YAW dénonce une gestion antidémocratique
Le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi (YAW) n’a pu tenir, hier, sa manifestation prévue devant l'hémicycle, pour dénoncer la gestion antidémocratique de cette institution. Il s'insurge aussi contre ''les dérives dictatoriales de l’Exécutif et le manque d’indépendance du pouvoir Judiciaire''.
La manifestation pacifique des députés de Yewwi Askan Wi (YAW) n’a pu se tenir, hier, devant l’hémicycle, du fait d’un arrêté préfectoral l’interdisant. Devant cet état de fait, le groupe parlementaire a fait face à la presse pour s’insurger contre cette décision.
Selon Mouhamed Ayib Daff, porte-parole du jour, le préfet Mor Talla Tine a évoqué des raisons fallacieuses, en brandissant "des risques de troubles à l'ordre public, une entrave au fonctionnement normal d'un service public et une entrave à la libre circulation des personnes et des biens".
Malgré cela, ces députés de l’opposition comptent remettre cela, en introduisant une autre lettre d’information pour une manifestation à une date à confirmer. Hier, ils avaient prévu d’occuper la place Soweto, devant l'Assemblée nationale, de 10 h à 15 h.
Cette rencontre avec la presse leur a permis de communiquer les griefs qu’ils ont contre l’institution. En effet, ils dénoncent la gestion ''antidémocratique'' de l'Assemblée nationale où ''les préoccupations du peuple ne sont pas à l'ordre du jour, ni les souffrances des populations, l'instrumentalisation des institutions contre le peuple, les députés, les partis politiques et mouvements citoyens, le banditisme d'État exercé sur les leaders de l'opposition, les populations, les arrestations et emprisonnements arbitraires, etc.''.
Les parlementaires renseignent que depuis le début de la session unique en octobre 2022, le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi a initié plusieurs actions au sein de l’Assemblée nationale pour assurer notamment le contrôle de l’action gouvernementale.
Ainsi, Ayib Daffé, Thierno Diop, Guy Marius Sagna et Cie ont déposé sur la table du président de l’Assemblée nationale 19 questions écrites, 22 questions orales et trois questions d’actualité adressées au gouvernement.
Concernant les questions écrites, seulement quatre réponses du gouvernement ont été reçues par les députés. Une situation que déplorent les députés de YAW.
Parmi les questions écrites que le gouvernement a ignorées, il y a celle concernant la situation à la Sen’Eau (hausse envisagée du prix exploitant et participation du personnel au Conseil d'administration), celle de la relance de la radiothérapie au sein de l’hôpital Aristide Le Dantec, celle de clarification sur le statut et l’exploitation du Train express régional (TER), et celle de la situation des réfugiés mauritaniens au Sénégal.
''Pire, en violation de la Constitution et du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, aucune séance n’a été tenue pour que le gouvernement réponde aux questions orales et aux questions d’actualité'', fulmine Ayib Daffé. Il constate également l’absence de réponse aux résolutions tendant à la création de commissions d’enquête parlementaire ou de mise en accusation de membres du gouvernement devant la Haute cour de justice.
Léthargie ou politique de l’autruche
''Depuis la fin du vote du projet de lois de finances 2023, il semble que tout soit orchestré pour que l’Assemblée nationale ne puisse pas exercer ses compétences constitutionnelles de contrôle de l’action du gouvernement et d’évaluation des politiques publiques'', lance M. Daffé.
Car, dit-il, alors qu’on est en pleine session (octobre 2022-juin 2023) depuis le mois de décembre 2022, la Conférence des présidents qui fixe l’ordre du jour des travaux de l’Assemblée n’est plus convoquée par le président de l’Assemblée nationale.
Le parlementaire constate que le bureau de l’Assemblée nationale n’est convoqué que sur des questions intéressant l’agenda politicien de la majorité présidentielle. Il en veut pour preuve le fait que le bureau de l’Assemblée nationale n’ait été convoqué que quatre fois, depuis le début de la 14e législature. La première réunion a porté sur la validation du calendrier des travaux en commission des finances élargie. La deuxième sur la validation du calendrier des travaux en plénière. Quant à la troisième, elle a concerné l’autorisation de poursuite pénale de deux députés de YAW, en l’occurrence Massata Samb et Mamadou Niang. La quatrième réunion a porté sur la déchéance de Mimi Touré de son mandat de député.
Ainsi, YAW considère que l'opinion nationale et internationale doit être informée de cette situation ''déplorable de dysfonctionnement institutionnel du pouvoir Législatif par la faute principalement du président de l’Assemblée nationale qui refuse d’assumer ses responsabilités''.
Également, en tant que représentants du peuple, les députés de YAW disent marquer leur solidarité au peuple sénégalais, aux journalistes, à l’opposition, aux activistes, à la société civile et à tous les patriotes ''victimes de violation de leurs libertés et droits fondamentaux par un régime à la dérive''.
Les trois propositions de résolution de YAW
Il faut noter que les députés de YAW ont fait trois propositions de résolution. La première porte sur la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’achat d’armes de guerre par le ministère de l’Environnement et du Développement durable. La deuxième, c'est pour la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la situation administrative et financière de La Poste. La troisième est une proposition de résolution pour la traduction devant la Haute cour de justice des ministres incriminés par le rapport de la Cour des Comptes sur la gestion des fonds Covid-19.
En outre, il y a une proposition de mission d'information à la Sen’Eau visant à apprécier la qualité de l'eau distribuée, des services aux usagers et de la situation du personnel. Il y a également une proposition de loi portant réforme de la loi n°2021-35 du 23 juillet 2021 portant Code électoral sur les aspects relatifs au régime juridique de la révision des listes électorales, organisation et fonctionnement des comités électoraux, mais aussi le dépôt d’une motion de censure en application de l’article 86 de la Constitution.
Par ailleurs, des courriers et réclamations ont été adressés à des institutions (président de l'Assemblée nationale, Cour des Comptes, Conseil constitutionnel, ministère de la Justice).
BABACAR SY SEYE