Mariée depuis un mois, l’étudiante expulse son fœtus de six mois
Un an d’emprisonnement ferme ! C’est la peine infligée hier à A. Dieng. Cette étudiante de 21 ans est reconnue coupable des délits d’avortement clandestin, de suppression d’enfant et de profanation de cadavre. Elle a été jugée devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar.
Une atmosphère glauque régnait hier, dans la salle 1 du tribunal des flagrants délits de Dakar. Un avortement clandestin effectué de la pire des manières a été évoqué devant la barre de cette juridiction pénale. A. Dieng, 21 ans, a expulsé de son ventre un fœtus de six mois avant de le jeter dans une fosse septique.
La jeune fille, étudiante à la faculté de Droit, a préféré stopper sa grossesse plutôt que de supporter les jugements de la société. Mariée au mois d’octobre dernier, elle découvre qu’elle a contracté une grossesse avant son union. Et pourtant l’enfant est celui de son époux avec qui elle a eu des rapports sexuels avant leur union. C’est loin de son domicile que son ignominie a été perpétrée.
En effet, les faits se sont déroulés dans l’immeuble où sa mère fait le linge.
Il ressort des faits que c'est le locataire, Pape Samba Seck, qui avait constaté que la fosse septique de l'immeuble où il avait un appartement était bouchée. Il a fait appel à un déboucheur qui a découvert que l’obstruction est causée par un fœtus. Une enquête ouverte a permis d'interpeller A. Dieng qui a reconnu les faits.
Face aux juges, la jeune étudiante, qui est poursuivie pour avortement clandestin, suppression d’enfant et profanation de cadavre, a plaidé non coupable. Revenant sur les faits qui lui ont valu sa comparution, elle a déclaré : ‘’Le 19 novembre dernier, jour où j'accompagnais ma mère qui allait faire le linge, j'ai vu mes règles. C'est ce que je croyais, parce que j'avais mal au bas-ventre. À 17 h, j'ai senti le besoin d'aller aux toilettes. C’est là où j'ai expulsé quelque chose lorsque je me suis mise en position assise. Il y avait beaucoup de sang qui coulait de mes parties intimes. Le corps étranger que j'ai expulsé m'a échappé dans le trou de la chaise turque. J'ignorais que cette chose était un enfant, puisque je n'ai jamais avorté ni enfanté. J'ignorais que j'étais enceinte. J'avoue que je suis mariée et j'entretiens des rapports sexuels avec mon mari, mais je ne savais pas que j'étais enceinte.’’
À l’en croire, c’est le lendemain qu’elle a constaté un écoulement de lait au niveau de ses seins.
Entendu à titre de simple renseignement, son mari S. S. Faye révèle qu’ils se sont mariés le 21 octobre après une relation amoureuse qui a duré cinq ans. Il a précisé également qu’ils entretenaient des relations sexuelles avant leur mariage. Selon lui, il n’était pas au courant de la grossesse de sa femme tout en reconnaissant la paternité de l’enfant.
Selon le représentant du parquet, elle a fait des manœuvres consistant à expulser le fœtus. ’’Le certificat médical dit que l'enfant vivait au moment de l'expulsion. Elle l'a introduit dans la fosse septique. Elle a déclaré l'avoir expulsé dans les toilettes de la chaise turque. Elle n'a informé personne. Son mari n'était pas au courant de sa grossesse. Elle n'a pas effectué de visites prénatales. Ce qui prouve qu'elle avait l'intention de s'en débarrasser. L'avortement est établi ainsi que la suppression d'enfant. Après l'expulsion, elle a introduit le fœtus dans la fosse septique des toilettes. D'où le délit de profanation de cadavre’’, a souligné le maître des poursuites qui a requis trois ans ferme.
Selon l’avocat de la défense, Me Mamadou Guèye, cet avortement peut être accidentel. Il a demandé au tribunal de lui tendre la perche, puisqu’elle est étudiante. Il a sollicité la relaxe de sa cliente.
Sa requête n’a pas été entendue par le tribunal qui a reconnu A. Dieng coupable des faits qui lui sont reprochés. Elle a écopé d’une peine d’emprisonnement d’un an ferme.
MAGUETTE NDAO