Publié le 16 Jul 2013 - 10:06
AUDIT PHYSIQUE ET BIOMÉTRIQUE DE LA FONCTION PUBLIQUE

Vers la suspension des salaires de près 2 380 agents

 

Le gouvernement envisage de suspendre les salaires de 2 378 agents considérés par la commission chargée du traitement des contentieux comme des cas de contentieux confirmés à la suite des premiers résultats de l'audit physique et biométrique de la Fonction publique.''

Plus jamais cela dans notre administration ! Plus jamais d'agents payés à ne rien faire !'' C'est le cri du cœur lancé hier par le ministre en charge de la Fonction publique et du Travail, Mansour Sy, hier, au cours de la livraison des premiers résultats de l'audit physique et biométrique des agents de l'administration publique.

Selon Mansour Sy, le gouvernement va suspendre les salaires de 2 378 agents considérés par la commission chargée du traitement des contentieux comme étant des cas de contentieux confirmés. ''Pour ces contentieux confirmés, non seulement nous allons demander la suspension des salaires, mais il faut engager des procédures pour faire des ordres de recettes, pour recouvrer les salaires indus et éventuellement engager des procédures pénales. Toutes les procédures prévues par la loi seront engagées'', a déclaré M. Sy.

Selon le ministre, il y a aussi des cas de contentieux au nombre de 9 892 à soumettre à une procédure stricte de vérification. ''Ces cas de contentieux, on va changer les modes de paiement. C'est-à-dire que le salaire va être domicilié au Trésor, en mode billetterie. Les agents concernés par ces cas de contentieux ne pourront accéder à leurs salaires que s’ils viennent se présenter physiquement en premier lieu, et fournir à leurs ministères les papiers justificatifs ensuite'', a-t-il expliqué. Toutefois, Mansour Sy, a-t-il ajouté, ces salaires ne vont pas rester indéfiniment à la billetterie : ''Ils y resteront au maximum trois mois. Au bout de trois mois, les salaires seront suspendus et les procédures seront engagées.''

En outre, le gouvernement entend procéder à un autre audit de 10 628 agents avant la fin de ce mois. Ce contrôle concernera les agents qui étaient en mission commandée ou qui étaient à l’étranger lors des premiers contrôles.
Par ailleurs, des cas de contentieux ont été identifiés sur le terrain par les équipes d'audit. Selon le gouvernement, il y a 10 450 cas de contentieux issus du terrain, 9 276 cas d’absence non justifiés : ''C'est-à-dire des agents qui sont régulièrement payés mais qui ne se sont pas présentés à l'audit. Il y a 9 276 cas de fichiers de contentieux. L'équipe a pris le fichier de finance des agents payés, le fichier national des cartes d'identité nationale, celui des opérations audits qui étaient disponibles, les fichiers des ministères et ont croisé tous ces fichiers pour trouver ceux qui étaient payés et n'étaient pas reconnus dans ces fichiers'', a expliqué M Sy. Au total, ''la commission chargée du traitement des contentieux a eu donc à traiter 22 898 cas de contentieux. Toutes les mesures seront prises'', a-t-il assuré.

Des irrégularités constatées

De l'avis du ministre de la Fonction publique, du Travail et des Relations avec les institutions, les contentieux relèvent, pour l'essentiel, de beaucoup d’irrégularités. Dans le fichiers de la solde, des agents de l’État décédés ont continué à bénéficier de salaires régulièrement mandatés. Il y a ceux qui résident à l’étranger depuis des années pour leur propre compte et qui sont régulièrement payés. Beaucoup d'agents ont perçu des salaires alors qu'ils sont inconnus de leurs ministères d'émargement et des services déconcentrés. Il y a aussi des agents percevant une double rémunération, ils sont en service dans des agences d’exécution où ils ont un deuxième salaire. Ou encore des agents incarcérés et dont les salaires sont régulièrement mandatés, et des enseignants déclarés malades de longue durée pour la période de 1995 à 2012, et qui, sans aucune décision du conseil de santé, continuent de percevoir des salaires.

S'agissant de 197 enseignants déclarés être à la disposition de foyers religieux, des vérifications sont prévues. ''Il y aura un travail de rapprochement au niveau des foyers religieux concernés pour les vérifications ultérieures et pour prendre des mesures. Beaucoup d'agents cumulent leurs indemnités'', a prévenu Mansour Sy. Il a fait savoir que le Premier ministre Abdoul Mbaye va demander au président de la République d'autoriser une mission de l'Inspection générale d’État (IGE) au niveau de la direction de la solde pour savoir qui percevait les salaires des décédés, les salaires des agents techniques qui n’étaient plus ici. Ces missions iraient jusque dans les banques pour dénicher ceux qui ont pillé les deniers publics.

Sur 123 093 agents audités, 112 789  sont réguliers

A en croire Mansour Sy, avec la publication de ces premiers résultats d'audit, le premier objectif de maîtrise des effectifs a été largement atteint. ''Sur 123 093 agents audités, on note 112 789 réguliers. Il est possible maintenant pour chaque agent audité de préciser les noms et prénoms, le numéro de sa carte d'identité, sa date de naissance, la structure qu'il utilise, son corps, ses diplômes. Et même pour les enseignants, on est allé jusqu'aux disciplines enseignées, avec toutes les autres informations qui vont nous aider dans la prise de décision'', a expliqué Mansour Sy. Il a ajouté que l'audit leur a permis d'avoir des statistiques essentiels disponibles en temps réel et qui aident chaque responsable de ressources humaines et ministère à prendre des décisions idoines. ''Il y a 75% d'hommes et 25% de femmes. Nous connaissons aussi la pyramide des âges et cela nous permettra de dégager une politique de gestion, recruter et former. Nous pouvons aussi avoir la répartition géographique des agents''.

Le coût financier de cet audit s'élève à 395 798 910 sur le budget de l'Etat et 358 millions issus de l'Agence de l'informatique de l'Etat (l'ADIE).

Viviane DIATTA










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