Avec la bénédiction de l'Église sénégalaise
Le cardinal Théodore Adrien Sarr s'est prononcé vendredi sur l'assainissement des mœurs politiques et la nécessité de promouvoir une gouvernance économique saine. Il s'est réjoui des audits et des auditions diligentés pour traquer les auteurs de malversations financières et de détournements de deniers publics.
Le branle-bas causé par les audits et auditions des anciens dignitaires du régime libéral, soupçonnés de s'être enrichis de manière indue, ne laisse pas indifférente l'Église du Sénégal. Hier, le cardinal Théodore Adrien Sarr s'est réjouit de la volonté affichée par le nouveau régime de faire la lumière sur les malversations financières prêtées à d'ex-dignitaires de l'État. ''On ne peut pas ne pas se réjouir de voir qu'en haut lieu, on est déterminé à mener des audits qui permettent à la fois de déceler tout ce qui est bonne gestion des fonds publics, mais aussi tout ce qui est malversation financière'', a déclaré le cardinal Sarr au Foyer de Charité du Cap des Biches où se sont réunis les Évêques du Sénégal (28 mai-1er juin), dans le cadre de la deuxième session ordinaire de l’année pastorale 2011-2012. Monseigneur Sarr est d'avis qu'il faut que les autorités prennent ''les décisions qui permettront de condamner les mauvaises gestions, les malversations, s'il le faut, voir comment récupérer cet argent en question et surtout empêcher que ce mal continue de gangrener la société sénégalaise''.
''Suprématie polluante de l'argent''
En effet, le cardinal est convaincu que ''le Sénégal souffre de ce que l'argent a pris trop de place dans la politique, dans le comportement des citoyens entre eux ou dans leur lieu de travail''. Parlant de ''suprématie polluante de l'argent'', il n'en estime pas moins ''qu'il ne s'agit pas d'une fatalité''. Il exhorte les Sénégalais à prendre conscience qu'il s'agit ''d'un mal profond, un mal réel qui se manifeste de multiples façons et portent beaucoup de préjudices aux personnes, aux familles à l’État et aux sociétés'', qu'il faut combattre. Aussi, dira Monseigneur Sarr, ''il faut prier Dieu pour que ceux qui sont en charge de ce travail, courageusement, continuent leur travail d'investigation pour révéler la vérité. Partout où il y a la mauvaise gestion, qu'on puisse prendre les sanctions nécessaires, pour que les Sénégalais comprennent qu'on ne peut laisser l'argent polluer les relations sociales, l'économie du pays, l'administration, comme la politique sénégalaise''. Ainsi, les Évêques du pays invitent le président Macky Sall ''à poursuivre ses efforts pour la moralisation de la politique et du mode de gouvernance qui respecte la distinction des pouvoirs''. À tous les citoyens sénégalais, ils demandent un changement de mentalité et de comportement pour ''cultiver un nouveau type de citoyen'' qui sera ''plus consciencieux et respectueux du bien commun''.
Gaston COLY