Ousseynou Seck a été battu à mort, selon sa maman
Cela a tout l'air d'une nouvelle bavure policière. Le jeune Ousseynou Seck, étudiant et âgé de 39 ans, est décédé hier à l'hôpital CTO des suites ''de sévices corporels''. C'est une maman éplorée et à la voix étreinte par la douleur qui est revenue sur les circonstances horribles de la mort de son benjamin. ''Mon fils était là en train de faire du thé avec moi ici. Ensuite, il a reçu un coup de fil. Puis quelques minutes plus tard, il m'a dit qu'il allait acheter un sandwich. C'est là-bas qu'on l'a kidnappé''. En effet, poursuit la vieille dame, deux heures de temps plus tard, des policiers sont venus frapper à sa porte, pour lui ramener son fils. ''Des policiers sont venus demander après Ndiol, je leur ai dit que je ne le connaissais. Ils sont revenus plus tard me demander si je connaissais un nommé Ousseynou Seck. J'ai répondu : ''C'est mon fils, on était ensemble tout de suite''. Ma fille est sortie pour s'enquérir de la situation. Ensuite, les policiers sont sortis, nous leur avons emboîté le pas. Mon fils était étendu dans la camionnette de police en train de gémir. Il m'a dit : ''Amenez-moi à l'hôpital''. Quand j'ai voulu savoir ce qui lui est arrivé, il a dit: ''Maman, je n'ai rien fait. Je n'ai rien dit. Ils m'ont surpris par derrière, m'ont tordu le bras. Je ne peux plus bouger ma jambe. J'ai sûrement une fracture du bassin. Je ne peux également pas bouger mon cou''.
Entourée de ses voisins pleins de sollicitude, la vieille dame poursuit avec peine son récit. Devant ce cas manifeste de torture, elle déclare avoir demandé aux flics de ramener son fils au commissariat de Grand-Yoff. Puis, accompagnée de sa fille et d'une amie qui travaille à la clinique Nabil Choucair, elles se sont rendues au commissariat. ''Mon fils ne pouvait même pas s’asseoir'', poursuit-elle. Ici, les policiers leur demandent de ramener Ousseynou chez lui. ''Vous êtes une vieille dame, ils m'ont dit. Nous le relâchons. Vous pouvez l'amener''. Toutefois, révèle la dame, ''nous avons demandé après le commissaire. Le chef qui était là m'a rétorqué : ''Vous ne pouvez pas le voir, c'est moi le remplaçant''. Ne pouvant rien faire d'autre, elle a pris un taxi pour acheminer son fils à l'hôpital général de Grand-Yoff où le jeune homme a rendu l'âme.
Ainsi, ils étaient nombreux, hier, jeunes, amis et voisins, présents devant la maison du défunt Ousseynou, prêts à en découdre avec la police et à manifester leur colère dans la rue. Toutefois, la famille a refusé catégoriquement, afin d'éviter que l'affaire soit mise dans le cadre des manifestations actuelles contre la candidature de Me Wade. Car, ses amis sont unanimes : ''Ousseynou était de constitution frêle''. ''Il était tout le temps malade, confie l'un d'eux. Il ne lui serait même pas venu à l'esprit de prendre part à des manifestations''. D'où, les interrogations sur les motivations de cette arrestation par les policiers et surtout des sévices corporels infligés au jeune homme.
Toujours est-il que la famille a décidé de porter plainte. Aux dernières nouvelles, le corps était toujours à HOGGY pour les besoins de l'autopsie.
Gaston COLY