Publié le 29 Mar 2013 - 11:33
CENTRAFRIQUE

Palais présidentiel vandalisé avec le vainqueur de Bangui

Un rebelle du Séléka dans le bureau pillé du président déchu François Bozizé à Bangui, le 28 mars 2013.

 

Au palais présidentiel où régnait depuis dix ans le général François Bozizé, le général rebelle centrafricain Arda Hakouma s'amuse à prendre la pose, un pied sur la statue d'un lion, lui qui a conduit, dimanche, la conquête de Bangui.

 

Sur un panneau, il est écrit: "Au général d'armée François Bozizé, avec Dieu, nous ferons des exploits. Il écrasera nos ennemis. Psaume 60 2: 12".

 

Arda Hakouma, trentenaire de haute taille coiffé d'un chèche, rigole: "Il n'y a pas eu d'exploit. Il a été vaincu. L'exploit, c'est nous".

 

Ce général rebelle conduisait les troupes de la coalition Séléka durant l'offensive victorieuse sur la capitale. Quand elles ont pris le palais présidentiel, dimanche, le chef de l'Etat avait déjà fui pour trouver refuge au Cameroun voisin.

 

Les lieux ont été vandalisés, fouillés, retournés. Mais il n'y aucun impact sur les murs. Il n'y a, en fait, pas eu de résistance. "Cela a pris quelques minutes à peine. La GP (garde présidentielle) a fui tout de suite, dès les premiers coups de feu", explique le général, en guidant jeudi la visite.

 

Un char est pourtant encore posté à l'entrée du palais. Un autre, à l'intérieur de l'enceinte, est garé à côté des dizaines de voitures de luxe.

 

Une partie du palais reste inaccessible. "On craint que ce soit miné. Nous avons demandé conseil à nos amis français qui ont promis de venir", explique le colonel Abdel Aziz, l'adjoint du général.

 

On peut toutefois accéder au "saint des Saints": le bureau personnel de François Bozizé. Celui-ci est situé au milieu du bâtiment. Les fenêtres, voilées, ne donnent pas sur l'extérieur. "Mesure de sécurité sûrement", analyse un soldat.

 

C'est aujourd'hui un vaste capharnaüm. Les tiroirs ont été ouverts et jetés à terre, des papiers officiels mais aussi des magazines jonchent le sol. On trouve aussi bien un parapheur "Trésorerie du Knk" (le parti présidentiel Kwa Na kwa, "le travail rien que le travail") que des documents classés "secret" ou "très secret" mais dont l'importance paraît aujourd'hui toute relative.

 

Un soldat dans le fauteuil présidentiel

 

Le fauteuil du président est confortable, sans plus. "Il n'est pas pour moi", plaisante le général qui refuse de s'y asseoir et invite un de ses hommes à le faire, en affirmant: "Nous sommes venus apporter la démocratie".

 

Partout, sur le sol, on marche sur des papiers, des dossiers, des meubles brisés. Tout ce qui a une grande valeur a été emporté mais il reste de nombreux cadeaux ou sculptures que les pilleurs ont jugé inintéressants.

 

Dans un deuxième édifice, où l'ancien président se reposait, on découvre de nombreux cadeaux qu'il recevait. Certains sont encore dans leur emballage mais, cette fois encore, tout ce qui semblait avoir de la valeur a été pris. Les petits coffrets sont vides.

 

Suivent les appartements privés, avec notamment la chambre à coucher. "Nous dormions avant en brousse mais je ne veux pas dormir dans ce lit. Je sais que Bozizé a couché dedans", relève le colonel Abdel Aziz.

 

Le général Arda Hakouma, lui, regrette de ne pas avoir "pu capturer Bozizé vivant" car "il a fui" vers Yaoundé.

 

S'attardant dans les lieux, il revient sur l'offensive qui a opposé la rébellion aux forces armées centrafricaines et aux soldats sud-africains, la semaine dernière: "C'est à Boali, à environ 70 km de Bangui que les affrontements ont été les plus difficiles contre les Sud-Africains: j'ai perdu six hommes, les Sud-Africains 35", soutient-il, alors que le bilan officiel annoncé par le président Jacob Zuma est de 13 Sud-Africains tués.

 

Arda Hakouma raconte que le chef d'état-major des rebelles, le général Issa Issaka, a été blessé à la jambe et qu'il a alors pris lui-même la tête des troupes pour un assaut final qui a duré "à peine deux heures", quand les "Sud Africains ne combattaient plus".

 

Est-il fier d'être celui qui a "pris" Bangui? "C'est le destin. C'est Dieu qui l'a voulu", assure-t-il, avant d'annoncer: "Prochainement, je vais organiser une grande cérémonie pour remercier tous mes hommes. C'est grâce à eux que nous avons renversé Bozizé".

 

 

 

 

AFP

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