La cherté de la vie comme leitmotiv
La tâche du nouveau président s’avère ardue, au regard des attentes des électeurs de Grand Yoff.
En venant très tôt accomplir son devoir civique au centre de vote Ecole Grand Yoff 2, Sylvie Mendy n’a qu’une seule attente à l’issue de ce scrutin du second tour : le changement au Sénégal. Âgée d’une trentaine d’années, le commerce facile, cette jeune dame, rencontrée dans la cour de l’école, fait partie des déçus du régime de l’alternance. ''Les gens sont fatigués, soupire-t-elle, la vie est très chère. J’ai quitté tôt l’église (Saint Paul) pour venir voter. Il faut qu’il y ait changement''. Ce désir de changement est partagé par Alioune Diop. Casquette vissée sur la tête, la quarantaine sonnée, il constate qu’entre ''2000 et 2012, le coût de la vie a augmenté''. Il invite les deux candidats à accepter le résultat des urnes. «C’est le Sénégal qui en sortira vainqueur'', dit-il. Mais ce message de sagesse ne semble pas convaincre les responsables locaux de la coalition Benno Bokk Yaakaar qui, massés devant la cour du centre de vote, soupçonnent le camp de la coalition Fal 2012 de vouloir frauder. Papis Sonko, responsable des jeunes de l'APR, désigne du doigt deux hommes assis sous l’ombre d’un arbre. ''Ils (des libéraux) ont par devers eux des cartes d’électeurs, accuse Sonko. Ils veulent les remettre à leurs militants''. ''Ce sont des histoires, je n’ai pas les moyens d’acheter des cartes'', répond Mor Dieng, l’un d’eux, interpellé par EnQuête.
Loin de ce climat de méfiance, le Foyer des jeunes de Grand Yoff affiche plutôt le calme. Devant les 18 bureaux de vote du centre, les électeurs, en file indienne, attendent patiemment leur tour. Arona Coly, vient de voter. Il est très préoccupé par la gouvernance de son pays. ''Je veux que le prochain président respecte ses promesses''. A peine a-t-il fini de décliner ses attentes qu'une dispute est signalée au bureau de vote N° 15. Elle oppose le président du bureau aux mandataires des deux coalitions. Ces derniers exigent que les cartes d’électeurs et d’identité leur soient remises pour «vérification». Une requête à laquelle le président ne veut pas accéder. Il invoque le code électoral qui, selon lui, ne l’exige pas. Faux ! Rétorque le mandataire de BBY. Le vote est interrompu. C’est l’imbroglio. Le président du bureau de vote demande aux forces de l’ordre de faire sortir le mandataire de BBY. Le policier, confus, fait appel à son supérieur. Pour trancher le débat, ce dernier demande au président de lire le code électoral. Celui s’exécute. Le code électoral donnera raison aux mandataires. Le vote reprend son cours normal.
Ailleurs, à l’école Khar Yalla, les militants de BBY sont regroupés dans la cour pour «sécuriser le vote». Ce que les forces de sécurité n'acceptent pas. Elles leur ordonnent alors de quitter les lieux. Les jeunes refusent d’obtempérer. Il s’ensuit une vive altercation. Les policiers finalement lâchent du lest. Les jeunes crient victoire.