de l'État de droit démocratique n'ont jamais été aussi menacés en Guinée Bissau qu'ils ne le sont aujourd'hui. "En outre, les faits décrits ci-dessus montrent des signes extrêmement décourageants qui laissent présager des scénarios imprévisibles dans un avenir proche, compte tenu des faiblesses des institutions démocratiques nationales", relève la note.
C'est dans cette perspective que cette organisation exige la lumière sur les émeutes du 1er février dernier qui a occasionné la mort de 11 personnes et plusieurs blessés, selon les chiffres officiels. Ils regrettent ainsi qu'à la place d'enquêtes sérieuses pour déterminer les responsabilités tant pénales que politiques et administratives, les dirigeants Bissau-guinéens ont opté pour l'instauration d'un climat de terreur qui, précise-t-on, a conduit à la détérioration sans précédent de la situation des droits de l'homme.
Intervention plus vigoureuse de la communauté internationale
La lettre ouverte rappelle à ce propos : l'attaque barbare et, en conséquence, de la destruction de la radio capital FM, le 7 février dernier, qui a fait des blessés parmi les journalistes. Il s'y ajoute l'enlèvement et la détention arbitraire en dehors de la loi de plus de 60 citoyens auxquels l'accès des avocats et les visites familiales sont refusés. Ils listent, également, l'invasion illégale d'installations privées sans mandat de fouille, accompagnée de tirs d'armes automatiques et de gaz lacrymogènes, à la résidence du citoyen Rui Landim, commentateur politique de Radio Capital FM...
Au vue de ce qui précède cette organisation des droits l'homme estime qu'il devient impératif de solliciter une intervention plus vigoureuse de la communauté internationale, sous peine, avertit-on, de contribuer indirectement à une instabilité permanente, avec des conséquences sous régionale.
La direction nationale de la Ligue Guinéenne des Droits de l'homme invite à cet effet les autorités nationales de mettre immédiatement fin à la vague d'arrestation arbitraires, d'intimidation, aux menaces contre des citoyens et des activistes des droits de l'homme. Les membres de cette organisation exigent, en outre, des autorités nationales le respect scrupuleux de leurs obligations internationales en matière de droit de l'homme, en particulier la liberté de la presse et d'expression et le droit à un procès juste. Ils réclament par la même occasion la cessation immédiate des actes de violence contre les opposants politiques...
La Ligue réclame une enquête sur la tentative de coup d’Etat
Cette Ligue souhaite également la création d'un comité d'enquête indépendant pour clarifier les circonstances dans lesquelles s'est déroulée l'attaque meurtrière contre le palais gouvernemental. A ce propos, le président de Guinée-Bissau Umaro Cissoco Embalo a accusé, jeudi 10 février, un ex-chef de la marine nationale et deux autres hommes arrêtés par le passé par l'agence américaine anti-drogue d'être derrière la tentative de coup d'État avortée du 1er février.
Ainsi, le président Embalo a cité devant la presse les noms de l'ex-contre-amiral José Americo Bubo Na Tchuto, chef de la marine pendant la première décennie des années 2000, de Tchamy Yala, également ancien officier, et de Papis Djemé. Tous ont été arrêtés après les événements du 1er février, a dit le chef de l'État. Qui a présenté le coup de force du 1er février comme directement lié au trafic de stupéfiants.
HABIBATOU TRAORÉ