Legs Africa alerte sur une bombe foncière et environnementale
Dans le cadre de la construction de cet important projet autoroutier, il est envisagé l’abattage de près de 400 000 pieds d’arbres forestiers, des pertes de plus de 3000 ha de terres à usage agricole et d’habitation, sans compter les risques importants de pollution de l’air.
‘’Un véritable scandale environnemental et sanitaire !’’ C’est en ces termes que le think-tank Legs (Leadership, éthique, gouvernance et stratégie) Afrique résume le projet de construction de l’Autoroute Dakar/Tivaouane/Saint-Louis. Au sortir de la réunion du Comité technique de pré-validation du rapport d’EIES tenue les 23 et 24 mai dernier, les camarades d’Elimane H. Kane ont jugé utile de lancer l’alerte. ‘’La réalisation de ce projet pose des risques élevés de pollution de la nappe dans plusieurs localités et la réduction très considérable de la superficie des terres arables. Les pertes en terres agricoles pour la section Dakar-Mékhé sont estimées à 1871 ha et à 1309 ha sur l’axe Mékhé-Saint-Louis et celles en terres à usage d’habitation portent sur 3545 ha pour les deux axes.’’
Ces remarques ont été à la base de plusieurs observations, surtout de la part des acteurs de la société civile. Mais malgré les nombreuses insuffisances de l’étude, les observations et recommandations formulées par les différentes parties prenantes, le Comité a procédé à la validation sous réserves dudit rapport. ‘’Ainsi, dénonce l’organisation, les populations riveraines de cette zone seront davantage exposées à la raréfaction des ressources et risquent fortement de ne pas être indemnisées correctement, puisque les mesures compensatoires ne sont à ce jour nullement basées sur une grille ou un barème bien défini et tenant compte de tous les paramètres socio-économiques.’’
Projet ‘’mal pensé’’
LEGS AFRICA tient ainsi à rappeler qu’un tel projet encore mal pensé n’est pas sans risques, dans un contexte de progression notoire de la menace terroriste vers les pays côtiers, d’exploitation des hydrocarbures et de variations pluviométriques… ‘’Ainsi, à la présence de ces facteurs générateurs de conflits entre agriculteurs et éleveurs, s’ajoutent des menaces sévères sur les moyens d’existence de ces populations, tout en les éloignant davantage de tout espoir de subvenir à leurs besoins et droits qui correspondent aux Objectifs de Développement Durable’’, lit-on dans la Déclaration.
Outre la diminution considérable des terres arables et à usage d’habitation, le think-tank attire fortement l’attention sur la pollution de l’air pendant et après les travaux qui, à ce jour, ne fait pas l’objet de prévisions afférentes au taux journalier de polluants et de particules fines. ‘’Face à des populations qui ne bénéficient pas d’infrastructures sanitaires de base, la prise en compte réelle des risques sanitaires et l’accès aux soins et traitements adéquats doivent figurer parmi les priorités de sécurisation de ces dernières’’, alertent-ils.
Abattage de 395 948 pieds d’arbres forestiers
Par ailleurs, il ressort de l’EIES que le projet va entrainer l’abattage de 395 948 pieds d’arbres forestiers, dans un contexte de désertification. Legs Africa, qui s’interroge sur le caractère optimal du tracé, demande à ce que la mise à disposition des coordonnées géographiques du tracé soit effective. ‘’Pour rappel, le tracé de l’autoroute qui a fait objet de rejet par les populations de Kayar, empiète pleinement le périmètre de restauration et de réhabilitation de la zone des Niayes et pose la question de la déclassification des forêts classées de Rao et Pir-Goureye ! LEGS AFRICA préconise pour une meilleure préservation de l’environnement d’élaborer un PAR, par zone agro-écologique, et de disposer d’un plan de reboisement permettant de remplacer chaque pied abattu par au moins deux autres pieds…’’
Aussi, exigent-ils, la mise en place d’un organe indépendant et inclusif chargé du suivi des engagements et des indemnisations justes au bénéfice des populations impactées.