La presse s’est encore jetée sur des déclarations xénophobes prêtées à la femme politique française Marine Le Pen, fille de son père, leader du Front national (extrême-droite française). Elle aurait félicité l’équipe nationale de football de France trop ‘’colorée‘’, (trop black-beur et pas assez blanche) pour être confondue avec quelque équipe de pays de Noirs. Des sites se sont jetés sur ces déclarations qui ne sont pourtant pas authentifiées comme ayant été faites par Mme Le Pen.

Leur reprise est d’autant plus tentante que ces propos dans le style de ceux que fille et père ont l’habitude de tenir. On ne prête qu’aux riches. ‘’Félicitations à nos tirailleurs sénégalais pour leur nouvelle victoire contre l’Allemagne’’, a fait dire www.nordpresse.be à Marine Le Pen. ‘’Après les nombreux scandales qui ont secoué les têtes et les testicules des joueurs, voilà que le Front National propose de renvoyer chez eux tous les joueurs à pigmentation variable.

Et cela sans attendre la fin du tournoi qui prévoyait, de toute façon, leur élimination dès le premier tour. Du 11 de base qui a battu les Roumains au match d’ouverture, il ne reste alors qu’Olivier Giroud, Antoine Griezmann et Hugo Lloris qui, malgré ses origines espagnoles, a eu la permission de rester sur le sol français pour  services rendus à la nation. Didier Deschamps aura la lourde tâche de reconstruire une équipe dite blanche d’ici la coupe du monde 2018’’, a écrit www.nordpresse.be repris par des portails sénégalais.

Mais tout vraisemblables que paraissent ces déclarations, elles sont inexactes ; leur source émettrice n’est aucun autre média que le site belge www.nordpresse.be, qui parodie un authentique journal belge ‘Sud Presse’’. Et il en existe bien d’autres, beaucoup d’autres dont la spécialité est de répandre des informations fausses sous le couvert allégué d’un authentique journal, mais dont le nom a été déformé ou mis en calembour ou en anagrammes. Et c’est le cas du Gorafi (parodie de Le Figaro), Agence France presque (Agence France presse, Afp).

Dans un article publié en juin dernier sur le site de ‘’factchecking’’ (spécialisé dans les investigations et les « réenquêtes » autour des informations et déclarations faites dans la presse), www.africacheck.org, nous attirions l’attention sur une tendance sur la webosphère où des sites se sont spécialisés dans la fausse information. Et un des plus saillants a été l’annonce par deux fois (le 4 septembre 2014), puis, une année après, (le 30 septembre 2015) de la mort de l’international de football camerounais Rigobert Song Bahanag. Et il y a quelques semaines, les faussaires de la webopshère annonçaient la disparition d’une autre star africaine du foot, l’Ivoirien Yaya Touré.  Il y a eu aussi l’annonce de la mort du pape émérite Benoît XVI, la conversion à l’Islam de la femme politique française Christine Boutin (qui décida d’ailleurs de porter plainte…)

‘’L’explication vraisemblable est que ce hoax, dénomination sur la webosphère d’une fausse nouvelle ou d’une information mal ou pas du tout sourcée, sur la mort de l’international de foot camerounais, émane d’un de ces sites aux méthodes « plaisantines » comme « Actualites.co » » qui invite à « créer de fausses news (pour piéger) tes amis’’, soulignait www.africacheck.org. Une information fausse certes, mais qui a les apparences de la vérité ; une fausse nouvelle qui a certes une des deux caractéristiques de l’information, mais qui n’a pas du tout la deuxième, à savoir l’exactitude. En effet, aux étudiants en journalisme, il est enseigné qu’‘’une information est une nouvelle intéressante et exacte’’.

Vigilance donc, face à tout canular pouvant avoir pour origine ces journaux et sites parodiques. Il faut éviter de reproduire ces ‘’écrits’’  si alléchants, si fracassants.

Boy Djinné ou un délinquant cambrioleur devenu star des médias ! Et en vertu de cette célébrité qu’on lui a faite, le délinquant, de nouveau arrêté, fait un pied de nez au président de la République et à son ministre de la justice (qui a eu la mauvaise inspiration de répondre aux rodomontades du monte-en-l’air). Il promet de s’évader comme il a eu à la faire au point de se faire surnommer ‘’l’as de l’évasion ‘’… Pourtant, il n’a pas pu s’évader de la Gambie où il a été mis en prison avant d’être remis en liberté dans des conditions et des raisons tout aussi opaques par les autorités de ce pays et d’être alpagué en territoire sénégalais qu’il avait fui pour se réfugier en pays voisin. Les pouvoirs mystiques dont on le crédite auront été moins opérants que les bakchichs que des soupçonneux accusent des matons d’avoir perçus pour faciliter l’échappée du détenu. On verra bien, cette fois-ci, s’il se fera la malle en se transformant en lézard ou margouillat, comme on le prétendit au lendemain d’une de ses évasions.

Il faudra d’ailleurs que la presse nous fasse un dossier sur nos anciens et nouveaux caïds ; pourquoi leur carrière est toujours éphémère : de Yadikone à Boy Djinné en passant par Bouba Chinois, Alex et Ino, Boy Naar… qu’est-ce qui dans les systèmes sécuritaire et carcéral fait qu’un grand bandit n’a jamais plus de cinq ans de carrière ?

L’autre anomalie à souligner ici est que Boy Djinné n’aurait pas dû être exhibé menottes aux poignets. Les menottes sont assez culpabilisatrices que dans beaucoup de pays du monde, pour qu’un individu menotté ne soit pas perçu comme un coupable avant jugement par la justice, ses poignets ainsi entravés sont recouverts par un drap, une veste, jacket...Il en va du respect de la fameuse présomption d’innocence que défendent bille en tête les magistrats. Ino fut filmé sur une estrade avec l’assentiment de la gendarmerie et montré dans le journal télévisé de la RTS. Il s’était évadé et on le prétendit si dangereux qu’il se répandit une peur à travers le territoire.

Et le régisseur de la prison de Rebeuss qui s’est mis à pérorer sur sa page Facebook fait des révélations sur l’incarcération puis la libération de Karim Wade. Une forfaiture dont il se vante (à tort). Il a été limogé, mais il se trouve des pinailleurs (comme ce pays en compte) pour désapprouver la mesure. Tout comme d’ailleurs cet inspecteur du Trésor et politicien, Ousmane Sonko, qui divulgue dans la presse des informations qu’il détient de par ses fonctions. Tout partisan que l’on soit de la transparence et désapprobateur du non-reversement des impôts défalqués des salaires des députés, on ne peut comprendre ce conflit d’intérêts et cette déloyauté à l’Etat commis par ce Sonko. Qu’on ne défende pas l’indéfendable !