Une diversité de points de vue pour une projection vers l’avenir du continent
À l’occasion de la 14e édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, une exposition intitulée ’’Africa, la renaissance en marche’’, est présentée au Centre culturel régional de Dakar Blaise Senghor.
Cinq tableaux joyeux et gais dans lesquels l’arbre est associé à la femme sont accrochés sur des murs du centre culturel Blaise Senghor. Les couleurs sont vives : orange, rouge, jaune. Des formes s’entrelacent dans un élan vers la lumière, la liberté. C’est une marque de fabrique de Soraya Gharib, artiste-peintre autodidacte, née au Sénégal, à Kaolack. Ces cinq peintures montrent la beauté de la nature et la nécessité de protéger l’arbre.
‘’Les tableaux que j’ai exposés font suite à une émission que j’avais suivie, qui parlait de la déforestation qui sévit au Sénégal. Quand j’ai entendu ça, je me suis dit que si on abat les arbres, c’est comme si on abat les femmes ; il n’y aura plus de vie’’, a expliqué la Sénégalaise d’origine libanaise. Qui, comme à son habitude, entraîne le contemplateur dans l’univers de l’abstrait où elle retranscrit la magnificence des couleurs chaudes de l’Afrique. Elle a présenté les œuvres lors de l’exposition collective ‘’Africa, la renaissance en marche’’, au centre culturel Blaise Senghor, dans le cadre du Off de la Biennale de Dakar 2022.
Parmi les exposants, il y a aussi le jeune artiste-photographe-vidéaste sénégalais, El Hadj Samba Diédhiou dit ‘’Baba’’. Artiste multidimensionnel dans ses œuvres, il met en avant souvent la richesse de la culture africaine. Celui qui, à travers la photographie, immortalise ses émotions avait fait une présentation de la danse traditionnelle diola, le ‘’bougarabou’’ (sélection lors de l’exposition ‘’Sentu’’ et lors d’une exposition en Espagne). Cette fois-ci, il a travaillé sur la danse du ‘’ndawrabine’’, une chorégraphie traditionnelle des Lébous. Le fond noir augmenté par l’artiste-photographe fait davantage ressortir l’aspect esthétique des tableaux. La joie des chorégraphes dans leur grand boubou traditionnel, les mouvements et gestes délicats des pas de danse… Baba a capté des images impressionnantes qui ne laissent personne indifférent. Il a utilisé une nouvelle technique appelée Digital Painting. Une manière pour le professeur de conception publicitaire à l’École nationale des beaux-arts de faire part de son talent de designer.
‘’J’ai voulu montrer mon côté très graphiste. C’est pour cela que j’ai utilisé cette technique. J’ai eu beaucoup de retours par rapport à cela. Et ce qui me fait plaisir, c’est que, chaque fois que les gens se mettent devant un de ces tableaux, ils me demandent si c’est de la photographie ou de la peinture. C’est cela que je cherchais’’, a-t-il expliqué.
Néanmoins, il laisse toujours un indice montrant qu’il s’agit de photographie. ‘’En observant bien les visages, nous voyons nettement que c’est de la photographie. Mais tout ce qui est autour, c’est de la peinture digitale’’, a-t-il détaillé.
Une formidable opportunité
Huit artistes francophones dont trois femmes ont été sélectionnés. Donner la parole à des artistes africains émancipés, des préjugés qui leur sont trop souvent attribués, ouverts et décidés à projeter un universel qui se décline au pluriel. Telle a été la préoccupation des commissaires de l’exposition collective ‘’Africa, la renaissance en marche’’. Jérémy Cauden est le commissaire adjoint. ‘’À travers cette exposition, nous avons voulu montrer, d’abord, une diversité des techniques, des points de vue artistiques, des représentations, des thématiques qui touchent et qui font l’Afrique d’aujourd’hui, notamment par les nouvelles générations. Dans un second temps, ce qu’on a voulu montrer, c’est la transmission entre les générations un tout petit peu anciennes et les nouvelles générations’’, explique-t-il. ‘’Notre exposition est une tentative, une proposition, une modeste, mais solide esquisse de cette renaissance africaine en marche’’, a ajouté le collectionneur.
Il y avait beaucoup d’effervescence pour cette reprise de la biennale qui est un événement très important au niveau mondial. ‘’Nous sommes très contents de pouvoir exposer. Le report de la biennale dû à la Covid-19 a touché l’ensemble du marché de l’art, notamment les artistes africains. C’est pourquoi nous étions d’autant plus motivés et déterminés à donner le meilleur de nous-mêmes, à représenter et exposer nos artistes du mieux possible’’, s’est réjoui Jérémy Cauden.
Même son de cloche pour Daffa Konaté, Commissaire de l’explosion. ‘’Participer aux Off de la biennale est une formidable opportunité. Je suis ravie de présenter le travail d’artistes engagés et déterminés, mais aussi faire partie de la dynamique incroyable que présente la biennale’’, dit-elle.
BABACAR SY SEYE